• Bruno Hongre nous propose un deuxième article faisant suite à celui qui est intitulé : «Qu’est-ce qu’expliquer un texte ?». Il imagine maintenant des questions posées par un(e) élève à son professeur : ces questions sont toujours liées à l’explication de texte. Les réponses ont le mérite d’offrir des pistes de réflexion très intéressantes abordant les aspects suivants : le travail que suppose une oeuvre, la sincérité calculée de l’écrivain, la nécessité d’une rigueur sur le plan de l’explication de texte et l’utilité de l’explication de texte.

     


    QUESTIONS D’UN(E) ÉLÈVE À SON PROFESSEUR

    (à la suite des remarques faites précédemment sur les deux phrases qui achèvent L’Eclat d’obus de Maurice Leblanc, un(e) élève réagit :)



    « Mais Monsieur, franchement, l’auteur a-t-il pensé à tout cela ? »

    On peut dire… que oui. En tout cas, beaucoup plus qu’on ne l’imagine. Il faut bien se rendre compte de tout le travail que suppose une œuvre. Ce qu’on appelle l’inspiration n’est qu’une première étape. Elle se réduit souvent à l’idée d’un sujet (c’est encore une nébuleuse), à l’élan vers un thème (que tout à coup il sent comme personnel), ou parfois même à la nécessité de faire « une œuvre de circonstance ». Une fois saisi par cette idée de départ, l’écrivain passe beaucoup de temps à concevoir l’œuvre, à ordonner les thèmes, à agencer une intrigue, à équilibrer les parties, à découper en chapitres, en paragraphes, en faisant des sauts en avant ou en arrière ; puis il accumule les notes, observe, classe, reproduit, rédige, rature, rédige, calcule l’effet de ses phrases en renforçant ou en allégeant l’expression (et tout cela, il peut le faire dans l’ordre ou dans le désordre, qu’il écrive manuellement ou qu’il saisisse sur traitement de textes). Si l’on ajoute à ce labeur les règles à respecter, les contraintes de tel ou tel genre littéraire, on comprend qu’écrire exige au moins autant de transpiration que d’inspiration ! L’auteur doit penser à tout…
    Les préfaces, les carnets d’écrivains, les variantes ou les versions diverses d’un manuscrit, l’étude de la versification ou des figures de style, – tout le prouve. Pour écrire le vers le plus émouvant, il a bien fallu compter les syllabes et respecter les rimes…
    N’oubliez jamais que l’auteur ne veut pas seulement écrire pour lui-même : il veut aller au public, il veut que son œuvre soit lue, reçue, comprise, aimée. Il craint – cela vous étonne ? – l’ennui du lecteur. Il recherche donc l’efficacité, qu’il s’agisse pour lui de faire réfléchir, faire rire ou faire pleurer.
    Il recherche aussi l’originalité, car s’il avait le sentiment de ne faire que répéter ce que tout le monde sait ou ce que d’autres ont déjà si bien dit, il n’oserait plus écrire. Pour manifester sa marque, son style, l’inspiration ne suffit pas. Pour que son cri paraisse spontané, il doit le moduler. Et même lorsqu’une jolie tournure, une expression heureuse lui vient à l’esprit par hasard, ce n’est jamais par hasard qu’il la conserve : il faut que cela obéisse à ses choix esthétiques, que cela entre dans la cohérence de son livre, que cela corresponde à ce qu’il veut vraiment dire. Naturellement, dans tout ceci, je parle des bons écrivains.


    « Mais alors, si je comprends bien, tout est affaire de calcul, et non de sincérité ? »

    L’émotion est une chose, son expression en est une autre, même si parfois les deux jaillissent en même temps. Souvent, le premier mot, le « cri » spontané, sonnent faux. Et c’est au contraire en cherchant en soi ce qu’on éprouve précisément qu’on affine sa sincérité. « La poésie est un cri, mais c’est un cri habillé », dit Max Jacob.
    Prenez l’exemple d’un peintre. Il ne veut pas mentir : il veut représenter aussi exactement que possible le sujet qu’il a en face de lui. Regardez-le faire : il est bien obligé de calculer. Il est d’autant plus obligé de calculer qu’il doit donner l’illusion, sur la surface plane du tableau, d’un monde réel en trois dimensions. Il lui faut jouer avec les lois de la perspective, les contrastes de tons, les mélanges de couleurs, pour produire aux yeux du spectateur une impression de réalité. Et même, pour retrouver sa propre impression devant cette réalité. Aussi profond que soit son sentiment de la nature, ou sa fascination pour un visage, il travaille, il corrige, il recule pour juger de l’effet des formes, il retouche sans arrêt. Bref, il est un artiste, et pas seulement un homme ému…
    Il en est de même pour l’écrivain, le dramaturge ou le poète. Il ne suffit pas qu’il soit ému, il faut qu’il soit émouvant. Pour écrire juste, comme un musicien ou un acteur qui «joue juste», il doit maîtriser la langue et le style. Il doit composer son tableau, lui aussi, pour rendre sensible le thème auquel il est sensible. Ce n’est pas là de l’«insincérité» (même si évidemment les techniques artistiques permettent aussi de tricher). À la limite, c’est contre la spontanéité que se conquiert la sincérité.
    Ce calcul de l’artiste n’est pas forcément « froid ». Il est souvent intuitif. Après bien des années passées à maîtriser son art, l’écrivain – comme le peintre avec son pinceau –, peut réussir du premier coup son trait de style. Il y a bien « calcul », car toute maîtrise est le fruit d’un savoir-faire ; mais ce calcul est devenu comme instinctif. Guidé par son désir expressif, fidèle à cette forme de sincérité que l’on appelle souvent la « nécessité intérieure », l’auteur corrige, ajoute, retranche, modifie ; mais c’est devenu chez lui une seconde nature, – et non pas une attitude froide, cynique, délibérée, de calculateur abstrait .


    « Par exemple ? »

    Un bon exemple nous est donné par Victor Hugo, lorsqu’il écrit, pour célébrer l’anniversaire de la mort de sa fille, le poème « Demain, dès l’aube… ». Dans ce texte, le poète affiche sa peine : il fait de beaux vers émouvants ; il se montre si triste qu’il dit : «je ne verrai ni l’or du soir qui tombe/, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur» (non sans rappeler, en peignant ce tableau, sa palette et sa technique de bon versificateur !) ; bref, il travaille son cri de douleur, tout en l’exprimant, pour nous communiquer sa souffrance. Ainsi, dans un même mouvement, il est ému et il calcule l’expression de son émotion. Cela signifie-t-il qu’il n’est pas sincère ? Non : il veut seulement faire partager sa souffrance. Quant à nous, si nous « expliquons » son poème, nous n’aurons pas honte de relever les procédés dont il se sert ; nous voulons ainsi mieux comprendre sa souffrance, et peut-être mieux la ressentir ; ou même, inversement, la relativiser en décelant un peu trop de narcissisme dans l’exhibition de cette douleur. Tout cela est très instructif, quoi qu’il en soit.
    Il n’y a pas que l’exemple des « grands » auteurs. Chacun de nous travaille son expression orale ou écrite. Roland Barthes cite le cas très banal d’une lettre de condoléances. Supposez que votre meilleur ami perde un être cher. Vous êtes sensible à son chagrin. Vous voulez l’assurer que vous êtes en communion de cœur avec lui. Vous songez donc à lui écrire : « Sincères condoléances. » En disant cela, vous exprimez très exactement votre sentiment, puisque les trois mots « condoléances », sympathie » et « compassion » signifient tous, d’après leur étymologie : « souffrance avec », communion dans la douleur. Cependant, en lisant simplement les mots « sincères condoléances » dans votre lettre, votre ami croira que vous êtes insensible à sa peine, car l’expression est usée. Alors, vous allez prendre votre plus belle plume et, pendant une heure ou deux, vous allez écrire, raturer, travailler vos phrases, mettre au point une lettre originale, adroite ou non, mais qui touchera votre ami. Eh bien, ce faisant, vous vous livrez à un travail d’écrivain qui est en même temps un effort de sincérité.
    Ainsi, l’écrivain authentique est quelqu’un qui ne se satisfait pas des expressions passe-partout, banales, stéréotypées. Il désire mettre en forme claire la nébuleuse intérieure qu’il porte en lui-même, pour la transmettre le plus fidèlement possible au lecteur ; s’il ne faisait pas cet effort, il aurait le sentiment de se trahir lui-même, en ne traduisant pas exactement ce qu’il éprouve. Nous autres, en allant à la rencontre de son œuvre, c’est son originalité d’homme et d’artiste, indistinctement, que nous recherchons et tentons de mettre en valeur. Bien expliquer un texte, c’est ne pas manquer cette rencontre.


