• Le symbolisme

    Rimbaud

    Le symbolisme est le troisième mouvement littéraire qui achève le dix-neuvième siècle. Avec des poètes comme Baudelaire et surtout Rimbaud, il annonce la modernité du vingtième siècle. Cet article vous offre quelques repères concernant cette période essentielle.



    1) Le symbole

    On peut définir le symbole comme étant la représentation concrète d’une idée abstraite (la balance, par exemple, symbolise la justice). Il établit donc un rapport entre le monde des choses et le monde des idées.

    En utilisant le symbole, les symbolistes marquent, d’une certaine façon, leur refus du réalisme (qui aime la description des choses) et du romantisme (attaché à défendre des idées dans une poésie parfois sociale). Chez les symbolistes, l’objet matériel qui symbolise la réalité abstraite est souvent suggéré (il n’est pas nommé). Lorsque l’objet est nommé (voir la dentelle ou le miroir chez Mallarmé), il est susceptible de recevoir plusieurs interprétations.


    2) Quelques repères généraux

    Ce courant est apparu en réaction contre le réalisme (le symbolisme estime, en effet que l’observation du réel n’offre pas de perspectives illimitées, car elle ne permet pas de développer l’imagination)
    Le symbolisme estime que :
    - la poésie réaliste est trop froide.
    - le roman réaliste et surtout naturaliste (réalisme poussé à l’extrême comme chez Zola) tourne au document ou au reportage.

    C’est surtout Baudelaire qui ouvre la voie au symbolisme (il établit des correspondances entre le monde des sensations et l’univers suprasensible. Sa poésie est musicale : elle n’est ni éloquente ni descriptive. La confidence se fait, chez lui, allusive, voilée.).

    Les thèmes abordés dans le symbolisme : l’imaginaire, le mystère, l’inconscient, le rêve, la découverte d’un autre monde derrière le monde sensible, etc. Le monde qui nous environne n’est en effet que le reflet d’un univers spirituel. Les écrivains symbolistes rêvent donc d’atteindre un vrai monde (un monde impalpable, inaccessible, intérieur) caché derrière le monde visible des choses et des êtres.

    Les symbolistes recourent au symbole, à la métaphore, à l’allusion (au lieu de NOMMER un objet, ils le suggèrent). Pensons à Mallarmé qui écrivait : « Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de discerner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve ».

    On peut observer une ressemblance entre les symbolistes et les peintres impressionnistes (Renoir, Degas, Monet) qui cherchent moins à reproduire le réel qu’à le transformer impressions de lumière et de couleurs.

    Les musiciens Gabriel Fauré et Debussy s’inspirent des symbolistes.


    3) Une distinction à établir

    Pour parler de la poésie symboliste du 19e siècle en France, il ne faut pas confondre les deux axes suivants :

    A) Un grand courant d’idées (environ 1850 à environ 1900) regroupant des écrivains qui ne portent pas l’étiquette de « symbolistes »

    B) Une école littéraire précédée par les décadents (environ 1880 à environ 1900)



    A) Le courant symboliste

    Rappelons que ce courant repose sur le sens du MYSTÈRE en nous et autour de nous.
    Les poètes appartenant à ce courant offrent une poésie non descriptive : pour atteindre l’âme des choses, au-delà des apparences, la poésie se sert du SYMBOLE (« symboliser est évoquer, non dire et narrer et peindre » affirmera René Ghil). Le symbole représente une idée abstraite, un état d’âme, par un objet ou un être concret : « Mon coeur est un beau lac solitaire qui tremble » (Albert Samain). Les poètes aiment créer des analogies entre l’idée abstraite et la réalité qui la représente. C’est une poésie liée à l’inconnaissable et à l’inconscient (le rêve y joue un rôle très important), une poésie qui sera suggestive et musicale.

    • NERVAL (qui développe les thèmes du surréel, du rêve, etc.)
    • BAUDELAIRE (qui développe des correspondances horizontales entre les sensations et des correspondances verticales entre le monde sensible et le monde abstrait)
    • LAUTRÉAMONT qui annonce le surréalisme
    • VERLAINE (dont la poésie est une musique suggestive qui fait appel au rêve, à la nostalgie, à la transposition des états d’âme en sensations, etc.)
    • RIMBAUD (qui accentue l’aspect surréel)
    • MALLARMÉ (qui nous guide sur la voie de l’hermétisme)
    • CHARLES CROS, TRISTAN CORBIÈRE


    B) Les décadents et les symbolistes (1880-1900)

    1) Les décadents : vers 1880 quelques poètes vont vouloir détruire la discipline parnassienne. Ils se pareront du titre de décadents (laisser-aller volontaire, vers et syntaxe désarticulés, mélange de jeux de mots, d’expressions familières et de refrains populaires, etc.).
    cf. HUYSMANS, JULES LAFORGUE

    2) Les symbolistes : le symbolisme détrône le décadisme.
    En 1886 JEAN MORÉAS écrit le Manifeste du symbolisme (puis rompt avec les symbolistes, car il souhaite revenir à une poésie plus classique).
    Les symbolistes se servent souvent du vers libre (pas de règles fixes : vers de plus de douze syllabes, assonances, rythme variable...). Parmi ces symbolistes, retenons le nom d’ALBERT SAMAIN.