• Rimbaud

    Le symbolisme est le troisième mouvement littéraire qui achève le dix-neuvième siècle. Avec des poètes comme Baudelaire et surtout Rimbaud, il annonce la modernité du vingtième siècle. Cet article vous offre quelques repères concernant cette période essentielle.



    1) Le symbole

    On peut définir le symbole comme étant la représentation concrète d’une idée abstraite (la balance, par exemple, symbolise la justice). Il établit donc un rapport entre le monde des choses et le monde des idées.

    En utilisant le symbole, les symbolistes marquent, d’une certaine façon, leur refus du réalisme (qui aime la description des choses) et du romantisme (attaché à défendre des idées dans une poésie parfois sociale). Chez les symbolistes, l’objet matériel qui symbolise la réalité abstraite est souvent suggéré (il n’est pas nommé). Lorsque l’objet est nommé (voir la dentelle ou le miroir chez Mallarmé), il est susceptible de recevoir plusieurs interprétations.


    2) Quelques repères généraux

    Ce courant est apparu en réaction contre le réalisme (le symbolisme estime, en effet que l’observation du réel n’offre pas de perspectives illimitées, car elle ne permet pas de développer l’imagination)
    Le symbolisme estime que :
    - la poésie réaliste est trop froide.
    - le roman réaliste et surtout naturaliste (réalisme poussé à l’extrême comme chez Zola) tourne au document ou au reportage.

    C’est surtout Baudelaire qui ouvre la voie au symbolisme (il établit des correspondances entre le monde des sensations et l’univers suprasensible. Sa poésie est musicale : elle n’est ni éloquente ni descriptive. La confidence se fait, chez lui, allusive, voilée.).

    Les thèmes abordés dans le symbolisme : l’imaginaire, le mystère, l’inconscient, le rêve, la découverte d’un autre monde derrière le monde sensible, etc. Le monde qui nous environne n’est en effet que le reflet d’un univers spirituel. Les écrivains symbolistes rêvent donc d’atteindre un vrai monde (un monde impalpable, inaccessible, intérieur) caché derrière le monde visible des choses et des êtres.

    Les symbolistes recourent au symbole, à la métaphore, à l’allusion (au lieu de NOMMER un objet, ils le suggèrent). Pensons à Mallarmé qui écrivait : « Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de discerner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve ».

    On peut observer une ressemblance entre les symbolistes et les peintres impressionnistes (Renoir, Degas, Monet) qui cherchent moins à reproduire le réel qu’à le transformer impressions de lumière et de couleurs.

    Les musiciens Gabriel Fauré et Debussy s’inspirent des symbolistes.


    3) Une distinction à établir

    Pour parler de la poésie symboliste du 19e siècle en France, il ne faut pas confondre les deux axes suivants :

    A) Un grand courant d’idées (environ 1850 à environ 1900) regroupant des écrivains qui ne portent pas l’étiquette de « symbolistes »

    B) Une école littéraire précédée par les décadents (environ 1880 à environ 1900)



    A) Le courant symboliste

    Rappelons que ce courant repose sur le sens du MYSTÈRE en nous et autour de nous.
    Les poètes appartenant à ce courant offrent une poésie non descriptive : pour atteindre l’âme des choses, au-delà des apparences, la poésie se sert du SYMBOLE (« symboliser est évoquer, non dire et narrer et peindre » affirmera René Ghil). Le symbole représente une idée abstraite, un état d’âme, par un objet ou un être concret : « Mon coeur est un beau lac solitaire qui tremble » (Albert Samain). Les poètes aiment créer des analogies entre l’idée abstraite et la réalité qui la représente. C’est une poésie liée à l’inconnaissable et à l’inconscient (le rêve y joue un rôle très important), une poésie qui sera suggestive et musicale.

    • NERVAL (qui développe les thèmes du surréel, du rêve, etc.)
    • BAUDELAIRE (qui développe des correspondances horizontales entre les sensations et des correspondances verticales entre le monde sensible et le monde abstrait)
    • LAUTRÉAMONT qui annonce le surréalisme
    • VERLAINE (dont la poésie est une musique suggestive qui fait appel au rêve, à la nostalgie, à la transposition des états d’âme en sensations, etc.)
    • RIMBAUD (qui accentue l’aspect surréel)
    • MALLARMÉ (qui nous guide sur la voie de l’hermétisme)
    • CHARLES CROS, TRISTAN CORBIÈRE


    B) Les décadents et les symbolistes (1880-1900)

    1) Les décadents : vers 1880 quelques poètes vont vouloir détruire la discipline parnassienne. Ils se pareront du titre de décadents (laisser-aller volontaire, vers et syntaxe désarticulés, mélange de jeux de mots, d’expressions familières et de refrains populaires, etc.).
    cf. HUYSMANS, JULES LAFORGUE

    2) Les symbolistes : le symbolisme détrône le décadisme.
    En 1886 JEAN MORÉAS écrit le Manifeste du symbolisme (puis rompt avec les symbolistes, car il souhaite revenir à une poésie plus classique).
    Les symbolistes se servent souvent du vers libre (pas de règles fixes : vers de plus de douze syllabes, assonances, rythme variable...). Parmi ces symbolistes, retenons le nom d’ALBERT SAMAIN.

  • Emilio Danero
    Nous ne pouvons échapper aux arguments qui nous envahissent dans la vie de tous les jours. Les bons arguments sont la force de ceux et celles qui cherchent à convaincre ou à persuader leurs interlocuteurs même si ce qu’ils affirment est totalement faux ! Encore faut-il être capable de connaître ces arguments et de les utiliser à bon escient. Il convient également de les reconnaître en sachant que certains d’entre eux ne cherchent qu’à nous manipuler d’une manière peu convaincante.
    Je vous propose donc, après une courte introduction à l’argumentation, de découvrir quelques arguments fort utilisés dans des situations diverses. La liste de ces arguments n’est bien sûr pas exhaustive, mais elle offre déjà un aperçu relativement étendu de la question.


    1) But de l’étude de l’argumentation

    • Un argument est un élément d’information qui pemet de persuader un interlocuteur de la justesse de la thèse que je défends. Argumenter, c’est essayer, au moyen du langage, d’influencer son interlocuteur en donnant des raisons (ou une raison). Certains arguments sont plus solides que d’autres. Il faut également savoir que l’utilisation d’un argument n’atteste pas nécessairement la vérité de l’idée défendue !

    • L’argumentation est présente partout. En effet nous pouvons la découvrir à travers la conversation courante, les affiches publicitaires, les textes de la presse, les discours électoraux, etc.

    • Étudier l’argumentation nous permet de lire, d’une manière critique, les textes argumentatifs et de découvrir l’écriture argumentative.

    • Nous vivons aujourd'hui dans une « culture en mosaïque » pour employer les termes du sociologue Abraham MOLES. Cette situation ne facilite pas toujours les choses. Comment, en effet, bien vivre dans une culture et un monde très complexes ?

    D’une manière concrète, l’ expression « culture en mosaïque » peut revêtir trois caractéristiques différentes :

    - En premier lieu, notre culture offre des informations nombreuses. Tellement nombreuses que les encyclopédies actuelles, pour ne prendre qu’un exemple, sont obligées d’évoluer rapidement et constamment.
    - En outre les informations sont contradictoires. Tel politicien affirme qu’il convient de résoudre un problème déterminé d’une façon bien particulière. Tel autre politicien affirme que le problème en question doit être résolu d’une tout autre manière !
    - Enfin ces informations sont changeantes. Par exemple, il y a quelques années, on estimait que le tabac était une réalité sociale quasi inévitable. Aujourd’hui l’on se rend compte des dégâts que le tabac peut causer.

    • Nous pouvons déceler deux attitudes néfastes :
    - la première attitude néfaste consiste à accepter tout ce qui est dit de nouveau. Pensons, par exemple, à ces jeunes qui, manipulés par la société de consommation, se précipitent continuellement sur le dernier portable à la mode qui leur est présenté !
    - la seconde attitude consiste à être imperméable à toute information nouvelle (on décide dans ce cas de camper sur ses propres positions). Par exemple, certaines personnes refusent de s’intéresser à certains groupes rock actuels, car elles sont plongées dans leur passé et persuadées que la qualité ne peut être associée qu’à ce passé !

    La position correcte consiste à la fois à échapper aux phénomènes de la mode et à ne pas se river aux idées acquises. Une capacité d’échanger et de changer est donc nécessaire et ce sans pour autant devenir une girouette au gré des vents. Cela réclame l’aptitude à lire et à écrire des textes argumentatifs. Il faut donc apprendre la distance critique par rapport à ce qu’on entend pour ne pas se laisser se manipuler.


    2) Les deux pôles de l’argumentation

    a) Le pôle démonstratif
    La démonstration est l’art de convaincre par la rigueur du raisonnement à partir de faits vérifiables.

    b) Le pôle persuasif
    La persuasion est l’art de convaincre par la séduction à partir des besoins, des désirs et des opinions (on ne démontre rien).

    Remarques :
    • Certains chercheurs font la distinction louable entre les verbes CONVAINCRE (argumentation qui fait appel à la raison, aux facultés d’analyse et de raisonnement de l’interlocuteur) et PERSUADER (argumentation qui agit sur la sensibilité de l’interlocuteur).
    • Il faut savoir que l’on peut rester persuadé d’une idée alors qu’un interlocuteur démontre la fausseté de cette idée.
    • En outre, on peut admettre une démonstration sans pour autant être convaincu, persuadé de la véracité de l’idée défendue.
    • Le discours
    - scientifique, philosophique, juridique... est plutôt démonstratif.
    - publicitaire, amoureux, politique, électoral, amoureux... est plutôt persuasif.


    1) Les procédés argumentatifs

    a) Les arguments logiques (pôle démonstratif)

    • L’induction

    Argument qui consiste à partir d’un fait particulier (ou de plusieurs faits particuliers) afin d’en tirer une règle générale.

    Exemple :

    La criminalité est toujours bien présente dans les pays qui maintiennent la peine de mort. La peine de mort ne peut donc être considérée comme un facteur dissuasif pour les criminels.


    • La déduction

    Argument qui tire un fait particulier à partir d’une idée générale (on progresse du général vers le particulier).
    Le syllogisme est le type même du raisonnement déductif : de deux propositions générales appelées prémisses (la majeure et la mineure) est tirée une conclusion particulière.

    Exemple :

    Le gouvernement a décidé de sanctionner le milieu médical.
    Ainsi plusieurs médecins, qui auraient pratiqué l’euthanasie dans quelques hopitaux la semaine passée, seront bientôt convoqués.



    • Le raisonnement causal

    Argument qui mentionne la cause d’un fait précis pouvant être notamment repéré à travers les indicateurs de la relation causale comme « parce que », « c’est pourquoi », « car », etc.

    Exemples :

    1) Il boit parce qu’il échoue dans la vie conjugale.

    2) Quand des jeunes portent des vêtements à la mode, on peut être certain qu’ils ont été influencés par les médias.



    • L’argument par la conséquence

    Argument qui montre la réalité ou la vérité d’une idée ou d’une valeur au moyen de ses conséquences ou des conclusions qu’on peut en tirer.

    Exemple :

    Un usage abusif d’Internet peut créer une très forte dépendance qui nous coupera tous les liens avec le monde extérieur.


    • Le raisonnement dialectique

    Argument qui consiste à partir de deux propositions contraires. À partir de cette contradiction on produit une troisième proposition qui apporte quelque chose de neuf.

    Exemple :

    Tu affirmes que le temps est destructeur dans la mesure où il rend notre vie éphémère, où il ne nous fera pas revivre notre passé...

    Néanmoins tu t’empresses d’ajouter que le temps peut être considéré comme notre allié, car il nous permet de nous souvenir, de progresser...

    Je me permets de te signaler qu’il est possible de voir les choses autrement ! Il est en effet indispensable de pouvoir oublier certains aspects de l’existence afin de mieux supporter la vie et/ou d’agir. En outre il est heureux que, grâce au temps, l’homme ne vive pas les mêmes événements et puisse ne pas toujours recommencer les mêmes choses.



    b) Les arguments quasi-logiques (pôle à la fois démonstratif et persuasif)

    • La définition

    Argument qui consiste à passer d’un terme à son explication détaillée. Il faut noter que la définition est une forme de manipulation, car elle fait toujours un tri personnel entre des réalités différentes.

    Exemple :

    Être heureux, c’est gagner beaucoup d’argent !

    Il est facile de critiquer cet argument ! Fort heureusement de nombreuses personnes peuvent prouver que le bonheur n’est pas lié à des valeurs exclusivement matérielles.


    • La narration

    Argument qui utilise le récit à l’intérieur de l’argument. Cet argument nous fait songer aux fables de La Fontaine : la fable, servant à illustrer une morale, relève de ce type d’argument.

    Exemple :

    Je n’oublierai jamais ce jour lointain de mon adolescence. J’avais environ quinze ans et j’accompagnais, en voiture, mes parents pour un voyage vers la France. À un moment donné je vis des corps déchiquetés sur la route. Un terrible accident de voiture venait de se produire. J’appris plus tard qu’une famille bien imprudente avait traversé la route pour acheter quelques produits dans une échope. Elle avait été fauchée par un conducteur qui roulait à une vitesse incroyable !
    Aujourd’hui encore des accidents aussi graves se produisent. On peut donc comprendre l’acharnement du gouvernement qui ne sera jamais assez insistant afin de rappeler la nécessité de rouler à une vitesse raisonnable.



    • La comparaison

    Argument qui cherche à établir des relations entre des faits appartenant au même univers de discours dans un espace et / ou un temps différent.

    Exemple :

    Jadis les écoles avaient un taux de redoublement très élevé. Aujourd’hui ce taux est bien plus faible : c’est une bonne chose, car le fait de redoubler ne résout pas les problèmes.