    « Mais vous pensez donc que les auteurs arrivent toujours à exprimer à 100% ce qu’ils veulent dire ? »

    La question est complexe. On peut répondre « oui » dans le sens où l’auteur véritable parvient toujours à dire ce qu’il veut dire : il en a les moyens littéraires. Mais il en dit parfois davantage qu’il ne l’imagine… le problème étant de savoir exactement en quoi consiste ce que l’on « veut » dire » !
    Je m’explique. En vérité, le « vouloir dire » de l’écrivain ne se limite pas à ce qu’il a totalement conscience d’exprimer. Si l’auteur dit bien tout ce qu’il croit dire, il ne sait pas totalement ce qu’il dit. Pourquoi ? Parce qu’il est traversé, comme on l’a vu :

    • par toutes les données de tout son inconscient personnel, que les critiques littéraires, en s’appuyant sur toute l’œuvre, arrivent souvent à mieux connaître que l’auteur lui-même ;

    • par les données de son époque, dont les conceptions dominantes le marquent sans qu’il le sache toujours (c’est sa part d’inconscient collectif, si l’on veut), même si le génie des grands écrivains est justement de dépasser leur époque) ;

    • par de multiples influences esthétiques, plus ou moins reconnues, qui viennent d’autres œuvres, des mouvements culturels divers, des modes littéraires, des genres codés qui lui préexistent, etc.

    De là vient que, sans en connaître l’auteur, on peut attribuer une œuvre à telle ou telle période de la littérature. De là vient qu’un écrivain qui, durant toute sa vie, s’est opposé à son époque, un siècle après, sera considéré comme représentatif de cette époque (Flaubert, par exemple). Il serait bien étonné s’il pouvait lire par anticipation les futurs manuels de Littérature ou d’Histoire…
    Ces remarques ne dispensent naturellement pas d’étudier ce que dit et ce que fait consciemment l’auteur en écrivant son texte. Elles complètent simplement les objectifs de l’explication. Ainsi, expliquer un texte, ce n’est pas seulement expliquer ce qu’a voulu dire l’auteur, c’est aussi montrer ce qu’il a pu dire sans le vouloir.


    « Dans ce cas, on peut faire dire n’importe quoi à n’importe quel écrivain ! »

    Erreur !!! Car le texte est là, dans sa matérialité. Il faut être très prudent. Examiner tout le texte, rien que le texte, et ne rien projeter sur le texte qui soit en contradiction objective avec des éléments du texte… Concrètement, on peut distinguer ce qui est absolument sûr de ce qui reste du domaine de l’interprétation, de l’hypothèse. Et, quelles que soient nos intuitions, tout contrôler par un regard rigoureux sur le texte :

    • Soit à l’échelon de l’œuvre entière, en mettant en rapport de multiples passages, en étudiant les cohérences internes de l’œuvre ;

    • Soit à l’échelon des extraits limités qu’on étudie en cours ou à l’examen, en appuyant la moindre hypothèse de lecture sur tous les aspects objectifs du texte, comme on le précisera dans l’article suivant (choix des mots, réseau lexical, figures de style, syntaxe, rythme et sonorités, etc.).
    Le texte est roi. C’est toujours à lui qu’il faut se soumettre en dernier ressort, même si, pour faire « parler » l’œuvre, on peut partir d’un certain nombre de lieux qui lui sont extérieurs (la connaissance de l’époque, le savoir psychanalytique, l’intertextualité, etc.).


    « Tout ce travail, à quoi ça nous mène, finalement ? »

    Vous me demandez, en somme, à quoi sert l’explication de texte ?
    Je dirai, en vrac : à mieux comprendre, à mieux sentir, à mieux juger, à mieux écrire, à mieux vivre !


    A MIEUX COMPRENDRE :

    Le sens global, bien sûr. Mais surtout les nuances de sens. On croit parfois qu’étudier les moyens d’expression, c’est couper les cheveux en quatre : pas du tout ! Les significations sont indissociables des processus de signification. Comprendre un texte, ce n’est pas le réduire au thème général qu’il illustre, c’est entrer dans la vision particulière d’un auteur, c’est déceler les cohérences profondes de son univers personnel.


    A MIEUX SENTIR :

    L’attention aux phrases, à leur agencement, aux vers, etc., conduit à mieux percevoir ce qu’ils évoquent, à mieux « écouter » leur mélodie, à mieux rêver avec un écrivain, à devenir poète ou visionnaire avec lui… L’habitude de fréquenter les textes affine ainsi la vie intérieure, développe notre sensibilité aux langages et à leurs nuances, et nous mène, en fin de compte, à mieux nous connaître en saisissant la nature de nos émotions.


    A MIEUX JUGER :

    Mieux apprécier les textes, c’est à la fois :

    savoir critiquer. Ne pas gober n’importe quoi. Connaître les feintes du langage, déjouer les pièges de la rhétorique. Reconnaître les « ficelles » de l’illusion réaliste. Détecter les idéologies suspectes qui se camouflent dans l’argumentation ou les sophismes de certains discours ou textes dits « argumentatifs »… Savoir comment, et en quels endroits, certains auteurs peuvent nous tromper (ou se tromper !). En un mot, ne pas se laisser convaincre par n’importe quel texte, si entraînant soit-il ;

    * savoir admirer. Oser admirer ! Mesurer les difficultés que l’écrivain a su vaincre pour composer une œuvre, une page, une phrase. S’étonner devant la puissance d’un imaginaire, l’allégresse d’un style, la hardiesse d’une dénonciation. Ne pas s’extasier devant des ouvrages trop faciles, et apprendre à reconnaître les oeuvres de grande qualité, même si elles nous semblent pas telles au premier abord.


    A MIEUX ECRIRE :

    A travers les textes, jusque dans leurs moindres détails, nous recevons une perpétuelle leçon d’écriture. Cela ne vous tente-t-il pas ? Admirer une oeuvre remarquable, c’est souvent ipso facto avoir envie de l’imiter (beaucoup de vocations d’écrivains sont nées ainsi). Sans aller jusque-là, on peut au moins enrichir sa langue, adopter des tournures plus aisées, étendre ses moyens d’expression personnels. La langue courante, que nous employons, a été forgée par tous ceux qui la parlent, mais aussi par tous ceux qui l’écrivent, dans un va-et-vient continuel auquel vous participez sans le savoir.


    A MIEUX VIVRE :

    Cela vous étonne ? Mais pourquoi s’intéresserait-on aux œuvres, en dernier ressort, si celles-ci n’avaient rien à dire à notre vie ? Avec leurs émotions, leurs drames, leurs rêves, leurs doutes, leurs intuitions, et toute la force de leur génie, les écrivains composent le Grand Livre de l’Humanité. Mais nous, de notre côté, avec nos émotions, nos rêves, nos questions, nos expériences, nous vivons le grand livre de notre vie. Eh bien, ces deux « grands livres » ne sont pas sans rapport l’un avec l’autre. La parole des auteurs est souvent la nôtre. Ils nous expriment en s’exprimant eux-mêmes. Ils nous aident à énoncer nos angoisses, à rêver nos rêves, à porter nos interrogations. Ainsi, mieux comprendre les textes c’est mieux comprendre notre propre existence.


    « Mais alors, Monsieur, pour bien comprendre et ressentir un texte, il faudrait y entrer avec tout soi-même ? »

    Sans doute. Idéalement, oui. C’est ce que fait un vrai lecteur. Même si, en cours, un professeur ne livre pas trop sa réaction personnelle devant les livres, même s’il l’atténue ou la feutre sous un commentaire savant, c’est tout de même en raison de cet amour existentiel de la littérature qu’il a choisi de l’enseigner. On ne lit à fond un texte qu’en le lisant avec « tout » soi-même. Bien entendu, on n’en demande pas tant dans l’exercice scolaire de l’explication. Je connais d’ailleurs plus d’un adolescent qui, devant certains sujets proposés à l’examen, ricaneraient si on leur disait que ces textes ont un rapport quelconque avec leur existence passée, présente, ou à venir. Mais c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas encore pris conscience de ce « grand livre de la vie », fait de mots et d’expérience, qui est déjà inscrit dans leur tête, et qui leur permettrait, s’ils le connaissaient mieux, d’entrer – au poins partiellement» – en résonance avec les textes.

    Bien entendu, pour entrer ainsi dans le texte, pour y retentir, il y a quelques pistes à suivre. Des méthodes pour apprendre à voir, et aussi des méthodes pour apprendre à sentir. Ce sera l’objet d’un autre article, prochainement sur ce site…

    (à suivre)

    Bruno Hongre ©2003

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    Je suis heureux de vous offrir trois articles de Bruno Hongre, professeur de français, essayiste et écrivain.
    Le premier article que Bruno Hongre vous propose est « Qu’est-ce qu’expliquer un texte ?». Voilà une question hors du commun à laquelle il répond avec intelligence et d’une manière très originale. La force de son propos est liée, entre autres, au souci didactique : la théorie est souvent relayée par des exemples percutants.
    Je tiens à remercier Bruno Hongre pour sa contribution personnelle à Frandidac.

     

    EXPLIQUER UN TEXTE

    Expliquer un texte, c’est expliquer ce qu’il dit et montrer comment il le dit. L’un ne va pas sans l’autre.

    • Ce qu’il dit.
    Un texte n’est jamais aussi évident qu’il a en a l’air. Il ne suffit pas de dégager son sens global ou d’isoler ses thèmes principaux (ou ses champs lexicaux). Il faut préciser ses diverses significations, analyser les effets successifs qu’il produit, saisir les nuances qui le différencient des autres textes de même type.

    • Comment il le dit.
    Un texte ne se réduit pas à ses significations, à son contenu, à son « message ». Pour faire passer ce message, en effet, il a été composé. Pour produire tel ou tel effet sur le lecteur, il a été travaillé. Il faut donc étudier comment le texte fonctionne, par quels moyens il agit, par quels traits de style il se révèle efficace. Bref, montrer sa spécificité de texte littéraire.

    • L’un ne va pas sans l’autre.
    Les deux approches vont de pair, car les moindres nuances de style correspondent à des nuances de la pensée. Les choix esthétiques de l’auteur sont liés à sa volonté de signification. Ainsi, l’étude attentive du fonc-tionnement d’une page permet seule de comprendre et de ressentir son sens profond. Et inversement, seule la saisie complète de ses significations permet de rendre compte de sa réussite artistique.
    Ecrire un texte, c’est bien plus que s’exprimer : c’est l’art de signifier, de faire sentir, faire agir, faire rêver.
    Expliquer un texte, c’est beaucoup plus que le « traduire » : c’est montrer comment il signifie, comment il fait sentir, agir, rêver…


    UN EXEMPLE POUR BIEN COMPRENDRE

    Plaçons nous dans la perspective d’un écrivain qui désire, par exemple, exprimer l’effroi de l’homme devant l’espace. Il peut simplement écrire :
    L’espace est effrayant.
    Voilà en effet ce qu’il « veut » dire. Mais en se relisant, il ne sera pas satisfait. Sa courte phrase n’est vraiment pas assez expressive. Pour rendre l’idée plus sensible, il peut par exemple introduire un pronom personnel intégrant les hommes à son point de vue, et mettre le verbe au présent :
    L’espace nous effraie.
    Nous sommes « impliqués », mais c’est encore un peu terne. Le mot espace demeure un peu abstrait : il faut sans doute préciser que c’est sa dimension concrète qui nous effraie et, tant qu’à faire, multiplier l’espace en le mettant au pluriel. Ce qui donne :
    Les espaces infinis nous effraient.
    L’auteur peut alors penser que l’être humain est souvent seul lorsqu’il contemple l’espace ; en tout cas, il ressent davantage sa solitude. D’où cette nuance :
    Les espaces infinis m’effraient.
    La disproportion entre l’infinité du ciel et la solitude du moi (réduit dans la phrase à un seul « m’ ») rend l’effroi plus crédible. De tout temps, le sujet humain a pu l’éprouver. De tout temps ? Voilà l’idée d’éternité qui vient à l’esprit de notre auteur, et lui permet d’enrichir encore sa formule :
    L’éternité des espaces infinis m’effraie.
    Le lecteur ressent déjà mieux la condition de l’être humain perdu dans une double infinité, celle de l’espace et celle du temps. L’homme interroge cet univers, mais rien –jamais– ne lui répond. C’est peut-être l’occasion d’introduire dans la phrase l’idée du silence de cet univers. L’auteur rature alors, et écrit :
    Le silence éternel des espaces infinis m’effraie.
    On voit bien la supériorité de cette formule sur celles qui précèdent : le silence, en effet, ce n’est pas seulement l’absence de bruit, c’est l’absence de parole, c’est l’absence de réponse. Le « silence éternel » implique une question éternelle, celle que pose l’être humain sur sa destinée dans cet univers. Cet univers, ces espaces, qui nous entourent de toutes parts. Pour concrétiser ce vaste environnement, l’auteur peut glisser au bon endroit un adjectif démonstratif, qui donne à la phrase sa facture définitive, que voici :
    Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.
    L’auteur peut se réjouir. Cette phrase écrite à la première personne place le lecteur dans la position idéale pour qu’il éprouve un réel vertige : il lui semble voir ces espaces infinis se multiplier sous son regard, silencieusement. Cette impression d’extension est d’ailleurs soulignée par les allitérations (sept fois la consonne S ou Z : faites les liaisons en lisant) :
    « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie. »
    On peut observer que cette formule ne fait pas qu’exprimer une idée : elle la précise, elle la rend sensible à l’esprit du lecteur, elle la met en scène. La réduire à son sens initial l’aurait dénaturée, en ignorant tout le travail d’écriture de l’auteur pour mettre en valeur sa pensée. Cet auteur a un nom : il s’appelle Blaise Pascal.