    Cet argument par la comparaison peut être contesté. Il faut en effet savoir que c’est avant tout le gouvernement, relayant l’avis très à la mode de certains pédagoques, qui critique le redoublement pour des raisons souvent économiques (ces dernières n’étant bien sûr pas affichées !). En outre tous les redoublements ne sont pas nécessairement négatifs. Dans certains cas le redoublement peut constituer un moyen permettant à l’élève de repartir sur de nouvelles bases.


    • L’analogie

    Cet argument cherche à établir des relations entre des faits qui n’appartiennent pas au même univers de discours. L’analogie offre un raisonnement à quatre termes (A, B, C, D). On doit en outre observer une similitude de rapports entre A et B et entre B et C ( A est à B comme C est à D).

    Exemple :

    On ne peut nier l’influence positive du multimédia dans l’enseignement, mais il ne faut pas croire que le multimédia peut se substituer à l’enseignant. En effet une classe sans professeur est comme un un navire sans commandant ! La classe comme le navire auront toujours besoin d’un guide pour mener les gens à bon port !


    • La règle de réciprocité

    Argument qui posant une relation entre A et B postule une relation symétrique entre B et A. Tout ce qui peut se dire de A peut se dire aussi de B et réciproquement.

    Exemples :

    • Si vendre ces produits n’ est pas honteux pour vous, les acheter ne l’ est pas non plus pour nous.
    • Je vous ai écouté. Écoutez-moi !
    • Les peuples asiatiques peuvent paraître étranges à nos yeux, mais nous pouvons paraître étranges aux yeux des peuples asiatiques.



    La règle de justice ( argument « a pari »)

    • Ce qui est identique, relève de la même catégorie de faits doit être traité de la même façon (cet argument refuse donc la partialité).

    Exemple :

    Si ton frère a reçu de l’argent de poche, ta soeur doit aussi en recevoir.


    • La règle du précédent

    Ce qui a été fait une fois, il faut le continuer (règle du précédent).

    Exemple :

    Un spectacle fut monté l’année passée. Un nouveau spectacle doit donc être créé cette année.


    • L’inclusion

    Cet argument stipule que ce qui vaut pour le tout vaut pour chacune des parties.

    Exemple :

    Vous savez que le pays ne peut vivre sans augmenter les recettes fiscales. Vous comprendrez donc que chacun doit accepter cette augmentation.


    • La partition

    Argument qui consiste à diviser un tout en différentes parties et à argumenter sur chacune des parties.

    Exemple :

    Cette nouvelle voiture offre un confort exceptionnel, un moteur diesel très silencieux et une sécurité inégalée grâce au nouveau système des freins.


    • La probabilité

    Argument qui projette vers le futur un événement posé comme probable.

    Exemple :

    Il va l’emporter, car les sondages lui sont de plus en plus favorables.


    • L’absurde

    Argument qui révèle les conséquences absurdes d’une proposition pour la réfuter.

    Exemple :

    Ne me répète plus que le silence est d’or ! Si je t’avais écouté, j’aurais dû me taire alors que mon fils s’apprêtait à manger ce soir-là un champignon nocif !



    • Le paradoxe

    Argument qui remet en question des valeurs bien établies, prend le contrepied des opinions communément admises (les valeurs sont inversées).

    Exemple :

    Le café, ce breuvage qui fait dormir quand on n'en prend pas (Alphonse Allais).


    • L’argument par la notion (appelé aussi argument a priori) :

    La simple analyse d’une notion, d’une réalité, d’un mot ou d’une idée fournit déjà une preuve que l’on appelle preuve a priori.

    Exemple :

    Le langage ne permet pas toujours de bien traduire la réalité. Pensons au mot « pédophile » dont l’étymologie est loin de recouvrir la réalité ! Un « ami des enfants » ? Allons donc !


    • L’argument par l’exemple

    Argument qui table sur un fait particulier du même domaine. On prouve que l’idée défendue est correcte grâce à l’exemple.

    Exemple :

    Il convient de limiter l’usage de la télévision qui abêtit de plus en plus les jeunes. Il suffit, par exemple, de voir le nombre grandissant d’émissions qui relèvent d’une sous-culture !


    • L’argument a minori

    Argument qui consiste à conclure du plus au moins, du supérieur à l’inférieur.

    Exemple :

    Comme il a étudié la faune à l’université il pourra bien identifier l’animal qui a détruit sa récolte.


    • L’argument a fortiori

    Argument qui consiste à conclure du moins au plus, de l’inférieur au supérieur.

    Exemple :

    • Il gère très bien sa vie familiale sur le plan économique. Il sera donc bien capable de gérer cette nouvelle société sur le plan financier.
    • Tu es incapable de mémoriser une vingtaine de pages de ton cours. Tu ne pourras donc jamais mémoriser de volumineux cours universitaires.



    • L’argument par le silence

    Argument qui consiste à :
    - ne rien dire d’un fait que l’on sait exister
    - mentionner le fait que l’on ne dit rien
    - dire que ce que l’on dit ne vaut pas la peine d’être dit

    Il est à remarquer que le sous-entendu peut constituer un argument par le silence.

    Exemples :

    • Il est inutile de rappeler les atrocités commises par les nazis.
    • Un journaliste : Qu’avez-vous à dire des accusations portées contre vous ?
    Réponse : « Je n’ai aucune déclaration à faire. »
    • Il est inutile de décrire les bienfaits que le sport nous procure. Il suffit d’en faire !



    • L’argument a contrario

    Argument qui part de l’idée que des éléments opposés doivent être traités d’une manière opposée.

    Exemple :

    J’estime que les citoyens ayant un salaire modeste doivent être peu taxés, car ils ne peuvent vivre que modestement. Les citoyens aisés doivent être, quant à eux, taxés davantage, car ils peuvent vivre dans un certain luxe.



    c) Arguments rhétoriques (pôle persuasif)

    • La valeur

    Argument qui consiste à asséner des vérités plus qu’ à démontrer. Cet argument se réfère aux grandes valeurs, aux repères moraux qui semblent partagés par tous, du moins dans une société donnée. Ces valeurs peuvent être abstraites (le beau, le bon, la liberté, l'égalité... ou plus concrètes ( l'Eglise, la patrie...).

    Exemples :

    • Liberté ! Égalité ! Fraternité !
    • Moins dix ans (publicité Roc)



    • La norme (ou l’évidence ou le bon sens)

    Argument qui consiste à poser les choses comme étant évidentes.

    Argument que l’on reconnaît aux expressions suivantes :

    • Il va de soi que
    • Il faut que
    • Il est évident que



    • La pétition

    Argument qui consiste à tenir pour certain ce qu'il s'agit précisément de démontrer. C'est affirmer dans une des prémisses ce qui est supposé être prouvé dans la conclusion.

    Exemple :

    A dit : « Il fait les meilleurs spaghettis parce que tout le monde en mange. »
    B dit : « Et pourquoi tout le monde en mange ? »
    A répond : « Parce qu'ils sont les meilleurs ! »



    • L’hypothèse

    Argument qui énonce les conséquences d’un fait possible pour changer l’opinion.

    Exemple :

    Si vous ne me faites pas une remise, je solliciterai votre concurrent.


    • L’alternative

    Argument qui consiste à ne présenter que deux solutions possibles à un problème et à amener la personne à choisir une des solutions.

    Exemple :

    • Ou bien tu décides de continuer à fumer en sachant que tu te détruis. Ou bien tu décides d’arrêter totalement de fumer en sachant que tu prolonges ainsi ta durée de vie.
    Choisir de fumer un peu n’est donc pas une solution, car les chances de réussite sont quasiment nulles !
    • « C’est moi ou le chaos » (de Gaulle)



    • La question

    Argument comprenant une question impliquant la réponse.

    Exemple :

    Ne serais-tu pas content de recevoir une crème glacée ?


    • L’autorité

    Argument qui recourt à une autorité défendant le point de vue que l’on soutient (ces autorités sont des des personnes reconnues comme expertes dans un domaine déterminé, des extraits d’oeuvres ou d’articles, des statistiques, des proverbes et citations, etc.).

    Exemples :

    • Il ne faut pas croire que les gens sont indifférents à l’esprit d’unité. Le roi lui-même, dans son dernier discours, insiste sur l’idée d’unité qui lui semble essentielle à la survie du pays.
    • Les plus grands spécialistes du monde médical mettent en avant les bienfaits du sport.



    • L’argument ad hominem

    Argument qui contrecarre une argumentation en discréditant la personne qui la soutient (on met, par exemple, en doute ses capacités). On discrédite donc la personne qui défend des arguments plutôt que les arguments eux-mêmes.

    Exemple :

    La semaine passée tu as dit exactement le contraire de ce que tu affirmes aujourd’hui ! Alors permets-nous, aujourd’hui, de ne pas t’ accorder du crédit !


    • L’argument ad personam

    Argument qui consiste à attaquer personnellement l’adversaire (souvent en l’insultant).

    Exemple:

    Tu affirmes que Dieu existe. Tu es un fameux crétin !


    • L’argument ad ignorantiam

    Argument qui s’appuie sur le fait qu’une thèse n’est pas pertinente étant donné l’absence de preuves.

    Exemple :

    Dieu n’existe pas, car tu ne peux pas prouver que Dieu existe !


    • L’argument par la force

    Argument qui met la pression sur l’interlocuteur en ne lui laissant aucun choix.

    Exemple :

    • Ton argent ou je te tue !
    • Si vos performances ne s’améliorent pas, nous serons obligés de vous licencier.



    • L’argument indirect

    Argument qui consiste à dire quelque chose sans encourir la responsabilité de l’avoir dit (ce qui est important c’est ce qu’on sous-entend ou présuppose mais que l’on ne dit jamais directement).

    Exemple d’argument raciste :

    « Il est urgent de lutter contre l’invasion des étrangers dans notre pays »

    Cette phrase sous-entend que les étrangers sont nuisibles !


    • L’argument poétique

    Argument dont la construction elle-même est persuasive (on est charmé par un langage original qui fait appel à des ressources poétiques ; on a l’impression que l’idée défendue est vraie, car elle est exprimée à travers un « beau » langage !).

    Exemple :

    Jex four, c'est jextraordinaire !

                                                                 
                                                                                       Illustration : Emilio Danero





  • Emilio DaneroLa ponctuation

    Vous trouverez dans cet article les règles essentielles sur le plan de la ponctuation. Il est le résultat d’une longue recherche et de mon expérience personnelle. Je remercie mon ami André Laugier, poète et illusionniste, d’avoir été l’ inspirateur de ce sujet dont on parle parfois d’une manière fort incomplète. Même si cet article n’a pas la prétention d’être exhaustif, il me semblait qu’une synthèse assez complète était indispensable afin de mieux cerner les emplois et les significations de ces signes de ponctuation qui émaillent nos textes avec plus ou moins de bonheur !

    Site d’André Laugier que je vous recommande particulièrement : Échos poétiques


    La ponctuation est le sel de la phrase (Cyril Bachelier).

    Ponctuez, adeptes de l'écriture et défenseurs de la modulation et des cadences du langage. La ponctuation est le signe important et indispensable pour transcrire les diverses intonations ou encore pour indiquer des coordinations ou des subordinations différentes entre les propositions.

    Pour commencer cette étude, il est bon, je pense, de rappeler, quelques règles essentielles de disposition concernant les « espaces » AVANT ou APRÈS les signes de ponctuation.

    PAS D'ESPACE avant la virgule - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le point - ESPACE
    ESPACE* avant le point virgule - ESPACE
    ESPACE* avant le point d'exclamation - ESPACE
    ESPACE* avant le point d'interrogation - ESPACE
    ESPACE avant les deux-points - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le trait d'union - PAS D'ESPACE
    ESPACE avant la parenthèse ouvrante - PAS D'ESPACE
    PAS D'ESPACE avant la parenthèse fermante - ESPACE
    ESPACE avant le crochet ouvrant - PAS D'ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le crochet fermant - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant l'apostrophe - PAS D'ESPACE
    ESPACE avant le tiret - ESPACE
    ESPACE avant le guillemet ouvrant - ESPACE*
    ESPACE* avant le guillemet fermant - ESPACE.




    Remarque :

    ESPACE* équivaut à « espace fine » dans l'imprimerie traditionnelle, à « espace standard » en dactylographie et à « espace insécable » dans l'écriture numérique.
    Lorsque vous travaillez dans votre traitement de texte, il vaut donc mieux utiliser l’espace insécable, devant les signes de ponctuation qui requièrent l’espace, afin d’éviter que le signe soit rejeté seul en début de ligne.

    Ces considérations étant prises en compte, voici, traitées par ordre alphabétique, les différentes règles à adopter.



    ASTÉRISQUE

    • Ce signe est représenté par une étoile (*). Il indique généralement un renvoi au bas de page.

    • Mais ce signe permet également de « masquer » un personnage. On utilise un ou trois astérisques pour remplacer le nom propre que l’on ne veut pas citer ou dont on ne veut indiquer que l’initiale.

    Exemple :

    J'ai aperçu, derrière un arbre de ton jardin, le vélo de Mme A ***.


    • Dans certains dictionnaires, les mots, dont le h est aspiré, figurent précédés de l'astérisque.


    CROCHETS

    • Les crochets servent au même usage que les parenthèses, mais ils sont moins usités.

    • On utilise les crochets si, à l’intérieur d’une parenthèse, on a besoin d’ouvrir une nouvelle parenthèse.

    Exemple :

    (Mallarmé [1842-1898] a créé une poésie parfois hermétique.)


    • Les crochets encadrent aussi les éléments extérieurs à la phrase d’un auteur. Ces crochets sont donc ajoutés par un commentateur qui veut rendre le texte accessible aux lecteurs en apportant, par exemple, un complément d’information.