    Qu’il ait rédigé cette phrase en s’y reprenant à plusieurs reprises, comme nous avons feint de le faire, ou en un seul jet, cela n’a pas d’importance : il a bien utilisé tous les procédés que nous avons énumérés. À partir d’un thème commun, il a bien produit un maximum d’effets et de significations. Eh bien, ce chemin que l’auteur a suivi, nous devons le prendre en sens inverse. Étant donné le « produit fini » qu’est la phrase que nous avons sous les yeux, notre travail d’explication consistera à analyser ses divers procédés d’élaboration, pour mieux la « comprendre » et en mesurer la portée. La méthode consistera en un examen systématique des moyens d’expression et des effets qu’ils produisent (choix des termes évoquant un espace-temps doublement infini ; verbe au présent ; pronom personnel réduit à « m’ » ; place des mots ; rejet de l’effroi en fin de phrase ; agencement d’un bloc de termes évoquant l’univers en extension ; rôle des sonorités, etc.).
    Le commentaire ne se limitera d’ailleurs pas à la phrase elle-même. La connaissance du contexte permettra d’en préciser encore la signification : il ne s’agit pas en effet d’un cri autobiographique de la part de Pascal. Si celui-ci a pu un jour éprouver ce vertige, sa foi en Dieu l’a définitivement rassuré. Mais il s’agit pour lui, dans son ouvrage (Les Pensées), de faire éprouver par le lecteur incroyant la solitude de l’homme dans l’univers, pour l’ébranler, et l’amener à s’interroger sur l’existence de Dieu. On comprend mieux, dès lors, pourquoi Pascal a travaillé à ce point sa formule. Il veut être efficace et, d’ailleurs, on lui a reproché l’aspect trop calculé de sa phrase. Mais c’est là sa liberté d’auteur. Celle du lecteur, ce sera justement de savoir déjouer les pièges de l’auteur. D’où l’utilité de l’explication de texte.


    CE QUE N’EST PAS « EXPLIQUER UN TEXTE »

    Rappelons que la langue, avec son vocabulaire, sa morphologie, sa syntaxe, constitue un code premier, fondamental.
    La littérature, avec ses grands genres (poésie, théâtre, roman, discours), ajoute à ce code de base une série de codes seconds qui sont précisément les codes littéraires.
    L’art d’écrire consiste à bien manier ces codes. L’art d’expliquer une page consiste à bien analyser ce maniement. Ce que l’auteur a encodé avec les mots de la langue et les règles d’un genre, notre tâche va être de le décoder. Cela suppose une étude aussi complète que possible des effets du texte, mais aussi des procédés qui ont permis de les produire.
    Pour bien préciser ce qu’il faut faire, nous allons passer en revue les quatre principaux écueils à éviter. Expliquer un texte, donc :

    Ce n’est pas le réduire à son sens. Et encore moins au thème général qu’il illustre. Qu’un poème chante la joie d’aimer, la beauté de la nature ou la douleur d’un deuil, cela ne suffit pas à le rendre émouvant. Il faut sans doute évoquer l’intensité du thème et bien saisir le sens de la page ; mais ce n’est qu’un point de départ. Le but, c’est de montrer en quoi l’auteur est original dans le traitement du sujet. La spécificité du texte réside rarement dans ses significations seules, elle est plutôt dans l’articulation entre le « fond » et la « forme ». La mauvaise explication est celle qui dit : « Une fois de plus, nous voyons développer le thème de l’amour, qui a toujours ému les poètes. » La bonne, c’est celle qui montre comment, sur ce thème classique de l’amour, l’auteur est parvenu à être original, à nous émouvoir donc, en procédant d’une manière qui le distingue de ce qu’ont fait les autres. On vient de le voir avec la pensée de Pascal : ce n’est pas l’angoisse de l’homme devant l’univers qui explique l’efficacité de sa phrase, c’est à l’inverse l’efficacité de sa phrase qui suscite l’angoisse de l’homme (- qui re-produit, chez le lecteur, une angoisse qu’il a sans doute oubliée).

    Ce n’est pas réduire le texte aux intentions de l’auteur. Et encore moins à sa biographie. Sans doute l’auteur a-t-il en général des intentions précises, qui peuvent éclairer a priori le texte ; mais c’est d’abord celui-ci qu’il faut étudier. Pourquoi ?
    D’une part, parce que le texte va souvent au-delà de ce qu’il dit vouloir dire. L’étude des préfaces, des déclarations de l’auteur, de ses entretiens, lorsqu’on compare avec l’œuvre elle-même, montre parfois de grands écarts. Par exemple, Zola, qui prétend faire de ses romans une étude réaliste, et même « naturaliste », se montre souvent beaucoup plus « visionnaire » qu’objectif, et c’est tant mieux pour son œuvre…
    D’autre part, l’auteur n’est pas toujours conscient de tout ce qui traverse l’acte d’écrire. Les mots qu’il emploie, les « évidences » qu’il diffuse, ses choix esthétiques mêmes, dépendent souvent de son époque, des courants littéraires, de la vision des choses du groupe social auquel il appartient. De tout cela, il n’est pas totalement maître. Sans parler des ruses de son « Inconscient », que la critique psychanalytique a su mettre au jour. Ainsi, l’étude du texte nous en apprend plus sur l’auteur que la connaissance de l’auteur nous en apprend sur le texte. C’est donc après l’explication qu’il est préférable d’évoquer les intentions de l’auteur, et, plutôt que de ses « intentions », c’est de sa « vision du monde » ou de son univers personnel qu’il faut parler…
    N’oublions pas enfin qu’un auteur joue souvent avec son texte : il n’est pas là où nous croyons le trouver. Sa personne réelle ne coïncide pas nécessairement avec sa fonction d’auteur ; et sa fonction d’auteur, dans le roman par exemple, se distingue souvent du rôle du « narrateur » qui est censé raconter. Et ceci, même lorsqu’il s’agit d’une œuvre autobiographique, comme L’enfant de Jules Vallès : dans ce livre, par exemple, où l’auteur fait dire « je » à son narrateur (nommé Jacques Vingtras), on pourrait croire que tout est témoignage ; et cependant, alors que Vallès a eu une sœur, son personnage qui raconte son enfance, n’en a pas ! Inversement, un écrivain peut choisir de raconter son histoire personnelle à la troisième personne pour ne pas se sentir confondu avec un personnage qui ne le représente que partiellement. Ainsi, ce n’est pas le « je » de la biographie qui doit servir à expliquer un texte, c’est le « je » du texte qui doit permettre de comprendre comment l’auteur construit sa personnalité par l’écriture, – qu’il s’agisse de Chateaubriand ou de Vallès, de Baudelaire ou de Brel…

    Ce n’est pas réduire le texte aux impressions du lecteur. Certes, chacun doit apprendre à capter en lui-même ses impressions profondes : c’est par elles que nous reconnaissons souvent les effets d’un texte (on en reparlera). Mais on voit trop de candidats énumérer des « on a le sentiment que », « on éprouve une impression de », sans jamais analyser ce qui, dans le texte, est à l’origine de ces réactions ou émotions. Ou pire : en attribuant au seul thème du texte l’impression éprouvée. Or, répétons-le, ce n’est pas parce qu’un texte raconte (par exemple) les malheurs d’un personnage qu’il cherche nécessairement à apitoyer. Dans tel chapitre de Madame Bovary, donné à expliquer à un examen, certaines candidates, qui projetaient leur compassion sur Emma Bovary, n’ont pas su déceler l’attitude ironique de Flaubert à l’égard de son héroïne. Ainsi, on peut se tromper d’impression sur un texte : voir des effets qui n’y sont pas, ne pas voir des effets qui y sont, ou encore se limiter à un seul niveau d’interprétation lorsqu’il y en a plusieurs. Le remède à ce défaut, ce sera le regard objectif sur le texte, sur sa nature et sur ses moyens d’expression, lesquels devront être ensuite articulés avec ce que nous croyons ressentir…

    Ce n’est pas réduire le texte à une série de remarques formelles, même si elles sont exactes. Il s’agit là du défaut inverse de celui que nous venons d’incriminer. L’étudiant, cette fois, manque d’impressions sur la page qu’on lui demande de commenter : il ne voit pas son intérêt, il ne « sent » pas son originalité. Alors, pour meubler son explication, pour faire plaisir à son examinateur, il cherche quelque chose à dire en glanant, au fil du texte, une figure de style ici, une remarque de syntaxe là, un effet de rythme ou de sonorité plus loin, etc. Et comme il fait ce recensement sans rapport avec les significations dominantes du texte, au petit bonheur, il n’explique rien, et passe « à côté » de l’essentiel. Aucune remarque formelle ne doit être faite sans être mise en relation avec le ou les effets produits par une phrase, par une strophe, ou par une page. Ajoutons qu’aucune remarque isolée n’est suffisante pour mettre en valeur un aspect du texte : il en faut plusieurs pour que cela fasse sens ou produise un effet. Nous reviendrons dans un prochain article sur ce principe de convergence, qu’il s’agisse de rassembler des impressions ou des expressions.
    Notons pour finir que ce défaut peut très bien se cumuler avec le précédent. On trouve ainsi des copies qui énumèrent successivement des réactions éprouvées devant un texte et, par ailleurs, des remarques sur sa « forme », sans jamais faire le lien entre elles. Elles séparent ainsi le contenu du texte et son style, ce qui méconnaît sa réalité, et font un commentaire à la fois laborieux et inutile. Non pas qu’il faille s’interdire d’étudier et le contenu et les moyens stylistiques : mais il ne faut distinguer le fond et la forme que pour montrer comment ils sont unis. Car en définitive, seule cette union fait la beauté ou la puissance de signification d’une page.


    UN AUTRE EXEMPLE POUR CONCLURE

    Pour illustrer les principes précédents, nous allons nous contenter d’observer les trois dernières phrases d’un roman de Maurice Leblanc, L’éclat d’obus.
    L’histoire se déroule durant la Première Guerre mondiale. Les deux héros du livre, qui viennent de réussir leur entreprise (qui est sans rapport avec la guerre), plaisantent, sont heureux. On s’attend à une conclusion de type « Happy end ». Or, regagnant en voiture leur lieu de résidence, nos personnages sont amenés à traverser un village récemment détruit par l’armée ennemie. Et voici ce qu’ils découvrent :
    « Ils aperçurent assis parmi les décombres un homme en haillons, un vieillard. Il les regarda stupidement avec des yeux de fou.
    À côté, un enfant leur tendit les bras, de pauvres petits bras qui n’avaient plus de mains… »

    Le récit s’achève sur ces mots. On ne s’attendait pas à une conclusion aussi grave de la part de l’auteur des aventures d’Arsène Lupin.

    En quoi va pouvoir consister l’explication de ces simples phrases ? Cette fin est saisissante, cruelle, et semble se passer de commentaire. Pourtant, faire état de notre émotion devant la souffrance infligée aux victimes ne suffit pas : nous risquons d’oublier le texte en ne commentant que notre compassion (ou notre révolte). Nous pouvons sans doute souligner qu’il y a là une intention bien précise de l’auteur : il est intéressant de voir un romancier, habile à embarquer son lecteur dans des aventures imaginaires, plonger tout à coup dans la « réalité » et dénoncer l’horreur de la guerre. Mais cette remarque reste extérieure au texte : c’est l’efficacité de la dénonciation qu’il faut expliquer. Nous pouvons encore invoquer la cruauté du contenu, et dire que notre émotion vient de ce que les faits rapportés sont par eux-mêmes émouvants, et probablement « vrais » : aucun lecteur ne peut en effet rester indifférent devant un vieillard hébété de douleur, accompagné d’un enfant aux mains coupées. Et il est vrai qu’un texte ne pourrait pas émouvoir si les réalités auxquelles il renvoie n’étaient pas elles-mêmes poignantes (c’est une condition nécessaire ; mais non suffisante…).
    Pourtant, aucune de ces « explications » n’est satisfaisante. Nous risquerions de banaliser le passage en le réduisant à son contenu : car il est traditionnel, pour dénoncer la guerre, de décrire les victimes, et, parmi celles-ci, de choisir les plus vulnérables : les femmes, les vieillards, les enfants. Si l’auteur manifeste de l’originalité, ce n’est donc pas dans son invention thématique, c’est par la façon dont il met en scène son sujet pour susciter notre émotion.

    Conduits à examiner le texte à la loupe, nous pouvons alors faire les remarques suivantes :

    • Le premier procédé de mise en valeur est celui du contraste : en opposition avec le dénouement heureux de l’histoire, le spectacle de la douleur ressort d’autant plus cruellement. Or, l’auteur a fait exprès de placer à cet endroit, sous les yeux de jeunes gens joyeux (et d’un lecteur qui lit pour se divertir), cette vision saisissante. C’est la le choix d’un artiste qui organise lucidement l’effet qu’il veut produire.

    • Les deux victimes mises en scène ne sont pas inanimées. L’auteur a choisi d’en faire des acteurs. L’un regarde, l’autre tend les bras. Notre pitié est appelée par leur demande d’aide, leur supplication silencieuse. Ceci n’apparaîtrait pas, par exemple, si on lisait seulement : « Ils traversèrent un village détruit où il n’y avait qu’un vieillard hagard et un enfant aux mains coupées. »

    • Cette demande d’aide est d’autant plus émouvante qu’elle est dérisoire. Le romancier focalise notre attention sur l’impuissance des malheureux : le vieillard regarde, mais « stupidement », trop abêti pour savoir ce qu’il désire ; quant à l’enfant, il n’a plus de mains pour saisir, ce qui rend cruel le fait de lui faire tendre les bras.

    • Le déroulement de cette dernière séquence est lui-même étudié pour faire croître, par degrés, la compassion du lecteur :
    - « un enfant leur tendit les bras »: image traditionnelle, appel codé à l’attendrissement ;
    - « de pauvres petits bras » : focalisation sur le dénuement de l’enfant ; par l’énonciation, en exprimant sa pitié (« pauvres »), le romancier attire la nôtre ;
    - « qui n’avaient plus de mains » : gros plan sur les mains absentes, terrible effet de surprise : car au bout des bras, normalement, il y a des mains. Le regard du lecteur a donc été intentionnellement guidé vers la découverte de cette mutilation, pour rendre le plus tragique possible le geste de l’enfant.