    Exemple :

    Imaginons la phrase suivante d’un critique : François-Marie Arouet était un apôtre de la tolérance.
    Vous pourrez alors écrire :  Un critique a dit : « François-Marie Arouet [plus connu sous le nom de Voltaire] était un apôtre de la tolérance. » 


    • On entoure de crochets les points d'omission servant à indiquer que l’on a choisi de ne pas reproduire un ou plusieurs mots d'un passage cité. Il s'agit donc d'une intervention de la part de l'éditeur du texte (une manière également de les distinguer des points de suspension) :   On peut facilement imaginer que j'avais écrit ce roman [...] pour provoquer la bourgeoisie. 

    • Si, en citant un auteur, l’on désire souligner une faute d’orthographe ou de syntaxe commise par ce même auteur, on doit placer entre crochets et en italique le mot latin sic pour bien montrer au lecteur que la coquille en question est bien commise par l’auteur et non par vous-même.

    Exemple :

     Notre directeur a demandé que nous allions tous « à la manifestation [de dimanche] pour défandre [sic] nos droits [...] et nos exigences pédagogiques.


    DEUX-POINTS

    a) Emplois des deux points

    • Le deux-points a de nombreuses fonctions : il peut introduire une citation, une explication, une réflexion de l'auteur, une cause, une conséquence, etc.

    Exemple pour l’explication ou la cause :

    Il se retourna promptement : la lumière du soleil était trop forte.


    • Il est parfois suivi de guillemets ouvrants. Dans ce cas, il marque le début d'un discours direct.

    Exemple :

    Il dit : « Je partirai bientôt. »


    • Le deux-points peut exprimer l’idée d’une conjonction ; il remplace des formules telles que « Pour préciser, nous dirions, disons, etc. »

    Exemple :

    Un film : un grand film.


    • On remarque que le deux-points permet parfois la formulation d’une « relation ». Dans ce cas, il sera inutile d’utiliser des liens tels que par conséquent, donc, disons, etc.


    b) Deux-points et énumération

    • Les deux-points peuvent aussi annoncer une énumération. Cette « énumération » peut être disposée en colonne ou en ligne.

    • Lors d’une disposition en colonne, en règle générale, chaque élément de l'énumération doit être séparé par un point-virgule, le dernier se terminant par un point. À noter que, malgré les retours à la ligne, les initiales ne sont pas en majuscules.
    Les énumérations de premier rang sont introduites par un tiret et se terminent par un point-virgule sauf pour la dernière qui se termine par un point.
    Les énumérations de second rang sont introduites par un tiret décalé (après un nouveau deux-points) et se terminent par une virgule.

    Exemple :

    Avant de partir Paul prépare son matériel :
    — une carte géographique ;
    — un canif ;
    — un dossier comprenant :
        — une carte de mutuelle,
        — un badge personnel,
        — un ticket de transport,
    — une boussole ;
    — des cordes.



    c) Autres observations

    • Des guillemets ouvrants peuvent précéder les deux-points. Ceux-ci indiquent alors le début d'un discours direct qui commence par une majuscule.

    Exemples :

    -
    Il lui a dit : « Je t’aime ! »
    - Il dit : « Nous devrions aller le chercher. »


    • Un tiret, précédé des deux-points, annonce également le « style direct » (dans ce cas, la majuscule est obligatoire).

    Exemple :

    L'homme se mit soudainement à rire et dit :
    — Croyez-vous que je ne sois venu parmi vous que pour cela ?



    • Après un simple deux-points (sans autre signe) il ne faut pas de majuscule sauf si la partie après les deux-points demande elle-même la « majuscule » (nom propre, maxime, nom d'institution, etc.)

    Exemples :

    - Voici la devise belge : L’union fait la force.
    - Ce livre est magnifique : vous devriez le lire.


    • Il ne faut surtout pas placer un deux-points dans un groupe qui est introduit lui-même par un deux-points, sauf s'il s'agit d'une « citation » (guillemets) qui comprend, elle aussi, deux-points.


    GUILLEMETS

    a) Emplois des guillemets

    • Les guillemets permettent d’insérer des paroles d’autrui (paroles en discours direct ou citation).

    • On les utilise parfois pour signaler le début et la fin d’un dialogue en colonnes. À noter que cette pratique est de plus en plus abandonnée.

    • Les guillemets peuvent isoler un mot ou une expression sur laquelle le scripteur veut insister pour des raisons diverses (ironie, distance critique, utilisation d’une expression personnelle, etc.).

    Exemple :

    Il a lu hier trois romans. Après cet « exploit exceptionnel », il a décidé de ne plus lire pendant un mois.


    • On utilise les guillemets pour encadrer les titres d’une partie d’oeuvre (un poème, une nouvelle...). Il est à noter que les titres d’oeuvre entière s’écrivent en italiques (avec une majuscule au premier mot), mais à défaut d’italique on peut utiliser les guillemets français.

    Exemple :

    « Parfum exotique » est un poème de Baudelaire, extrait de son recueil Les fleurs du mal.


    b) Autres observations

    • Si le passage guillemeté, considéré isolément, demande après lui un signe de ponctuation, celui-ci se place avant les derniers guillemets.

    Exemple :

    Il demanda : « Que faites-vous ici ? » Je répondis : « J’attends avec impatience son départ. »


    • Autrement, la ponctuation se place après les derniers guillemets.

    Exemple :

    Il se donna du mal pour éduquer « ses très chers enfants ».


    • Il faut distinguer la ponctuation appartenant au texte général de celle qui appartient au texte placé entre guillemets :

    Exemple :

    Pourquoi avez-vous crié « Allons-y ! » ?


    • Les guillemets s'utilisent surtout dans les citations. On ouvre les « guillemets » avant le premier mot de la citation. On les referme après le dernier mot.

    • Si la citation est incluse dans une phrase, les « guillemets » interviennent sans autre ponctuation et n'encadrent que les mots cités. La ponctuation de la phrase globale conserve ses droits.

    Exemple : Il passe pour un « gros fumeur », d’après ce que dit son entourage.


    • Si la citation n'est pas incorporée dans la phrase, les deux-points doivent précéder les guillemets et la majuscule du premier mot ne doit pas être oubliée.

    Exemple :

    Son ami lui annonça : « Souviens-toi, demain je me marie. »


    • Ne pas oublier que la ponctuation se place AVANT les guillemets fermants si la citation clôt la phrase.

    • Si une citation doit contenir une autre citation, il est possible d'utiliser les guillemets français en même temps que les guillemets anglais.

    Exemple :

    « Le professeur m’a dit : “Donnez-moi votre livre !” Je le lui ai donné. »


    • Il est préférable d’utiliser les guillemets français (« ») plutôt que les guillemets anglais (“ ”), sauf dans les cas où un texte est entre guillemets à l'intérieur d'une citation déjà entre guillemets (voir plus haut). N'utilisez pas les guillemets standard (" ").


    PARENTHÈSES

    a) Emplois des parenthèses

    • Les parenthèses nous permettent d’intégrer dans un texte une explication, une réflexion, un commentaire, une analyse, une précision, une information, etc.

    Exemple :

    Malgré son très jeune âge, il avait dit la vérité (la vérité sort souvent de la bouche des enfants !).

    • Des mots assez précis comme « bis, ter, sic, etc. » peuvent être isolés grâce aux parenthèses. Si le genre et le nombre de certains mots peuvent varier, les parenthèses permettent de le signaler : Le (ou les) professeur(s).

    • Les parenthèses s’utilisent également pour les appels de note : elles encadrent, dans ce cas, des chiffres arabes.


    b) Autres observations

    • Si, à l’endroit où se place la parenthèse, la phrase demande un signe de ponctuation, ce signe se met après que l’on ait fermé la parenthèse.

    Exemple :

    Le roman nouveau compte de nombreux représentants (on remarquera néanmoins que les représentants du roman traditionnel sont bien plus nombreux).


    • Un membre de phrase entre parenthèses ne doit pas être précédé de la virgule, du point-virgule ou du deux-points.

    Exemple :

    On n'écrira pas :

    Mon neveu, (un jeune entreprenant) n’a pas hésité à lui faire la cour.

    mais :

    Mon neveu (un jeune entreprenant), n’a pas hésité à lui faire la cour.

    • Si le texte mis entre parenthèses commence par une majuscule, la ponctuation finale de ce texte sera placée AVANT la parenthèse fermante.

    Exemple (une variante possible d’un des exemples précédents) :

    Le roman nouveau compte de nombreux représentants. (On remarquera néanmoins que les représentants du roman traditionnel sont bien plus nombreux.)


    • Il est possible d’inclure le point d'exclamation, le point abréviatif, les points de suspension dans la parenthèse ( ceci n’exclut pas la ponctuation en dehors de la parenthèse).

    Exemple :

    Vous devrez certainement emporter plusieurs livres (dictionnaire, roman au choix, recueil de poèmes, etc.).


    POINT

    a) Point final

    • Le point final, comme son nom l'indique, sert à marquer la fin d'une phrase. Il indique une pause de respiration assez longue. Je le conseille souvent à la place de la virgule (celle-ci est utilisée parfois d’une manière excessive) ! Il suffira d’ajouter un mot-lien entre les deux phrases séparées par un point afin d’assurer un rapport logique entre elles.

    • Notons que certains écrivains contemporains emploient parfois le point (au lieu de la virgule) pour insister davantage sur certains groupes syntaxiques.

    Exemple :

    Ils quittèrent la ville. Sans désespoir. Sans espoir. Parce qu’ils n’avaient finalement pas d’autres choix.


    • On achève toujours la phrase sur un point (point, point d'interrogation, d'exclamation, etc.). Une majuscule commence toujours une phrase après un point simple.

    • Après le titre d'une oeuvre, le titre d'un chapitre, le nom de l'auteur, on ne met habituellement PAS de point.

    • Si une date est écrite en chiffres, le point sert aussi à séparer les éléments de la date en question : (Le 25.02.2005).
    Si la date est entre parenthèses ou si elle se trouve dans la continuité de la phrase, l'année ne sera pas suivie d'un point.


    b) Point abréviatif

    • Le point abréviatif marque la coupure d'une abréviation. Il ne s'utilise que si cette abréviation ne se termine pas sur la dernière lettre du mot.

    Exemples :

    C’est-à-dire = c.-à-d.
    Monsieur = M.
    Et cetera = etc.
    Confer = cf.
    Avant Jésus-Christ = av. J.-C.
    Exemple = ex.


    mais

    Établissements = Éts
    Saint = St
    boulevard = bd
    Monseigneur = Mgr
    Confer = cfr (autre abréviation pour
    confer)
    manuscrits = mss


    Là, il ne faut pas de point.

    • Le sigle est une abréviation constituée de la première lettre de plusieurs mots. Cette lettre est normalement suivie d’un point même si, de nos jours, on a tendance à omettre les points abréviatifs.

    • À la fin de la phrase, le point abréviatif doit se confondre avec le point final et les points de suspension.

    Exemples :

    - Il s’est rendu à la S.N.C.F.
    - Il déteste la prison, la P.J...

    (trois points seulement dans ce dernier exemple)


    • Les autres « ponctuations » comme le point d'exclamation et les deux-points doivent accompagner le point abréviatif.

    Exemples :

    - Quel beau Q.G. !
    - Je possède une petite maison à Paris et un appartement dans un H.L.M. : ce sont mes seuls biens.



    • Après des guillemets, la ponctuation normale de la phrase doit être utilisée.

    Exemple :

    Il a dit que c’était « une très solide P.M.E. ».


    • Les symboles scientifiques et les unités de mesure ne sont pas suivies d’un point : m pour mètre, mm pour millimètre, min pour minute, l pour litre, Cu pour cuivre...


    POINTS DE SUSPENSION

    • Les points de suspension marquent un arrêt de la phrase. Cet arrêt indique une interruption de la phrase qui se poursuivra ou non. Cet arrêt peut même avoir lieu au milieu d’un mot.

    Exemple (pour le mot monstre) :

    J’ai vraiment aperçu un mons...

    • Cette interruption peut avoir de nombreuses significations, car elle peut exprimer l'hésitation, l'indécision, le souhait de respecter les convenances, le désir de discrétion (refus de donner trop d’informations autobiographiques), la réticence, un sous-entendu, une énumération inachevée, le mutisme d’un personnage dans un dialogue, etc.

    Exemples :

    - « Quel bande de c... ! » cria-t-il avec virulence.
    - Je commençai à travailler chez X...

    • Les points de suspension servent souvent à souligner, en fin de texte, un inachèvement qui sollicite l'imagination du lecteur.

    Exemple :

    Tu découvriras des étangs brumeux, des cieux d’enfer, des forêts obscures...


    • Les points de suspension vont toujours par « trois ». Ils se confondent avec le point final, mais ils restent trois derrière un point d’exclamation ou un point d’interrogation.

    • Les points de suspension peuvent accompagner la virgule.

    Exemple :

    Il n’entend rien..., il ne parle pas...


    • Ils peuvent également se marier avec le point-virgule, le point d'exclamation ou d'interrogation.

    Exemple :

    Il faut espérer qu'il en tira avantage, sinon ? ...


    • Les points de suspension précèdent ou non ces différents signes de ponctuation. Tout dépend du sens de la phrase.

    Exemple :

    Que désirez-vous ? Du pain, des friandises, du fromage... ?
    On imagine dans cet exemple que la suspension doit se prolonger.


    • Il ne faut jamais placer des points de suspension après : etc.

    • Des points de suspension entre crochets sont placés à l’endroit où se situe la partie du texte ôté.

    • Les points de suspension demandent après eux la majuscule s'ils se confondent avec une ponctuation de fin de phrase.