    De ces quelques remarques, on peut tirer la conclusion que, si le fait brut est cruel, c’est surtout sa mise en scène qui réussit à nous « bouleverser », provoquant notre douleur et notre colère. Le romancier a été à la hauteur de son sujet. Mais il fallait commenter les procédés d’expression pour bien le montrer.
    Bien sûr, cette petite analyse pourrait susciter quelques objections. « L’auteur a-t-il pensé à tout cela ? ». Nous y répondrons dans un prochain article dont le titre sera : « Questions d’une bonne élève à un honorable professeur ».
    (à suivre)

    Bruno Hongre ©2003

  • Voici la suite du lexique littéraire qui répertorie les mots de la lettre J à la lettre Z.

     

    J


    jargon :
    a) langage particulier à une profession (jargon juridique, médical...).
    b) langue compliquée, peu compréhensible en dehors du clan qui la pratique.

    juxtaposition : on dit que deux propositions sont juxtaposées lorsqu’elles n’ont aucun mot de liaison entre elles.

    K


    kafkaïen : se dit d’une situation ou d’une atmosphère qui rappelle l’univers oppressant, absurde et cauchemardesque des romans de Kafka.
    exemple : «L’administration est parfois kafkaïenne.»

    L


    lapalissade : vérité évidente. Le terme vient du personnage de La Palice, dont une chanson dit précisément : «Un quart d’heure avant sa mort, il vivait encore.»

    langue de bois : langue lourde et stéréotypée qui élude les problèmes (on est à l’opposé d’un «parler vrai» !).

    lapsus : erreur consistant à déformer un mot ou à employer un mot pour un autre, en parlant ou en écrivant. Le lapsus est involontaire et traduit, selon Freud, une pensée inconsciente.
    exemple : Le jeune mariée qui écrit à sa belle-mère : « Vous êtes évitée à mon anniversaire !»

    lieu commun : voir le mot «cliché».

    leitmotiv : image (ou thème) qui se répète dans une oeuvre artistique.

    lexique :
    a) Dictionnaire restreint, consacré au vocabulaire particulier d’une science ou d’une technique (lexique de la philosophie, des termes musicaux...).
    b) Ensemble des mots qui constituent la langue d’une communauté.

    libelle : petit texte attaquant violemment une personne ou une institution. On emploie plus couramment le mot pamphlet.

    libre (vers) : terme qui s’applique à la poésie moderne. Il désigne des vers dont la structure (longueur, césure, coupe), les rimes et le groupement (strophe...) sont libres.

    lipogramme : texte dans lequel une ou plusieurs lettres de l’alphabet sont volontairement absentes.
    exemple : le récit de Perec, La disparition, qui ne contient aucune voyelle «e» !

    litote : figure de style qui consiste à dire le moins pour, en réalité, faire entendre le plus. Son but est souvent de modérer les éloges ou les aveux. Elle procède fréquemment par la négation du contraire.
    exemples :
    • «Ce n’est pas la grande forme» pour «je suis au plus mal».
    • «Pas génial» pour «franchement nul».
    • «Pas mauvais» pour «très bon».
    • «Va, je ne te hais point» (Corneille), pour «Je t’aime beaucoup».
    • Un professeur qui écrit sur une copie médiocre : «Ce n’est pas génial»

    Lumières (philosophie des —) : Les Lumières désignent un mouvement intellectuel européen qui a dominé le XVIII ème siècle, se développant sous l’impulsion des philosophes. Les Lumières désignent les facultés humaines (raison, intelligence...) et les idées nouvelles (tolérance, foi dans le progrès...) qui doivent éclairer l’époque.

    M


    mal du siècle : état d’âme caractéristique de la jeunesse romantique au XIX ème siècle (un sentiment fait de mélancolie et d’inquiétude).

    manifeste : écrit théorique par lequel une école ou un mouvement (littéraire, artistique) fait connaître au public ses convictions esthétiques ou politiques.

    marivaudage : style propre au théâtre de Marivaux (langage raffiné et complexe de personnages qui jouent avec les sentiments amoureux).

    mélodrame : Au XIX ème siècle, le mélodrame se caractérise par l’invraisemblable complexité de l’intrigue, la simplification des caractères (les bons et les traîtres) et des émotions (violence, amour, bons sentiments). Le public recherchait la pitié, l’horreur et les pleurs à bon marché. Aujourd’hui, par extension, le terme désigne des situations caricaturalement pathétiques.

    mémoires : récit d’événements historiques dont l’auteur a été témoin ou auxquels il a participé. L’auteur de mémoires est un mémorialiste.

    merveilleux : désigne tout ce qui, dans un texte, est du domaine du surnaturel (réalités surnaturelles, éléments féeriques, magie...). On le retrouve dans les contes de fée où les données du monde surnaturel sont acceptées comme allant de soi par le lecteur ou le spectateur.

    métaphore : figure de style qui consiste à remplacer un mot (ou un un groupe de mots) par un autre mot en vertu d’un rapport de sens entre les deux termes.
    exemple : la phrase «tes yeux sont bleus comme l’océan» devient «l’océan de tes yeux» (le sème commun entre le mot «océan» et le mot «yeux» est la couleur).

    métonymie : figure de style qui consiste à remplacer un terme par un autre terme qui est dans un rapport de contiguïté ou de liaison avec le premier (une relation étroite unit ces deux termes). On observe les cas suivants :
    • La cause pour l’effet : «boire la mort» pour «boire le poison» qui entraîne la mort.
    • Le lieu d’origine pour la chose : «fumer un havane» (un cigare originaire de La Havane).
    • Le contenant pour le contenu (ou vice versa) : «boire un verre» (boire le contenu d’un verre).
    • Le symbole pour le symbolisé : «J’ai quitté la robe pour l’épée» pour «J’ai abandonné la magistrature pour le métier des armes.»

    miracle : spectacle, centré sur un thème religieux, qui se jouait, au Moyen Âge, sur le parvis des églises.

    monographie : étude détaillée écrite sur un seul sujet précis.

    monologue : mot qui appartient au vocabulaire théâtral pour désigner une scène dans laquelle un personnage parle seul, pour lui-même ou pour les spectateurs.

    monologue intérieur : procédé qui nous dévoile la pensée d’un personnage au moment même de sa formation (pensée livrée telle quelle dans un désordre apparent). Les pensées, qui se déroulent dans la conscience du personnage, sont, bien entendu, exprimées à la première personne du singulier.

    monosémie : fait, pour un mot ou une expression , de n’avoir qu’une seule signification. Les mots scientifiques sont souvent monosémiques.

    mot-valise : mot nouveau qui est le résultat de la rencontre de deux mots.
    exemple : «camembour : style de blague que l’on aime bien faire entre la poire et le fromage.» (Alain Fienkielkraut)

    mystère : au Moyen Âge, le mystère est une représentation dramatique d’inspiration religieuse. Les acteurs y jouaient divers épisodes de la vie du Christ ou de scènes tirées de la vie des saints. Ces spectacles offraient des scènes, à la fois surnaturelles, mystiques, réalistes et comiques,qui plaisaient au public populaire (celui-ci participait souvent au spectacle).