    POINT D’EXCLAMATION

    a) Emplois du point d’exclamation

    • Le point d'exclamation exprime, comme chacun le sait, des sentiments tels que la joie, mais aussi la surprise, la crainte, la douleur, la colère, etc. Il a une valeur émotionnelle que ne possèdent pas les autres signes de ponctuation. Son emploi est pourtant souvent facultatif.

    • Le point d’exclamation est obligatoire derrière les verbes à l’impératif, les interjections et les apostrophes.

    Exemples :

    - N’oublie pas de prendre ton livre !
    - Paul ! Viens me voir !



    • Le point d’exclamation suit obligatoirement toutes les interjections simples.

    Exemples :

    - Ah !
    Pour marquer l’étonnement ou la satisfaction.
    - Ha !
    Une marque du rire.
    - Oh !
    Une indication de l’étonnement ou de l’indignation.
    - Ho !
    Pour attirer l’attention, pour appeler.
    - Eh !
    Pour marquer la surprise ou l’étonnement.
    - He !
    Pour interpeller.

    • Le point d’exclamation ne sépare pas les termes des locutions interjectives.

    Exemples :

    - Non mais !
    - Eh bien !
    - Ça alors !
    - Hélas oui !


    • Le point d’exclamation peut suggérer le rire (il se place alors à la fin).

    Exemples :

    - Ha ha ha !
    Éventuellement on peut écrire : Ha ! Ha ! Ha !
    - Ho ho ho !
    - Hi hi hi !

    b) Autres observations


    • Lorsqu’une interjection ou une locution interjective figure à l’intérieur d’une phrase, il est courant de la placer entre virgules même si le point d’exclamation est correct.

    Exemple :

    Quant à cet élève, eh bien, il n’a malheureusement pas réussi.

    • Généralement, on ne met pas de « majuscule » lorsque la phrase globale n’est pas interrompue.

    Exemples :

    - Ah ! si vous saviez !
    - Il y a assez à manger ici ! Reprenez votre pain !


    • Par contre, après le mot « Ô » on ne place ni point d'exclamation ni majuscule (le point d'exclamation se place soit après le mot en « apostrophe » (« Ô femme ! sois mon inspiratrice... »), soit à la fin de la phrase : « Ô l'inconscient d'avoir pris une telle décision ! »

    • Si une phrase comprend une suite d'exclamations, il est possible que l’exclamation puisse avoir la valeur d'une virgule expressive (l’exclamation est alors suivie d'une minuscule) ou d'une véritable fin de phrase (l’exclamation est alors suivie d’une majuscule).

    Il suffit de comparer les deux exemples suivants pour comprendre l'idée :

    - Partez ! plus vite, partez ! mais partez donc !
    Là on n'emploie pas de majuscule après les points d'interrogation.

    - Mon ami ! Quelle honte ! Quel déshonneur !
    Vous noterez que les majuscules sont indispensables.

    • Pour en terminer avec le point d'exclamation, mais il y aurait encore beaucoup à dire, il faut souligner que seuls les points de suspension peuvent suivre le point d’exclamation lorsque celui-ci achève une citation.


    POINT D'INTERROGATION

    a) Emplois du point d’interrogation

    • Le point d'interrogation est, comme son nom le signifie, la marque d'une interrogation directe.

    Exemple :

    Où partez-vous ?


    • Dans une interrogation indirecte on ne peut utiliser le point d’exclamation (excepté si cette interrogation indirecte fait partie d'une phrase interrogative).

    Exemples :

    - Il vous demande si vous nous rejoignez.
    - Lui a-t-on dit que j'irai avec vous ?



    • L’interrogation indirecte peut être transformée en interrogation directe par l'inversion du verbe et du sujet ou par l’utilisation de l’expression « est-ce que » (le point d'interrogation est ici indispensable).

    Exemples :

    - Il vous demande si vous nous rejoignez.
    - Il vous demande : « Nous rejoignez-vous ? »
    - Il vous demande : « Est-ce que vous nous rejoignez ?


    • Chaque question qui exige une réponse doit être achevée par un point d'interrogation.

    Exemple :

    Es-tu certaine de vouloir m’accompagner ? Et seule ?


    • Le point d'interrogation peut dépendre non pas de la forme de la phrase, mais de son sens :

    Exemples :

    - Vous désirez me voir ?
    - Serait-il venu me voir, je l’aurais reçu avec plaisir. Néanmoins, la phrase suivante aurait été acceptable : Serait-il venu me voir ? Je l’aurais reçu avec plaisir.

    • Ne pas oublier le point d’interrogation après le guillemet fermant d’une citation.

    Exemple :

    Te souviens-tu du proverbe qu’il a rappelé : « Qui trop embrasse mal étreint. » ? Je ne le crois pas !


    b) Autres observations

    • Le point d’interrogation n’est pas toujours suivi d’une majuscule, notamment lorsqu’il est placé au milieu d’une phrase.

    Exemple :

    « Tu souhaites me quitter ? aujourd’hui ? »

    • Une majuscule doit suivre le point d’interrogation lorsque celui-ci achève une phrase. Par exemple lorsqu’une question demande une réponse particulière :

    Exemple :

    Quel pays veux-tu visiter ? Es-tu prêt à prendre des vêtements chauds ?


    • Seuls des points de suspension peuvent suivre un point d’interrogation qui achève une citation.



    POINT-VIRGULE

    • Le point-virgule indique une pause de moyenne durée. Il se place surtout entre des propositions qui peuvent être associées sur le plan logique (même contexte). Il permet dans ce cas de maintenir un lien entre ces phrases :

    Exemple :

    Il bute et tombe ; l'animal se jette sur lui ; la corde se détend et arrête le bond du fauve.


    • Le point-virgule joue également le rôle d’une virgule ou d’un point pour séparer des parties assez longues et surtout lorsqu’une de ces parties contient déjà une ou plusieurs virgules.

    Exemple :

    Je n’ai jamais compris pourquoi il avait refusé cette proposition pourtant si intéressante ; on lui offrait la nourriture, le logement et une voiture.


    • Le point-virgule permet d’équilibrer deux phrases qui offrent un parallèle.

    Exemple :

    Pierre n’aimait que Mozart ; Virginie n’appréciait que Beethoven.


    • Il faut reconnaître que l'emploi du point-virgule se rapproche dans de nombreux cas de celui de la virgule (La foule grouillait autour de moi ; néanmoins je souffrais de la solitude). Seuls les objectifs personnels d’un écrivain et son tempérament lui feront choisir l’un plutôt que l’autre. Certains auteurs pensent même que c'est un signe superflu. Personnellement, dans l’exemple qui précède, j’aurais opté pour le point !



    TIRET

    a) Emplois du tiret

    • Le tiret (—) ne doit pas être confondu avec le trait d'union (-) : voir à la fin de l’article les remarques supplémentaires sur le trait d’union.

    • Le tiret s’utilise dans un dialogue pour distinguer les personnages.

    Exemple :

    Il rejoignit sa soeur :
    — À quel moment désires-tu m’accompagner ?
    — Dans la soirée.
    — Tu ne penses pas que nous devrions partir plus tôt ?
    — Je ne le crois pas.



    • Le tiret permet de séparer verticalement les parties d'une énumération.

    • Les tirets sont utilisés pour encadrer une incise. Sur le plan graphique, le double tiret attire davantage l’attention que l’utilisation de deux virgules : il attire ainsi l’attention des lecteurs sur une information qui semble importante aux yeux de l’écrivain.


    Exemple :

    Très imbu de lui-même, il montra — bien sûr avec ostentation — la nouvelle caméra qu’il s’était achetée


    b) Autres observations

    • Lorsque le tiret marque le début d’une réplique d’un personnage (dialogues de théâtre…), il doit être séparé du nom du personnage ou de la didascalie par un point :

    Exemple :

    ANDRÉ. — Désirez-vous vraiment en parler ?
    JEAN-PIERRE, pensif. — Je commence à me le demander !



    • Lorsque les tirets encadrent une proposition incise, le deuxième tiret ne se répète pas à la fin de la phrase.

    Exemple :

    Le guide touristique recense les risques encourus par le touriste qui visite ce pays — risque de guerre civile, pollution et maladies.


    • N’importe quel signe de ponctuation peut être suivi du tiret.

    Exemple :

    Je crains la solitude, — le manque de communication, — la maladie.


    • Si, dans une phrase, une virgule est nécessaire à l’endroit où se trouve le tiret, elle doit se placer après le deuxième tiret.


    Exemple :

    Si tu désires lui parler une dernière fois — tel est sans doute ton souhait —, tu dois le faire maintenant.



    VIRGULE

    a) Emplois de la virgule

    • La virgule représente une pause de faible durée à l’intérieur de la phrase. J’ajouterais qu’elle permet au lecteur de comprendre le sens de la phrase, car, dans de nombreux cas, sa présence ou son absence peut créer une certaine ambiguïté.

    • On doit mettre une (ou plusieurs) virgule :

    - Après l’apostrophe ou vocatif : André, lis-moi ta nouvelle poésie.
    - Après l’apposition ou l’épithète détachée : Le renard, le plus rusé des animaux.
    - Pour encadrer une relative explicative : L’homme, qui est venu ce matin, est retourné dans son pays natal.
    - Avant certaines propositions ayant une valeur explicative : Il le fera, puisque vous lui demandez.
    - Pour encadrer l’incise : Je vous félicite, lui dit-il, pour cette œuvre de haute tenue.
    - Après le complément circonstanciel (placé avant la principale) : Après avoir poussé la porte, il entra.

    • Si l’on opère une inversion du verbe et du sujet, les éléments placés en tête de phrase ne sont pas suivis d’une virgule surtout si ces éléments sont courts.

    Exemple :

    Dans la soirée arrivèrent les amis de ma fille.


    • La virgule s’emploie entre des termes ou des groupes de mots qui sont coordonnés sans conjonction (mais, or, et, etc.). Ces termes ou groupes de mots doivent, bien entendu, avoir la même fonction grammaticale.

    Exemples :

    - On monte, on descend, on crie, on s’agite en tous sens.
    - Ils courent, ils courent vite, ils courent très vite !
    - Il observe les villas, les promeneurs, les arbres et les cyclistes.



    • On place généralement une virgule ENTRE les éléments coordonnés par une autre conjonction que « et, ou, ni ».

    Exemples :

    - Je me suis arrêté de fumer, car cela coûtait à ma santé et à mon portefeuille.
    - Il partira avec nous, mais il souhaite revenir une semaine plus tôt.
    - Je n’ai pas vu ce film, donc je ne peux pas en parler.


    • On sépare les éléments de la phrase par une virgule si les conjonctions et et ou sont répétées (excepté ni).

    Exemples :

    - Il était riche, et beau, et généreux.
    - On pouvait apercevoir parfois une lumière, ou une ombre vague, ou une forme de montagne.
    - Je ne peux ni l’approuver ni le contester.


    • Une virgule doit être employée devant les conjonctions et, ou, ni quand celles-ci joignent deux propositions qui n’ont pas le même sujet.

    Exemple :

    Il partit à Paris, et Natacha resta à la maison.


    • On place habituellement une virgule devant « etc. »

    • Quand les sujets forment une énumération on peut placer une virgule APRÈS le dernier terme si ce dernier terme ne vient pas « remplacer » les autres.

    COMPAREZ : Le bleu, le vert, le noir, étaient ses couleurs préférées ET Un murmure, une cri, un simple bruit lui donnait des frissons.

    • On place une virgule devant le deuxième soit lorsque le premier soit précède le verbe.

    Exemples :

    - Soit il nous quittera, soit nous le convoquerons.
    - Mon fils apprendra soit la guitare sèche soit la guitare électrique.


    • On place une virgule devant sinon.

    Exemple :

    Je te demande de te dépêcher, sinon je partirai seul.


    Observations sur l’incidente et l’incise

    La virgule peut encadrer une partie de phrase que l’on pourrait supprimer sans que le sens n’en pâtisse. L’incidente, par exemple, est une proposition qui suspend une phrase pour y introduire un énoncé accessoire. Cette proposition est généralement placée entre deux virgules ou entre deux tirets. On utilise parfois incise pour désigner la phrase incidente qui sert à indiquer que l'on rapporte les propos ou la pensée de quelqu'un.

    Exemple :

    Demain, s'il fait beau, j'irai à la campagne.

    « S'il fait beau » est l'exemple typique de l'incidente. On aurait pu écrire : « Demain, j'irai à la campagne », en occultant la notion du temps.
    « S'il fait beau »
    intercalé au milieu de la phrase, entre les deux virgules, introduit une relation de complémentarité qui exprime une « condition » et qui donne une « information » plus pointue.


    b) Les différentes significations de la virgule

    • La virgule peut signifier la conjonction et.

    Exemple :

    Il aime beaucoup les chats, les chiens, les oiseaux.


    • Certains utilisent la virgule pour exprimer certaines relations logiques comme l’explication (elle équivaut alors aux deux points), la cause (elle remplace alors « car » ou « parce que ») ou l’opposition (elle remplace alors « mais », « en revanche », « au contraire »). Personnellement, je ne recommande pas cette utilisation, car j’estime que, dans les cas précités, l’utilisation du point ou d’une conjonction serait préférable.

    Exemples :

    - Il ne voulait pas s’enfuir, je l’ai chassé de force.
    - Il est à l’hôpital, il a eu un accident ce matin.
    - Il t’appelle, tu ne lui réponds pas.


    c) Autres observations

    • Une des virgules qui encadreraient un groupe de mots disparaît si ce groupe de mots est placé au début ou à la fin de la phrase :

    Exemples :

    - Je souhaiterais, mon fils, que tu travailles.
    - Mon fils, je souhaiterais que tu travailles.
    - Je souhaiterais que tu travailles, mon fils.


    • Bien entendu, dans une incise, un signe de ponctuation différent peut remplacer une des deux virgules.