    N

    narrateur : voix qui raconte la fiction.

    narration : manière de raconter les événements.

    naturalisme : réalisme poussé à l’extrême, principalement illustré par Zola qui souhaitait que le roman rende compte de la vie naturelle et sociale de façon scientifique et exhaustive.

    niveau de langue : niveau de langage auquel choisit de s’exprimer un auteur. On distingue trois niveaux ou registres de langue :
    a) le niveau familier (termes et images argotiques et populaires, syntaxe du langage parlé...).
    b) le niveau courant (style correct).
    c) le niveau soutenu (style littéraire : vocabulaire recherché, soin des figures de style...).

    néologisme : mot nouveau.

    Nouveau Roman : nom donné par la critique à des romanciers français qui, à partir de 1950, ont décidé de détruire les conventions du roman traditionnel (le Nouveau Roman est une catégorie du roman nouveau).

    nouvelle : court récit en prose, généralement centré sur un seul événement, avec des personnages peu nombreux. Les personnages sont vraisemblables à la différence de ceux que l’on rencontre dans les contes. L’auteur de nouvelles est un nouvelliste.

    O

    octosyllabe : vers de huit syllabes.

    ode :
    a) Dans la Grèce antique, poème lyrique destiné à être chanté ou dit avec un accompagnement musical.
    b) Du XVI ème siècle à la poésie romantique, l’ode désigne un poème solennel et majestueux qui évoque la divinité, un héros ou la destinée humaine.

    onomastique : science des noms propres, spécialement des noms de personnes.

    onomatopée : création d’un mot dont les sonorités sont censées reproduire le bruit qu’il désigne ou évoquer la chose qui produit ce bruit.
    exemple : «boum», «crac», «roucoulement»...

    opuscule : petit livre.

    oraison funèbre : sermon prononcé à l’occasion des funérailles d’une personne illustre.

    oratoire : qui concerne l’art de parler en public, l’éloquence des orateurs.

    oxymore (ou oxymoron) : voir alliance de mots.

    P


    palindrome texte que l’on peut lire de gauche à droite et inversement.
    exemple : «élu par cette crapule».

    pamphlet : écrit satirique en général court et violent, qui attaque une personne connue, une institution, la religion, le gouvernement...

    panégyrique : discours public célébrant les louanges d’une personne illustre. Éloge de quelqu’un ou quelque chose. Apologie excessive à la gloire de quelqu’un.

    parabole : petit récit allégorique qui propose un enseignement moral ou un message religieux. Le Nouveau Testament est riche en paraboles.

    paradoxe : énoncé qui présente des arguments qui vont à l’encontre des opinions généralement admises.
    exemple: «Il avait le don de paresse et donc d’organisation.» (certains paresseux simplifient leur travail en l’organisant mieux)

    paralittérature : terme qui désigne, à tort, toute littérature qui n’entrerait pas dans le cadre d’une vraie littérature (bande dessinée, roman policier, chanson...).

    paralogisme : raisonnement qui semble approximativement logique, mais qui en réalité est faux. Le paralogisme est en général fait de bonne foi, ce qui n’est pas le cas du sophisme (voir ce mot).

    paraphrase : opération de reformulation qui consiste à redire d’une autre manière ce qui a déjà été dit. La paraphrase peut avoir un sens péjoratif, dans la mesure où de nombreux étudiants, par exemple, répètent les phrases d’un auteur sans les expliquer ou les analyser.

    parataxe : voir asyndète.

    Parnasse : mouvement littéraire du XIX ème siècle qui, sous l’égide de Leconte de Lisle, critiqua le romantisme et notamment l’expression des sentiments personnels.

    parodie : imitation caricaturale, burlesque, d’une oeuvre connue (sérieuse).

    paronomase : figure de style qui consiste à rapprocher deux paronymes, c’est-à-dire deux mots très proches sur le plan de la sonorité, d’où le risque de confusion. Elle est fréquemment utilisée dans le langage publicitaire.
    exemple : «collision/collusion» ; «abjurer/adjurer» , «L’amour à mort» (titre d’un film d’Alain Resnais).

    paronyme : mot très proche d’un autre par la sonorité (voir paronomase).

    pastiche : imitation d’une oeuvre en s’en approchant le plus possible, au point de tromper sur l’origine.

    pastoral : oeuvre ou genre littéraire mettant en scène des bergers. Qui dépeint ou évoque les moeurs champêtres.

    pathétique : qui émeut profondément et douloureusement.

    pathos : le pathos est du pathétique facile, mélodramatique, exagéré. Il se rencontre fréquemment dans la presse à sensation, les discours, les romans populaires. Le pathos cherche à provoquer des émotions fortes par des moyens assez grossiers.

    pentasyllabe : vers de cinq syllabes.

    période (oratoire) : phrase longue et complexe utilisée dans le style oratoire.

    péripétie : tout événement qui modifie le cours de l’action dans une oeuvre de fiction.

    périphrase : figure de style qui consiste à remplacer un terme usuel par un groupe de mots qui possède un sens équivalent. Les Précieux du dix-septième siècle en abusaient. Elle a parfois une fonction poétique.
    exemples : «la capitale du royaume» pour Bruxelles, la «messagère du printemps» pour l’hirondelle.

    péroraison : conclusion d’un discours (elle présente l’essentiel de l’argumentation et cherche à émouvoir l’auditeur).

    personnification : procédé stylistique qui consiste à présenter comme un être animé une notion, une abstraction, une chose ou toute forme de réalité inanimée.
    exemple :
    « Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder,
    Lui demande ce qu’il faut faire» (La Fontaine)

    pittoresque (style) : qui offre de nombreux détails visuels, colorés, imagés.

    plagiat : action qui consiste à copier une oeuvre (ou une partie de cette oeuvre) en la présentant comme sienne.

    Pléiade : groupe de poètes du XVI ème siècle, admirateurs de l’Antiquité grecque et latine, qui voulurent promouvoir la langue française.

    pléonasme : expression qui consiste à donner deux fois la même information. Redondance fautive sauf si elle est créée dans un but volontaire («applaudir des deux mains»).

    polémique (style) : qui, par son ton combatif, cherche à susciter des réactions vives chez le lecteur.

    polysémie : propriété d’un terme qui a plusieurs sens selon les contextes.
    exemple : le mot «amour».

    poncif : voir le mot «cliché».

    Préciosité : mouvement littéraire et intellectuel du XVII ème siècle qui se traduit par un grand raffinement du langage, par l’importance accordée à la vie mondaine et aux manières recherchées. La préciosité fut surtout développée, dans les salons, par des femmes de la haute société (Molière les a ridiculisées dans «Les Précieuses ridicules»).

    prétérition : figure de rhétorique par laquelle on dit que l’on ne va pas dire ce que l’on dit, pour mieux attirer l’attention sur l’élément passé sous silence.
    exemple : «Je n’ai pas besoin de vous dire que je suis scandalisé par votre attitude.»

    prolepse : figure de rhétorique qui consiste à réfuter d’avance l’objection que pourrait faire un interlocuteur.
    exemple : «Vous me direz que l’accumulation des têtes nucléaires est l’unique façon d’empêcher la guerre atomique, mais...»

    prologue :
    a) dans l’Antiquité, partie d’un spectacle théâtral qui précède la pièce proprement dite, dans laquelle, souvent, un personnage vient présenter le sujet avant l’entrée du choeur.
    b) dans les ouvrages modernes, texte introductif ou préface. Partie assez courte qui relate des événements antérieurs à l’action proprement dite de l’oeuvre (dans ce sens l’antonyme est «épilogue»).