    Exemple :

    La drogue est destructrice, disait cet ancien toxicomane : elle nuit à notre vie intérieure et extérieure.


    • On doit parfois placer une virgule APRÈS des guillemets encadrant une citation.

    Exemple :

    Elle me dit : « Je vous aimerai toujours », et partit sans se retourner.



    Remarques supplémentaires sur le trait d’union

    • Le but essentiel du trait d’union est de créer une unité à partir de mots qui ont parfois une nature différente.

    • Ainsi, il permet de créer un nouveau nom à partir de mots de nature différente ou identique :

    Exemple :

    Le timbre-poste, l’après-midi, un sous-marin, un couvre-lit, un wagon-restaurant.


    • Son utilisation permet de ne pas confondre les homonymes : Peut-être et peut être, après-demain et après demain.

    • Il s’utilise avec certains préfixes (super, pré, non, pseudo, hyper, extra, ex, quasi, etc.).

    • Le trait d’union est utilisé :
    — dans des expressions comme : ci-joint, ci-gît, ci-après, ci-devant, vis-à-vis, mort-né, dernier-né, etc.
    — avec certaines locutions adverbiales (si elles sont précédées de « au » ou « par ») : Au-dessus, au-dessous, au-dedans, par-devant, par-dehors.

    — avec certains mots composés anglais qui sont passés dans l’usage du français : boy-scout, week-end, etc.

    • Le trait d’union peut servir à former certains groupements nouveaux de mots comme : la trilogie cigarette-café-sucre, l’ axe Paris-Bruxelles...

    • On le retrouve parfois lorsque l’on souhaite révéler l’étymologie d’un mot : la co-naissance.

    • Un trait d’union est placé ENTRE le verbe et les pronoms postposés : dis-je, crois-tu ?

    • Un trait d’union est placé avant et après un « T » analogique, celui-ci se plaçant ENTRE les traits d’union : chante-t-elle, va-t-on, ira-t-il, convainc-t-elle.

    • On place un trait d’union entre les pronoms personnels compléments et l’impératif : Rends-nous-les, allez-vous-en, laisse-moi, dites-le-lui.

    • Par contre, lorsque « l’impératif » est suivi d’un pronom et d’un « infinitif », on n’utilise pas le trait d’union si le pronom se rapporte à l’infinitif.

    Exemple :

    Viens le raconter !

    • Il convient d’unir par un trait d’union :

    — le pronom démonstratif suivi des adverbes « CI » et « LÀ » : Celle-là, celui-ci, ces femmes-là, cette auto-ci.

    Le dernier exemple révèle qu’un nom, précédé d’un démonstratif, peut aussi précéder les mêmes adverbes (dans ce cas on emploie le trait d’union).

    — Le pronom personnel et l’adjectif « MÊME » : toi-même, nous-mêmes

    Mais on écrira SANS trait d’union : Ceux mêmes, ici même.

    Ainsi se termine cet article qui, je l'espère, aura apporté un complément d'information à ceux dont la ponctuation pose quelques problèmes, et un rappel aux autres qui, connaissant les règles, pourront les appliquer, en certaines circonstances, de manière plus pointue, peut-être.

                                                                            Illustration : Emilio Danero

  • Emilio DaneroLa ponctuation

    Vous trouverez dans cet article les règles essentielles sur le plan de la ponctuation. Il est le résultat d’une longue recherche et de mon expérience personnelle. Je remercie mon ami André Laugier, poète et illusionniste, d’avoir été l’ inspirateur de ce sujet dont on parle parfois d’une manière fort incomplète. Même si cet article n’a pas la prétention d’être exhaustif, il me semblait qu’une synthèse assez complète était indispensable afin de mieux cerner les emplois et les significations de ces signes de ponctuation qui émaillent nos textes avec plus ou moins de bonheur !

    Site d’André Laugier que je vous recommande particulièrement : Échos poétiques


    La ponctuation est le sel de la phrase (Cyril Bachelier).

    Ponctuez, adeptes de l'écriture et défenseurs de la modulation et des cadences du langage. La ponctuation est le signe important et indispensable pour transcrire les diverses intonations ou encore pour indiquer des coordinations ou des subordinations différentes entre les propositions.

    Pour commencer cette étude, il est bon, je pense, de rappeler, quelques règles essentielles de disposition concernant les « espaces » AVANT ou APRÈS les signes de ponctuation.

    PAS D'ESPACE avant la virgule - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le point - ESPACE
    ESPACE* avant le point virgule - ESPACE
    ESPACE* avant le point d'exclamation - ESPACE
    ESPACE* avant le point d'interrogation - ESPACE
    ESPACE avant les deux-points - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le trait d'union - PAS D'ESPACE
    ESPACE avant la parenthèse ouvrante - PAS D'ESPACE
    PAS D'ESPACE avant la parenthèse fermante - ESPACE
    ESPACE avant le crochet ouvrant - PAS D'ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le crochet fermant - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant l'apostrophe - PAS D'ESPACE
    ESPACE avant le tiret - ESPACE
    ESPACE avant le guillemet ouvrant - ESPACE*
    ESPACE* avant le guillemet fermant - ESPACE.




    Remarque :

    ESPACE* équivaut à « espace fine » dans l'imprimerie traditionnelle, à « espace standard » en dactylographie et à « espace insécable » dans l'écriture numérique.
    Lorsque vous travaillez dans votre traitement de texte, il vaut donc mieux utiliser l’espace insécable, devant les signes de ponctuation qui requièrent l’espace, afin d’éviter que le signe soit rejeté seul en début de ligne.

    Ces considérations étant prises en compte, voici, traitées par ordre alphabétique, les différentes règles à adopter.



    ASTÉRISQUE

    • Ce signe est représenté par une étoile (*). Il indique généralement un renvoi au bas de page.

    • Mais ce signe permet également de « masquer » un personnage. On utilise un ou trois astérisques pour remplacer le nom propre que l’on ne veut pas citer ou dont on ne veut indiquer que l’initiale.

    Exemple :

    J'ai aperçu, derrière un arbre de ton jardin, le vélo de Mme A ***.


    • Dans certains dictionnaires, les mots, dont le h est aspiré, figurent précédés de l'astérisque.


    CROCHETS

    • Les crochets servent au même usage que les parenthèses, mais ils sont moins usités.

    • On utilise les crochets si, à l’intérieur d’une parenthèse, on a besoin d’ouvrir une nouvelle parenthèse.

    Exemple :

    (Mallarmé [1842-1898] a créé une poésie parfois hermétique.)


    • Les crochets encadrent aussi les éléments extérieurs à la phrase d’un auteur. Ces crochets sont donc ajoutés par un commentateur qui veut rendre le texte accessible aux lecteurs en apportant, par exemple, un complément d’information.

    Exemple :

    Imaginons la phrase suivante d’un critique : François-Marie Arouet était un apôtre de la tolérance.
    Vous pourrez alors écrire :  Un critique a dit : « François-Marie Arouet [plus connu sous le nom de Voltaire] était un apôtre de la tolérance. » 


    • On entoure de crochets les points d'omission servant à indiquer que l’on a choisi de ne pas reproduire un ou plusieurs mots d'un passage cité. Il s'agit donc d'une intervention de la part de l'éditeur du texte (une manière également de les distinguer des points de suspension) :   On peut facilement imaginer que j'avais écrit ce roman [...] pour provoquer la bourgeoisie. 

    • Si, en citant un auteur, l’on désire souligner une faute d’orthographe ou de syntaxe commise par ce même auteur, on doit placer entre crochets et en italique le mot latin sic pour bien montrer au lecteur que la coquille en question est bien commise par l’auteur et non par vous-même.

    Exemple :

     Notre directeur a demandé que nous allions tous « à la manifestation [de dimanche] pour défandre [sic] nos droits [...] et nos exigences pédagogiques.


    DEUX-POINTS

    a) Emplois des deux points

    • Le deux-points a de nombreuses fonctions : il peut introduire une citation, une explication, une réflexion de l'auteur, une cause, une conséquence, etc.

    Exemple pour l’explication ou la cause :

    Il se retourna promptement : la lumière du soleil était trop forte.


    • Il est parfois suivi de guillemets ouvrants. Dans ce cas, il marque le début d'un discours direct.

    Exemple :

    Il dit : « Je partirai bientôt. »


    • Le deux-points peut exprimer l’idée d’une conjonction ; il remplace des formules telles que « Pour préciser, nous dirions, disons, etc. »

    Exemple :

    Un film : un grand film.


    • On remarque que le deux-points permet parfois la formulation d’une « relation ». Dans ce cas, il sera inutile d’utiliser des liens tels que par conséquent, donc, disons, etc.


    b) Deux-points et énumération

    • Les deux-points peuvent aussi annoncer une énumération. Cette « énumération » peut être disposée en colonne ou en ligne.

    • Lors d’une disposition en colonne, en règle générale, chaque élément de l'énumération doit être séparé par un point-virgule, le dernier se terminant par un point. À noter que, malgré les retours à la ligne, les initiales ne sont pas en majuscules.
    Les énumérations de premier rang sont introduites par un tiret et se terminent par un point-virgule sauf pour la dernière qui se termine par un point.
    Les énumérations de second rang sont introduites par un tiret décalé (après un nouveau deux-points) et se terminent par une virgule.

    Exemple :

    Avant de partir Paul prépare son matériel :
    — une carte géographique ;
    — un canif ;
    — un dossier comprenant :
        — une carte de mutuelle,
        — un badge personnel,
        — un ticket de transport,
    — une boussole ;
    — des cordes.



    c) Autres observations

    • Des guillemets ouvrants peuvent précéder les deux-points. Ceux-ci indiquent alors le début d'un discours direct qui commence par une majuscule.

    Exemples :

    -
    Il lui a dit : « Je t’aime ! »
    - Il dit : « Nous devrions aller le chercher. »


    • Un tiret, précédé des deux-points, annonce également le « style direct » (dans ce cas, la majuscule est obligatoire).

    Exemple :

    L'homme se mit soudainement à rire et dit :
    — Croyez-vous que je ne sois venu parmi vous que pour cela ?



    • Après un simple deux-points (sans autre signe) il ne faut pas de majuscule sauf si la partie après les deux-points demande elle-même la « majuscule » (nom propre, maxime, nom d'institution, etc.)

    Exemples :

    - Voici la devise belge : L’union fait la force.
    - Ce livre est magnifique : vous devriez le lire.


    • Il ne faut surtout pas placer un deux-points dans un groupe qui est introduit lui-même par un deux-points, sauf s'il s'agit d'une « citation » (guillemets) qui comprend, elle aussi, deux-points.


    GUILLEMETS

    a) Emplois des guillemets

    • Les guillemets permettent d’insérer des paroles d’autrui (paroles en discours direct ou citation).

    • On les utilise parfois pour signaler le début et la fin d’un dialogue en colonnes. À noter que cette pratique est de plus en plus abandonnée.

    • Les guillemets peuvent isoler un mot ou une expression sur laquelle le scripteur veut insister pour des raisons diverses (ironie, distance critique, utilisation d’une expression personnelle, etc.).

    Exemple :

    Il a lu hier trois romans. Après cet « exploit exceptionnel », il a décidé de ne plus lire pendant un mois.


    • On utilise les guillemets pour encadrer les titres d’une partie d’oeuvre (un poème, une nouvelle...). Il est à noter que les titres d’oeuvre entière s’écrivent en italiques (avec une majuscule au premier mot), mais à défaut d’italique on peut utiliser les guillemets français.

    Exemple :

    « Parfum exotique » est un poème de Baudelaire, extrait de son recueil Les fleurs du mal.


    b) Autres observations

    • Si le passage guillemeté, considéré isolément, demande après lui un signe de ponctuation, celui-ci se place avant les derniers guillemets.

    Exemple :

    Il demanda : « Que faites-vous ici ? » Je répondis : « J’attends avec impatience son départ. »


    • Autrement, la ponctuation se place après les derniers guillemets.

    Exemple :

    Il se donna du mal pour éduquer « ses très chers enfants ».


    • Il faut distinguer la ponctuation appartenant au texte général de celle qui appartient au texte placé entre guillemets :

    Exemple :

    Pourquoi avez-vous crié « Allons-y ! » ?


    • Les guillemets s'utilisent surtout dans les citations. On ouvre les « guillemets » avant le premier mot de la citation. On les referme après le dernier mot.

    • Si la citation est incluse dans une phrase, les « guillemets » interviennent sans autre ponctuation et n'encadrent que les mots cités. La ponctuation de la phrase globale conserve ses droits.

    Exemple : Il passe pour un « gros fumeur », d’après ce que dit son entourage.


    • Si la citation n'est pas incorporée dans la phrase, les deux-points doivent précéder les guillemets et la majuscule du premier mot ne doit pas être oubliée.

    Exemple :

    Son ami lui annonça : « Souviens-toi, demain je me marie. »


    • Ne pas oublier que la ponctuation se place AVANT les guillemets fermants si la citation clôt la phrase.

    • Si une citation doit contenir une autre citation, il est possible d'utiliser les guillemets français en même temps que les guillemets anglais.

    Exemple :

    « Le professeur m’a dit : “Donnez-moi votre livre !” Je le lui ai donné. »


    • Il est préférable d’utiliser les guillemets français (« ») plutôt que les guillemets anglais (“ ”), sauf dans les cas où un texte est entre guillemets à l'intérieur d'une citation déjà entre guillemets (voir plus haut). N'utilisez pas les guillemets standard (" ").


    PARENTHÈSES

    a) Emplois des parenthèses

    • Les parenthèses nous permettent d’intégrer dans un texte une explication, une réflexion, un commentaire, une analyse, une précision, une information, etc.

    Exemple :

    Malgré son très jeune âge, il avait dit la vérité (la vérité sort souvent de la bouche des enfants !).

    • Des mots assez précis comme « bis, ter, sic, etc. » peuvent être isolés grâce aux parenthèses. Si le genre et le nombre de certains mots peuvent varier, les parenthèses permettent de le signaler : Le (ou les) professeur(s).

    • Les parenthèses s’utilisent également pour les appels de note : elles encadrent, dans ce cas, des chiffres arabes.


    b) Autres observations

    • Si, à l’endroit où se place la parenthèse, la phrase demande un signe de ponctuation, ce signe se met après que l’on ait fermé la parenthèse.

    Exemple :

    Le roman nouveau compte de nombreux représentants (on remarquera néanmoins que les représentants du roman traditionnel sont bien plus nombreux).


    • Un membre de phrase entre parenthèses ne doit pas être précédé de la virgule, du point-virgule ou du deux-points.

    Exemple :

    On n'écrira pas :

    Mon neveu, (un jeune entreprenant) n’a pas hésité à lui faire la cour.

    mais :

    Mon neveu (un jeune entreprenant), n’a pas hésité à lui faire la cour.

    • Si le texte mis entre parenthèses commence par une majuscule, la ponctuation finale de ce texte sera placée AVANT la parenthèse fermante.

    Exemple (une variante possible d’un des exemples précédents) :

    Le roman nouveau compte de nombreux représentants. (On remarquera néanmoins que les représentants du roman traditionnel sont bien plus nombreux.)


    • Il est possible d’inclure le point d'exclamation, le point abréviatif, les points de suspension dans la parenthèse ( ceci n’exclut pas la ponctuation en dehors de la parenthèse).

    Exemple :

    Vous devrez certainement emporter plusieurs livres (dictionnaire, roman au choix, recueil de poèmes, etc.).


    POINT

    a) Point final

    • Le point final, comme son nom l'indique, sert à marquer la fin d'une phrase. Il indique une pause de respiration assez longue. Je le conseille souvent à la place de la virgule (celle-ci est utilisée parfois d’une manière excessive) ! Il suffira d’ajouter un mot-lien entre les deux phrases séparées par un point afin d’assurer un rapport logique entre elles.

    • Notons que certains écrivains contemporains emploient parfois le point (au lieu de la virgule) pour insister davantage sur certains groupes syntaxiques.

    Exemple :

    Ils quittèrent la ville. Sans désespoir. Sans espoir. Parce qu’ils n’avaient finalement pas d’autres choix.


    • On achève toujours la phrase sur un point (point, point d'interrogation, d'exclamation, etc.). Une majuscule commence toujours une phrase après un point simple.

    • Après le titre d'une oeuvre, le titre d'un chapitre, le nom de l'auteur, on ne met habituellement PAS de point.

    • Si une date est écrite en chiffres, le point sert aussi à séparer les éléments de la date en question : (Le 25.02.2005).
    Si la date est entre parenthèses ou si elle se trouve dans la continuité de la phrase, l'année ne sera pas suivie d'un point.


    b) Point abréviatif

    • Le point abréviatif marque la coupure d'une abréviation. Il ne s'utilise que si cette abréviation ne se termine pas sur la dernière lettre du mot.

    Exemples :

    C’est-à-dire = c.-à-d.
    Monsieur = M.
    Et cetera = etc.
    Confer = cf.
    Avant Jésus-Christ = av. J.-C.
    Exemple = ex.


    mais

    Établissements = Éts
    Saint = St
    boulevard = bd
    Monseigneur = Mgr
    Confer = cfr (autre abréviation pour
    confer)
    manuscrits = mss


    Là, il ne faut pas de point.

    • Le sigle est une abréviation constituée de la première lettre de plusieurs mots. Cette lettre est normalement suivie d’un point même si, de nos jours, on a tendance à omettre les points abréviatifs.

    • À la fin de la phrase, le point abréviatif doit se confondre avec le point final et les points de suspension.

    Exemples :

    - Il s’est rendu à la S.N.C.F.
    - Il déteste la prison, la P.J...

    (trois points seulement dans ce dernier exemple)


    • Les autres « ponctuations » comme le point d'exclamation et les deux-points doivent accompagner le point abréviatif.

    Exemples :

    - Quel beau Q.G. !
    - Je possède une petite maison à Paris et un appartement dans un H.L.M. : ce sont mes seuls biens.



    • Après des guillemets, la ponctuation normale de la phrase doit être utilisée.

    Exemple :

    Il a dit que c’était « une très solide P.M.E. ».


    • Les symboles scientifiques et les unités de mesure ne sont pas suivies d’un point : m pour mètre, mm pour millimètre, min pour minute, l pour litre, Cu pour cuivre...


    POINTS DE SUSPENSION

    • Les points de suspension marquent un arrêt de la phrase. Cet arrêt indique une interruption de la phrase qui se poursuivra ou non. Cet arrêt peut même avoir lieu au milieu d’un mot.

    Exemple (pour le mot monstre) :

    J’ai vraiment aperçu un mons...

    • Cette interruption peut avoir de nombreuses significations, car elle peut exprimer l'hésitation, l'indécision, le souhait de respecter les convenances, le désir de discrétion (refus de donner trop d’informations autobiographiques), la réticence, un sous-entendu, une énumération inachevée, le mutisme d’un personnage dans un dialogue, etc.

    Exemples :

    - « Quel bande de c... ! » cria-t-il avec virulence.
    - Je commençai à travailler chez X...

    • Les points de suspension servent souvent à souligner, en fin de texte, un inachèvement qui sollicite l'imagination du lecteur.

    Exemple :

    Tu découvriras des étangs brumeux, des cieux d’enfer, des forêts obscures...


    • Les points de suspension vont toujours par « trois ». Ils se confondent avec le point final, mais ils restent trois derrière un point d’exclamation ou un point d’interrogation.

    • Les points de suspension peuvent accompagner la virgule.

    Exemple :

    Il n’entend rien..., il ne parle pas...


    • Ils peuvent également se marier avec le point-virgule, le point d'exclamation ou d'interrogation.

    Exemple :

    Il faut espérer qu'il en tira avantage, sinon ? ...


    • Les points de suspension précèdent ou non ces différents signes de ponctuation. Tout dépend du sens de la phrase.

    Exemple :

    Que désirez-vous ? Du pain, des friandises, du fromage... ?
    On imagine dans cet exemple que la suspension doit se prolonger.


    • Il ne faut jamais placer des points de suspension après : etc.

    • Des points de suspension entre crochets sont placés à l’endroit où se situe la partie du texte ôté.

    • Les points de suspension demandent après eux la majuscule s'ils se confondent avec une ponctuation de fin de phrase.


    POINT D’EXCLAMATION

    a) Emplois du point d’exclamation

    • Le point d'exclamation exprime, comme chacun le sait, des sentiments tels que la joie, mais aussi la surprise, la crainte, la douleur, la colère, etc. Il a une valeur émotionnelle que ne possèdent pas les autres signes de ponctuation. Son emploi est pourtant souvent facultatif.

    • Le point d’exclamation est obligatoire derrière les verbes à l’impératif, les interjections et les apostrophes.

    Exemples :

    - N’oublie pas de prendre ton livre !
    - Paul ! Viens me voir !



    • Le point d’exclamation suit obligatoirement toutes les interjections simples.

    Exemples :

    - Ah !
    Pour marquer l’étonnement ou la satisfaction.
    - Ha !
    Une marque du rire.
    - Oh !
    Une indication de l’étonnement ou de l’indignation.
    - Ho !
    Pour attirer l’attention, pour appeler.
    - Eh !
    Pour marquer la surprise ou l’étonnement.
    - He !
    Pour interpeller.

    • Le point d’exclamation ne sépare pas les termes des locutions interjectives.

    Exemples :

    - Non mais !
    - Eh bien !
    - Ça alors !
    - Hélas oui !


    • Le point d’exclamation peut suggérer le rire (il se place alors à la fin).

    Exemples :

    - Ha ha ha !
    Éventuellement on peut écrire : Ha ! Ha ! Ha !
    - Ho ho ho !
    - Hi hi hi !

    b) Autres observations


    • Lorsqu’une interjection ou une locution interjective figure à l’intérieur d’une phrase, il est courant de la placer entre virgules même si le point d’exclamation est correct.

    Exemple :

    Quant à cet élève, eh bien, il n’a malheureusement pas réussi.

    • Généralement, on ne met pas de « majuscule » lorsque la phrase globale n’est pas interrompue.

    Exemples :

    - Ah ! si vous saviez !
    - Il y a assez à manger ici ! Reprenez votre pain !


    • Par contre, après le mot « Ô » on ne place ni point d'exclamation ni majuscule (le point d'exclamation se place soit après le mot en « apostrophe » (« Ô femme ! sois mon inspiratrice... »), soit à la fin de la phrase : « Ô l'inconscient d'avoir pris une telle décision ! »

    • Si une phrase comprend une suite d'exclamations, il est possible que l’exclamation puisse avoir la valeur d'une virgule expressive (l’exclamation est alors suivie d'une minuscule) ou d'une véritable fin de phrase (l’exclamation est alors suivie d’une majuscule).

    Il suffit de comparer les deux exemples suivants pour comprendre l'idée :

    - Partez ! plus vite, partez ! mais partez donc !
    Là on n'emploie pas de majuscule après les points d'interrogation.

    - Mon ami ! Quelle honte ! Quel déshonneur !
    Vous noterez que les majuscules sont indispensables.

    • Pour en terminer avec le point d'exclamation, mais il y aurait encore beaucoup à dire, il faut souligner que seuls les points de suspension peuvent suivre le point d’exclamation lorsque celui-ci achève une citation.


    POINT D'INTERROGATION

    a) Emplois du point d’interrogation

    • Le point d'interrogation est, comme son nom le signifie, la marque d'une interrogation directe.

    Exemple :

    Où partez-vous ?


    • Dans une interrogation indirecte on ne peut utiliser le point d’exclamation (excepté si cette interrogation indirecte fait partie d'une phrase interrogative).

    Exemples :

    - Il vous demande si vous nous rejoignez.
    - Lui a-t-on dit que j'irai avec vous ?



    • L’interrogation indirecte peut être transformée en interrogation directe par l'inversion du verbe et du sujet ou par l’utilisation de l’expression « est-ce que » (le point d'interrogation est ici indispensable).

    Exemples :

    - Il vous demande si vous nous rejoignez.
    - Il vous demande : « Nous rejoignez-vous ? »
    - Il vous demande : « Est-ce que vous nous rejoignez ?


    • Chaque question qui exige une réponse doit être achevée par un point d'interrogation.

    Exemple :

    Es-tu certaine de vouloir m’accompagner ? Et seule ?


    • Le point d'interrogation peut dépendre non pas de la forme de la phrase, mais de son sens :

    Exemples :

    - Vous désirez me voir ?
    - Serait-il venu me voir, je l’aurais reçu avec plaisir. Néanmoins, la phrase suivante aurait été acceptable : Serait-il venu me voir ? Je l’aurais reçu avec plaisir.

    • Ne pas oublier le point d’interrogation après le guillemet fermant d’une citation.

    Exemple :

    Te souviens-tu du proverbe qu’il a rappelé : « Qui trop embrasse mal étreint. » ? Je ne le crois pas !


    b) Autres observations

    • Le point d’interrogation n’est pas toujours suivi d’une majuscule, notamment lorsqu’il est placé au milieu d’une phrase.

    Exemple :

    « Tu souhaites me quitter ? aujourd’hui ? »

    • Une majuscule doit suivre le point d’interrogation lorsque celui-ci achève une phrase. Par exemple lorsqu’une question demande une réponse particulière :

    Exemple :

    Quel pays veux-tu visiter ? Es-tu prêt à prendre des vêtements chauds ?


    • Seuls des points de suspension peuvent suivre un point d’interrogation qui achève une citation.



    POINT-VIRGULE

    • Le point-virgule indique une pause de moyenne durée. Il se place surtout entre des propositions qui peuvent être associées sur le plan logique (même contexte). Il permet dans ce cas de maintenir un lien entre ces phrases :

    Exemple :

    Il bute et tombe ; l'animal se jette sur lui ; la corde se détend et arrête le bond du fauve.


    • Le point-virgule joue également le rôle d’une virgule ou d’un point pour séparer des parties assez longues et surtout lorsqu’une de ces parties contient déjà une ou plusieurs virgules.

    Exemple :

    Je n’ai jamais compris pourquoi il avait refusé cette proposition pourtant si intéressante ; on lui offrait la nourriture, le logement et une voiture.


    • Le point-virgule permet d’équilibrer deux phrases qui offrent un parallèle.

    Exemple :

    Pierre n’aimait que Mozart ; Virginie n’appréciait que Beethoven.


    • Il faut reconnaître que l'emploi du point-virgule se rapproche dans de nombreux cas de celui de la virgule (La foule grouillait autour de moi ; néanmoins je souffrais de la solitude). Seuls les objectifs personnels d’un écrivain et son tempérament lui feront choisir l’un plutôt que l’autre. Certains auteurs pensent même que c'est un signe superflu. Personnellement, dans l’exemple qui précède, j’aurais opté pour le point !



    TIRET

    a) Emplois du tiret

    • Le tiret (—) ne doit pas être confondu avec le trait d'union (-) : voir à la fin de l’article les remarques supplémentaires sur le trait d’union.

    • Le tiret s’utilise dans un dialogue pour distinguer les personnages.

    Exemple :

    Il rejoignit sa soeur :
    — À quel moment désires-tu m’accompagner ?
    — Dans la soirée.
    — Tu ne penses pas que nous devrions partir plus tôt ?
    — Je ne le crois pas.



    • Le tiret permet de séparer verticalement les parties d'une énumération.

    • Les tirets sont utilisés pour encadrer une incise. Sur le plan graphique, le double tiret attire davantage l’attention que l’utilisation de deux virgules : il attire ainsi l’attention des lecteurs sur une information qui semble importante aux yeux de l’écrivain.


    Exemple :

    Très imbu de lui-même, il montra — bien sûr avec ostentation — la nouvelle caméra qu’il s’était achetée


    b) Autres observations

    • Lorsque le tiret marque le début d’une réplique d’un personnage (dialogues de théâtre…), il doit être séparé du nom du personnage ou de la didascalie par un point :

    Exemple :

    ANDRÉ. — Désirez-vous vraiment en parler ?
    JEAN-PIERRE, pensif. — Je commence à me le demander !



    • Lorsque les tirets encadrent une proposition incise, le deuxième tiret ne se répète pas à la fin de la phrase.

    Exemple :

    Le guide touristique recense les risques encourus par le touriste qui visite ce pays — risque de guerre civile, pollution et maladies.


    • N’importe quel signe de ponctuation peut être suivi du tiret.

    Exemple :

    Je crains la solitude, — le manque de communication, — la maladie.


    • Si, dans une phrase, une virgule est nécessaire à l’endroit où se trouve le tiret, elle doit se placer après le deuxième tiret.


    Exemple :

    Si tu désires lui parler une dernière fois — tel est sans doute ton souhait —, tu dois le faire maintenant.



    VIRGULE

    a) Emplois de la virgule

    • La virgule représente une pause de faible durée à l’intérieur de la phrase. J’ajouterais qu’elle permet au lecteur de comprendre le sens de la phrase, car, dans de nombreux cas, sa présence ou son absence peut créer une certaine ambiguïté.

    • On doit mettre une (ou plusieurs) virgule :

    - Après l’apostrophe ou vocatif : André, lis-moi ta nouvelle poésie.
    - Après l’apposition ou l’épithète détachée : Le renard, le plus rusé des animaux.
    - Pour encadrer une relative explicative : L’homme, qui est venu ce matin, est retourné dans son pays natal.
    - Avant certaines propositions ayant une valeur explicative : Il le fera, puisque vous lui demandez.
    - Pour encadrer l’incise : Je vous félicite, lui dit-il, pour cette œuvre de haute tenue.
    - Après le complément circonstanciel (placé avant la principale) : Après avoir poussé la porte, il entra.

    • Si l’on opère une inversion du verbe et du sujet, les éléments placés en tête de phrase ne sont pas suivis d’une virgule surtout si ces éléments sont courts.

    Exemple :

    Dans la soirée arrivèrent les amis de ma fille.


    • La virgule s’emploie entre des termes ou des groupes de mots qui sont coordonnés sans conjonction (mais, or, et, etc.). Ces termes ou groupes de mots doivent, bien entendu, avoir la même fonction grammaticale.

    Exemples :

    - On monte, on descend, on crie, on s’agite en tous sens.
    - Ils courent, ils courent vite, ils courent très vite !
    - Il observe les villas, les promeneurs, les arbres et les cyclistes.



    • On place généralement une virgule ENTRE les éléments coordonnés par une autre conjonction que « et, ou, ni ».

    Exemples :

    - Je me suis arrêté de fumer, car cela coûtait à ma santé et à mon portefeuille.
    - Il partira avec nous, mais il souhaite revenir une semaine plus tôt.
    - Je n’ai pas vu ce film, donc je ne peux pas en parler.


    • On sépare les éléments de la phrase par une virgule si les conjonctions et et ou sont répétées (excepté ni).

    Exemples :

    - Il était riche, et beau, et généreux.
    - On pouvait apercevoir parfois une lumière, ou une ombre vague, ou une forme de montagne.
    - Je ne peux ni l’approuver ni le contester.


    • Une virgule doit être employée devant les conjonctions et, ou, ni quand celles-ci joignent deux propositions qui n’ont pas le même sujet.

    Exemple :

    Il partit à Paris, et Natacha resta à la maison.


    • On place habituellement une virgule devant « etc. »

    • Quand les sujets forment une énumération on peut placer une virgule APRÈS le dernier terme si ce dernier terme ne vient pas « remplacer » les autres.

    COMPAREZ : Le bleu, le vert, le noir, étaient ses couleurs préférées ET Un murmure, une cri, un simple bruit lui donnait des frissons.

    • On place une virgule devant le deuxième soit lorsque le premier soit précède le verbe.

    Exemples :

    - Soit il nous quittera, soit nous le convoquerons.
    - Mon fils apprendra soit la guitare sèche soit la guitare électrique.


    • On place une virgule devant sinon.

    Exemple :

    Je te demande de te dépêcher, sinon je partirai seul.


    Observations sur l’incidente et l’incise

    La virgule peut encadrer une partie de phrase que l’on pourrait supprimer sans que le sens n’en pâtisse. L’incidente, par exemple, est une proposition qui suspend une phrase pour y introduire un énoncé accessoire. Cette proposition est généralement placée entre deux virgules ou entre deux tirets. On utilise parfois incise pour désigner la phrase incidente qui sert à indiquer que l'on rapporte les propos ou la pensée de quelqu'un.

    Exemple :

    Demain, s'il fait beau, j'irai à la campagne.

    « S'il fait beau » est l'exemple typique de l'incidente. On aurait pu écrire : « Demain, j'irai à la campagne », en occultant la notion du temps.
    « S'il fait beau »
    intercalé au milieu de la phrase, entre les deux virgules, introduit une relation de complémentarité qui exprime une « condition » et qui donne une « information » plus pointue.


    b) Les différentes significations de la virgule

    • La virgule peut signifier la conjonction et.

    Exemple :

    Il aime beaucoup les chats, les chiens, les oiseaux.


    • Certains utilisent la virgule pour exprimer certaines relations logiques comme l’explication (elle équivaut alors aux deux points), la cause (elle remplace alors « car » ou « parce que ») ou l’opposition (elle remplace alors « mais », « en revanche », « au contraire »). Personnellement, je ne recommande pas cette utilisation, car j’estime que, dans les cas précités, l’utilisation du point ou d’une conjonction serait préférable.

    Exemples :

    - Il ne voulait pas s’enfuir, je l’ai chassé de force.
    - Il est à l’hôpital, il a eu un accident ce matin.
    - Il t’appelle, tu ne lui réponds pas.


    c) Autres observations

    • Une des virgules qui encadreraient un groupe de mots disparaît si ce groupe de mots est placé au début ou à la fin de la phrase :

    Exemples :

    - Je souhaiterais, mon fils, que tu travailles.
    - Mon fils, je souhaiterais que tu travailles.
    - Je souhaiterais que tu travailles, mon fils.


    • Bien entendu, dans une incise, un signe de ponctuation différent peut remplacer une des deux virgules.

    Exemple :

    La drogue est destructrice, disait cet ancien toxicomane : elle nuit à notre vie intérieure et extérieure.


    • On doit parfois placer une virgule APRÈS des guillemets encadrant une citation.

    Exemple :

    Elle me dit : « Je vous aimerai toujours », et partit sans se retourner.



    Remarques supplémentaires sur le trait d’union

    • Le but essentiel du trait d’union est de créer une unité à partir de mots qui ont parfois une nature différente.

    • Ainsi, il permet de créer un nouveau nom à partir de mots de nature différente ou identique :

    Exemple :

    Le timbre-poste, l’après-midi, un sous-marin, un couvre-lit, un wagon-restaurant.


    • Son utilisation permet de ne pas confondre les homonymes : Peut-être et peut être, après-demain et après demain.

    • Il s’utilise avec certains préfixes (super, pré, non, pseudo, hyper, extra, ex, quasi, etc.).

    • Le trait d’union est utilisé :
    — dans des expressions comme : ci-joint, ci-gît, ci-après, ci-devant, vis-à-vis, mort-né, dernier-né, etc.
    — avec certaines locutions adverbiales (si elles sont précédées de « au » ou « par ») : Au-dessus, au-dessous, au-dedans, par-devant, par-dehors.

    — avec certains mots composés anglais qui sont passés dans l’usage du français : boy-scout, week-end, etc.

    • Le trait d’union peut servir à former certains groupements nouveaux de mots comme : la trilogie cigarette-café-sucre, l’ axe Paris-Bruxelles...

    • On le retrouve parfois lorsque l’on souhaite révéler l’étymologie d’un mot : la co-naissance.

    • Un trait d’union est placé ENTRE le verbe et les pronoms postposés : dis-je, crois-tu ?

    • Un trait d’union est placé avant et après un « T » analogique, celui-ci se plaçant ENTRE les traits d’union : chante-t-elle, va-t-on, ira-t-il, convainc-t-elle.

    • On place un trait d’union entre les pronoms personnels compléments et l’impératif : Rends-nous-les, allez-vous-en, laisse-moi, dites-le-lui.

    • Par contre, lorsque « l’impératif » est suivi d’un pronom et d’un « infinitif », on n’utilise pas le trait d’union si le pronom se rapporte à l’infinitif.

    Exemple :

    Viens le raconter !

    • Il convient d’unir par un trait d’union :

    — le pronom démonstratif suivi des adverbes « CI » et « LÀ » : Celle-là, celui-ci, ces femmes-là, cette auto-ci.

    Le dernier exemple révèle qu’un nom, précédé d’un démonstratif, peut aussi précéder les mêmes adverbes (dans ce cas on emploie le trait d’union).

    — Le pronom personnel et l’adjectif « MÊME » : toi-même, nous-mêmes

    Mais on écrira SANS trait d’union : Ceux mêmes, ici même.

    Ainsi se termine cet article qui, je l'espère, aura apporté un complément d'information à ceux dont la ponctuation pose quelques problèmes, et un rappel aux autres qui, connaissant les règles, pourront les appliquer, en certaines circonstances, de manière plus pointue, peut-être.

                                                                            Illustration : Emilio Danero

  • Emilio Danero 
    La méthode d’analyse proposée n’est bien entendu pas la seule méthode pour analyser un texte poétique ! Elle offre cependant le mérite d’être d’abord à l’écoute du langage du poète. Il faut savoir, en effet, qu’un poète se sert avant tout d’une langue particulière qui n’a aucun rapport avec le langage de la prose. Je pense alors qu’il convient, par respect pour le poète, d’analyser au préalable ce langage. Par la suite, nous pourrons découvrir les divers sens du poème. Par boutade, je dis souvent que le poète n’a pas d’abord quelque chose à dire ! Car si son intention était de transmette avant tout un message, il lui suffirait d’écrire en prose !
    L’article comprend deux parties. La première partie offre un apprentissage théorique sur la méthode utilisée. La deuxième, quant à elle, permet de mettre en pratique les notions théoriques à travers l’étude d’un poème de Paul Verlaine.

    1) LA THÉORIE

    A) INTRODUCTION AU PRINCIPE D’ÉQUIVALENCE

    1) Nous pouvons constater que le langage poétique est basé en grande partie sur le mécanisme de répétition.
    Le texte poétique est en effet construit sur un certain nombre de répétitions que l’on peut appeler « équivalences ». Mais il ne faudrait pas se méprendre sur le sens du mot « équivalences » qui fait référence non seulement à des éléments identiques, mais aussi à certaines ressemblances. Il faut donc savoir que le mot « équivalent » ne veut pas toujours dire « identique » ! Dans le cadre des équivalences, nous observerons également des mots qui ont des sens opposés (nous parlerons alors d’oppositions sémantiques).

    2) Nous pouvons trouver :

    des équivalences de tous ordres :

    - à l’intérieur du vers : par exemple, si nous découvrons dans un vers deux fois le mot « soleil » ou, dans un autre vers, les mots « rouge » et «bleu», nous pourrons, à chaque fois, parler d’une équivalence. Dans le premier cas, il s’agit d’une simple répétition de mots (sème de la clarté). Dans le deuxième cas, nous découvrons deux mots qui ont un sème commun à savoir la couleur.

    - d’un vers à l’autre : par exemple, si nous découvrons le mot « nuit » dans le vers 1 et le mot « ombre » dans le vers 3, nous parlerons encore d’une équivalence et plus particulèrement d’une opposition sémantique (dans ce cas-ci, les deux mots ont l’obscurité comme sème commun).

    - d’une strophe à l’autre : par exemple, si nous découvrons le mot « lèvres » dans la première strophe, le mot « yeux » dans la deuxième strophe et à nouveau le mot « lèvres » dans la troisième strophe, nous parlerons toujours d’une équivalence (les trois termes ont comme sème commun les parties du corps).


    des équivalences à tous les niveaux :

    - phonique ( en rapport avec les sons)
    - métrique ( en rapport avec le nombre de syllabes et l’accentuation du vers)
    - grammatical (en rapport avec la grammaire)
    - lexico-sémantique (en rapport avec le sens des mots).


    B) QUATRE TYPES D’ÉQUIVALENCE

    1) Relations d’équivalence sur le plan phonique


    Il est évident que dans le domaine de la prose l’aspect phonique ne joue pas un rôle important. Alors que dans la poésie, nous pouvons observer une mise en évidence de l’aspect phonique du langage par des procédés de répétitions. Cette mise en évidence du niveau phonique dans le domaine poétique flatte l’oreille (pensons notamment aux comptines de notre enfance). On remarque aussi que, dans certains cas, les équivalences phoniques peuvent avoir des implications sur le plan du sens.

    D’une manière concrète, il s’agit ici, dans un premier temps, de repérer, dans un poème, tous les aspects qui relèvent du son : les rimes, les paronomases, les allitérations, les assonances, les rimes intérieures...

    Dans un second temps, l’on pourra se demander si ces équivalences phoniques n’engendrent pas des observations sur le plan du sens. Ainsi, par exemple, deux mots rimant entre eux peuvent avoir des rapports de sens.

    J’insiste sur le fait que l’analyse d’un poème sur le plan phonique est très délicate, car il faut à tout prix éviter certains dérapages constatés parfois sur le plan d’une éventuelle signification accordée à certains sons. En résumé, plutôt que d’affirmer des inepties, il est parfois préférable de se cantonner à la simple observation des sons sans nécessairement leur attribuer une signification particulière ( les liquides, comme « l » par exemple, peuvent suggérer le thème de l’eau, mais que dire de la répétition de la voyelle « u » par exemple ?).


    2) Relations d’équivalence sur le plan métrique

    On distingue :

    a) Les équivalences métriques accentuelles :

    On repérera les vers qui offrent la même accentuation ( nous dirons que les vers qui ont la même accentuation offrent des équivalences métriques accentuelles).
    En français le mot ne peut porter un accent tonique que sur la dernière syllabe ou sur l'avant-dernière si la dernière est un «e» muet. Par ailleurs, dans un groupe nominal ou verbal, le mot le plus important porte un accent de groupe. Néanmoins nous signalons qu’une lecture répétée à voix haute permet souvent de repérer les syllabes accentuées.
    Lorsque l’on parle du rythme d’un vers (le rythme est basé sur le retour, à intervalles plus ou moins réguliers, d'accents toniques) , on peut dire qu’un rythme est régulier (ou irrégulier), lent (ou rapide), croissant (ou décroissant), haché ou saccadé... Il faut donc éviter d’utiliser des termes impropres à propos du rythme.

    Après avoir repéré les vers qui offrent une équivalence métrique accentuelle, nous demanderons si les vers en question offrent un rapport sur le plan sémantique.

    Exemple de Baudelaire (les syllabes accentuées sont en majuscules):

    InfiNI berceMENT du loiSIR embauMÉ

    Ce vers offre un rythme régulier (rythme ternaire dans le cas présent : 3 / 3 / 3 /3).
    On remarque en outre que ce rythme régulier convient bien pour suggérer un mouvement régulier qui correspond à celui d’un bercement.


    Exemple de Gérard de Nerval (les syllabes accentuées sont en majuscules) :

    À la MAIN une fleur qui BRIlle (rythme 3 / 5)
    À la BOUche un refrain nouVEAU (rythme 3 / 5)

    Dans cet exemple, nous percevons que ces deux vers isométriques (même métrique accentuelle) ont également des rapports sur le plan sémantique (parties du corps humain) et même syntaxique (parallélisme syntaxique).


    b) Les équivalences métriques syllabiques :

    On repérera les vers qui offrent le même nombre de syllabes.

    Après ce repérage des vers qui offrent une équivalence métrique syllabique, nous pourrons nous demander si ces équivalences ont une implication sur le plan sémantique (par exemple, deux vers ayant le même nombre de syllabes offrent peut-être une thématique assez proche, voire opposée).


    3) Relations d’équivalence sur le plan lexico-sémantique

    Nous distinguon ici trois parties que nous observerons dans chaque poème :

    a) répétitions de mots (« aimer » et « aimer » par exemple)

    b) synonymes ( «mer » et «océan » par exemple) tout en sachant qu’en français, les vrais synonymes sont très rares !

    c) relations sémantiques entre des mots différents (« lumière » et « soleil » par exemple)


    4) Relations d’équivalence sur le plan grammatical

    Les équivalences grammaticales peuvent également entraîner des relations sémantiques.

    On distinguera :

    a) Les équivalences syntaxiques :

    - fonction des mots ( sujet, attribut, complément du nom...).
    - structure des phrases (principale, subordonnée, relative, exclamative...).

    b) Les équivalences morphologiques :

    - nature des mots (verbe, nom, adjectif, pronom...).
    - équivalences fondées sur les catégories grammaticales (les quatre catégories grammaticales sont le temps, la personne, le nombre et le genre).


    Exemple de Paul Éluard :

    Je te l’ai dit pour les nuages
    Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer
    Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles



    Nous relevons combien les noms, par exemple, sont à la fois importants et nombreux dans ce début de poème de Paul Éluard : six noms qui évoquent des éléments naturels.
    En outre, nous relevons la répétitions du verbe dire (le poète insiste donc sur l’importance d’une parole proférée).
    Enfin, nous remarquons le parallélisme syntaxique des deux premiers vers et la répétition de la préposition « pour ».


    Remarque:

    Bien entendu cette analyse serait insuffisante sans l’observation des figures de style qui sont présentes dans de nombreux poèmes. Voici quelques procédés stylistiques (la liste n’est pas exhaustive) que l’on peut observer dans les poèmes : métaphores, métaphores filées, comparaisons, métonymies, synecdoques, personnifications, antithèses, chiasmes, gradation, oxymore... La plupart de ces procédés sont expliqués, dans Frandidac, dans les articles consacrés au lexique littéraire.



    2) LA PRATIQUE : UN POÈME DE PAUL VERLAINE

    Remarque préliminaire :

    En pratique, je propose toujours une analyse en deux temps. Le premier temps consiste à observer le langage à travers les quatre types d’équivalence et l’étude des procédés stylistiques (figures de style...). Le deuxième temps propose toujours une interprétation sémantique du poème à partir de ces observations sur le langage. On part donc du langage pour déboucher sur les sens du poème.



    L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
            Meurt comme de la fumée,
    Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles,
            Se plaignent les tourterelles.

    Combien, ô voyageur, ce paysage blême
            Te mira blême toi-même,
    Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
            Tes espérances noyées !



    A) OBSERVATIONS SUR LE PLAN DU LANGAGE

    1) RELATIONS D’ÉQUIVALENCE SUR LE PLAN PHONIQUE


    Sur le plan phonique, on remarquera
    - que toutes les rimes sont féminines (Verlaine se libère ici de la contrainte de l’alternance entre les rimes masculines et féminines).
    - l’allitération en « r » dans la première strophe.
    - l’allitération en « m » dans les vers 1 et 2.
    - le début phonique est identique dans « plaignent » et « pleuraient » (voir aussi le rapport sémantique entre ces deux mots).
    - le son « è » disséminé dans les vers 4, 5 et 6 (« plaignent », « blême » et « blême »).
    - la répétition du groupe « br » au vers 1 (« ombres » , « arbres » , « embrumées »).
    - la répétition du groupe « ag » au vers 5 (« voyageur » , « paysage »)


    2) RELATIONS D’ÉQUIVALENCE SUR LE PLAN MÉTRIQUE

    a) Équivalences métriques accentuelles


    On remarque le rythme ternaire du septième vers (3 / 3 / 3 / 3) : Et que TRIStes pleuRAIENT dans les HAUTes feuiLLÉES.
    Les autres vers offrent une métrique accentuelle très variée. Les vers qui offriraient des équivalences métriques accentuelles sont donc inexistants.


    b) Équivalences métriques syllabiques

    Les vers impairs sont des alexandrins et les vers pairs sont heptasyllabiques. Le vers impair est, signalons-le, l’instrument favori de Paul Verlaine (le vers impair est étranger à l’éloquence).
    On observe que chaque vers pair offre une thématique assez pessimiste (« meurt » ; « se plaignent » ; « blême » ; « noyées »). Nous pouvons établir une distinction entre les deux premiers vers impairs et les deux suivants sur le plan de la modalité temporelle et des allusions à la personne : le présent (« meurt », « se plaignent ») et le passé (« mira », « noyées »), un discours non personnel (aucune allusion à une première ou à une deuxième personne ) et un discours personnel ( « te » et « tes »).


    3) RELATIONS D’ÉQUIVALENCE AU NIVEAU LEXICO-SÉMANTIQUE

    a) répétitions de mots : « blême » (deux fois : la répétition de ce mot souligne d’ailleurs la parenté entre le paysage extérieur et le malaise du poète).

    b) synonymes : pas de synonymes.

    c) relations sémantiques entre des mots différents :

    - « arbres », « rivières », « ramures », « feuillées » : le sème commun est la nature.
    - « se plaignent » et « pleuraient » : le sème commun est la tristesse (ces deux mots font également appel au sens de l’ouïe).
    - « meurt » et « noyées » : le sème commun est la mort.
    - « rivières » et « noyées » : le sème commun est l’eau.
    - « air », « hautes » : le sème commun est la hauteur.
    - « ombre » , « embrumées » et « fumée » : ces trois mots font appel sens de la vue.
    - « fumée » et « embrumée » : ces deux mots impliquent un effacement des contours (le paysage semble peu défini).
    - « ombre » et « réel » : ces deux mots offrent une opposition sémantique entre le reflet et le réel.


    4) RELATIONS D’ÉQUIVALENCE SUR LE PLAN GRAMMATICAL


    Sur le plan de ces équivalences, on ne peut bien sûr pas aborder tous les aspects. Il convient de relever les éléments les plus pertinents sur le plan grammatical.

    a) Les équivalences syntaxiques

    - fonction des mots
    - structure des phrases

    • On remarque la fausse symétrie entre « tandis que » et « et que » : les deux jonctions semblent se faire de la même façon, mais en réalité il s’agit dans le premier cas d’une locution conjonctive et dans le deuxième cas d’un adverbe exclamatif.
    En outre le septième vers constitue un écart syntaxique dans la mesure où il aurait été plus « correct » d’écrire : « et comme elles pleuraient tristement ».
    On notera à ce propos que le texte de la première strophe est énonciatif (aucune affectivité n’y est exprimée) , tandis que celui de la deuxième strophe est exclamatif ( « combien », « et que », « ô »).

    • On ne trouve des compléments cisconstanciels de lieu que dans les alexandrins (« dans la rivière embrumée » ; «parmi les ramures réelle » ; « dans les hautes feuillées ». Le troisième complément circonstanciel de lieu (« dans les hautes feuillées » ) répète en fait le deuxième (« parmi les ramures réelles »), mais avec une variation totale entre les mots.
    On observe que le dernier complément circonstanciel de lieu s’intercale entre le verbe et le sujet, créant ainsi un petit effet de dramatisation mettant l’accent sur le dernier vers. Une construction plus logique aurait été la suivante : « Et comme tes espérances noyées pleuraient tristement dans les hautes feuillées ». On remarquera également que ces compléments circonstanciels de lieu ont une place fixe dans le vers (fin de vers), mais mobile dans la syntaxe de la phrase.

    b) Les équivalences morphologiques

    - nature des mots
    - équivalences fondées sur les catégories grammaticales (temps, personne, nombre et genre)

    • Aucune allusion à la première personne et à la deuxième personne dans la strophe 1.
    Allusion à la deuxième personne dans la strophe 2 (« te » ; « toi-même » ; « toi »).

    • On trouve le temps du présent dans la première strophe (« meurt » et « se plaignent »). Par contre, dans la deuxième strophe, ce sont les temps du passé qui apparaissent (« mira » et « pleuraient »). Ce passage au passé, qui est assez curieux, est lié au passage au discours personnel, à l’intériorité et à l’intensité. Le passé simple « mira » est le seul verbe du poème à exprimer une action qui n’est pas envisagée sous l’angle de la durée.

    • Le singulier domine dans les vers 1, 2, 5 et 6. Le pluriel domine dans les vers 3, 4, 7 et 8.

    • La première strophe est dominée par le règne des articles définis (6 articles définis) qui sont quasi inexistants dans la deuxième strophe (1’ article défini).

    • On observera que la plupart des verbes du poème concourent à créer des éléments de personnification si l’on tient compte des sujets qui y sont accouplés : l’ombre meurt, les tourterelles se plaignent, les espérances pleurent et sont noyées.

    Remarque :

    On remarquera dans le poème de Verlaine les figures de style suivantes :
    • L’ombre meurt : métaphore
    • L’ombre meurt comme de la fumée : comparaison (thème de l’indistinct).
    • Paysage blême : métaphore qui associe le paysage et l’homme (le voyageur s’identifie au paysage).
    • Pleuraient tes espérances : métaphore qui associe la tristesse au thème du liquide.
    • Tes espérances noyées : métaphore qui associe la perte de l’espoir au thème du liquide.



    B) INTERPRÉTATION SÉMANTIQUE


    Dans un premier temps est décrit un paysage. Dans les deux premiers vers qui développent le sens de la vue, on observe l’image du reflet vers le bas : l’arbre dans la rivière. Dans les troisième et quatrième vers, est développé le « bruit » du règne animal : les tourterelles se plaignent (on se retrouve cette fois-ci dans les hauteurs). À un décor flou décrit dans les deux premiers vers (les choses perdent leur consistance) succède donc la vérité d’un paysage réel (« ramures réelles ») dans les deux vers suivants qui développent le sens de l’ouie. En résumé, dans la première strophe, le poète évoque un paysage dans un présent intemporel : la personne n’est pas concernée par le paysage.

    Dans un deuxième temps, le même paysage (« ce paysage ») est réinterprété d’une façon intériorisée : le paysage devient l’état d’âme d’un « tu ». Le paysage, dont on a parlé dans la première strophe, est blême et regarde le voyageur blême lui aussi ( le paysage renvoie au voyageur une image décevante et envoie au voyageur sa propre vérité) : le sens de la vue et le niveau spatial du bas sont donc à nouveau développés.
    Dans les hauteurs, on entend à nouveau le « bruit » (pleuraient) de la tristesse de l’homme (bruit qui renvoie aux tourterelles de la première strophe). En résumé, la deuxième strophe nous fait passer à ce qui est vécu personnellement par le narrateur.

    En conclusion, le monde extérieur (un paysage dans la strophe 1) est devenu le miroir du monde intérieur (une méditation dans la strophe 2). Chaque strophe nous a fait entrevoir le thème du double (mirage et réalité, bas et haut, le voyageur qui voyait son reflet dans l’eau, singulier et pluriel) à travers un espace et un temps vertigineux...

                                                                            Illustration : Emilio Danero