    prosaïque : qui manque de poésie, qui est banal, plat commun. Ce mot issu de «prose» (qui s’oppose à la poésie) laisse supposer à tort qu’une prose ne peut pas être poétique... Les poèmes en prose (ou prose poétique) ont démontré le contraire !

    prosodie : ensemble des règles de la versification.

    prosopopée : figure de rhétorique par laquelle un orateur ou un écrivain fait parler fictivement un individu mort ou absent, un animal ou une réalité personnifiée. Souvent proche de la personnification (voir ce mot).
    exemple :
    «Ébloui de l’éclat de la splendeur mondaine,
    Je me flattai toujours d’une espérance vive,
    Faisant le chien couchant auprès d’un grand seigneur...» (Tristan l’Hermite)

    protagoniste (sens littéraire) : désigne un personnage principal dans une oeuvre de fiction.

    proverbe : énoncé court d’une vérité d’expérience ou d’un conseil de sagesse populaire, dont le contenu est supposé partagé par l’ensemble du groupe social.

    psychocritique : méthode d’étude des textes littéraires mise au point par Charles Mauron (1899-1966) qui s’appuie sur la psychanalyse pour aborder les oeuvres sous un angle psychologique très approfondi.

    psychodrame : méthode thérapeutique qui consiste à faire jouer par des patients des scènes réelles ou imaginaires qui représentent des situations traumatisantes, des moments conflictuels de leur passé ou de leur avenir. Ils jouent théâtralement des rôles où ils «revivent» ces moments difficiles, ce qui leur permet de se libérer de leurs angoisses.

    Q

    quiproquo : malentendu, erreur, méprise qui fait prendre quelqu’un pour quelqu’un d’autre, ou une chose pour une autre.

    R

    rabelaisien : qui évoque l’oeuvre de Rabelais, caractérisée par la gaieté, la liberté d’expression, la truculence et parfois la grossièreté.

    réalisme : courant littéraire français qui a dominé entre 1850 et 1885 (Balzac, Flaubert, Maupassant, Zola...).

    récit : relation orale ou écrite de faits vrais ou imaginaires. La relation des faits correspond à la narration du récit et les faits correspondent à la fiction du récit.

    redondance : fait de donner plusieurs fois la même information, de répéter sous diverses formes la même idée. Elle est un procédé d’insistance en ajoutant parfois une nuance à une idée.
    exemple : «Il ne se souciait guère de ces plaintes et doléances.»

    régionalisme : utilisation d’une expression qui ne s’emploie que dans une ou quelques régions.

    rejet : le rejet désigne la partie de la phrase rejetée dans le second vers. Le contre-rejet désigne la partie de la phrase qui précède l’enjambement (voir ce mot).

    rhétorique : art de bien parler (ensemble des procédés oratoires employés pour produire un discours convaincant). La rhétorique comprend notamment les figures de rhétorique et les figures de style.

    Rhétoriqueurs : groupe de poètes français de la fin du XV ème siècle, remarquables par leur virtuosité formelle et leur habileté rythmique (leur poésie était quelque peu artificielle).

    rime : homophonie (identité de sons) à la fin de deux ou plusieurs vers de la dernière voyelle sonore et de tout ce qui peut la suivre.
    exemples :
    - ravi et midi, patrie et servie, village et branchage, terre et mystère sont des rimes.
    - mène et règne, ramure et solitude sont des assonances (voir le mot).

    Si la rime est limitée à une seule voyelle, elle est PAUVRE (ravi et midi, patrie et servie).
    La rime est SUFFISANTE si elle porte sur la dernière voyelle sonore et la consonne qui suit (village et branchage, tours et velours).
    La rime est RICHE quand l’homophonie s’étend à la consonne qui précède la dernière voyelle sonore (acier et coursier, terre et mystère).

    Les rimes sont FÉMININES si elles se terminent par un e muet (pleurent et meurent, père et amère ) ; elles sont MASCULINES dans le cas contraire.

    Les rimes peuvent être :
    - SUIVIES : elles se succèdent par groupe de deux (deux masculines, deux féminines ou vice versa).
    - CROISÉES : les vers se répondent de deux en deux (à un vers masculin succède toujours un vers féminin).
    - EMBRASSÉES : deux vers d’une espèce sont encadrés par deux vers de l’autre espèce.
    - REDOUBLÉES : il y trois vers ou plus sur la même rime.
    - MÊLÉES : les vers se suivent sans ordre précis.

    roman-feuilleton (sens littéraire) : roman qui paraît dans la presse par fragments (le but est de tenir le lecteur en haleine).

    romantisme : mouvement intellectuel et artistique au XIX ème siècle en France (Lamartine, Hugo, Vigny, Musset, Nerval, Chateaubriand, Stendhal...).

    rondeau : poème à forme fixe du Moyen Âge (il comprend six quatrains dont le dernier s’appelle «l’envoi») : les rondeaux de Charles d’Orléans.

    rousseauisme : caricature de la pensée de Jean-Jacques Rousseau. Elle exprime une attitude de confiance naïve en la bonté de la nature humaine qui s’accompagne d’une vision idéaliste de l’existence de l ’homme primitif, proche de la nature.

    rythme (en versification) : le rythme du vers est marqué par le retour à intervalles déterminés d’un certain nombre de syllabes accentuées.

    S

    saga : récit héroïque de la littérature scandinave du Moyen Âge. Ces récits racontent les aventures légendaires de familles entières. D’où l’application du mot aux longs romans qui racontent, de génération en génération, l’histoire d’une famille ainsi qu’aux films qui en sont tirés.

    satire : écrit ou discours qui s’attaque à quelqu’un ou à quelque chose en s’en moquant.

    science-fiction : littérature dont l’action se déroule dans le futur et dans un monde fort différent du monde contemporain du fait des progrès scientifiques.

    sémantique : partie de la linguistique qui étudie le sens des mots et les variations de leurs significations.

    sémiotique (sémiologie) : science qui s’intéresse à tous les systèmes de signes (signes linguistiques et extralinguistiques comme le code de la route, les symboles chimiques...).

    sentence : pensée ou morale exprimée dans une formule courte et littérairement soignée. La vérité morale est affirmée d’une manière souvent dogmatique.

    sigle : lettre initiale ou suite d’initiales qui sert d’abréviation.
    exemple: la lettre B sur une voiture est un sigle qui renvoie au mot Belgique, la SNCF...

    signe (linguistique) : désigne le mot qui lui-même comprend un signifié (signification du mot) et un signifiant (marque graphique et phonique du mot).
    Nous devons ce concept à Saussure.
    exemple : le mot «arbre» est un signe qui comprend :
    - un signifié : définition du mot «arbre» dans le dictionnaire.
    - un signifiant : la réalité acoustique du mot (les sonorités du mot «arbre») et sa réalité graphique (la forme écrite du mot «arbre»).

    solécisme : faute de syntaxe.
    exemple : «l’homme auquel j’ai épousé sa fille.»

    soliloque : discours d’une personne qui se parle à elle-même (dans la solitude). Ce mot désigne parfois le discours de quelqu’un qui est seul à parler dans une compagnie, comme s’il ne s’adressait qu’à lui-même.

    sophisme : raisonnement incorrect bien qu’ apparemment logique. Ce raisonnement est souvent fait avec l’intention de tromper l’interlocuteur. Socrate s’est insurgé contre les sophistes.

    spleen : mot venu d’Angleterre et passé dans la langue française, surtout à cause de Baudelaire (ce mot désigne un état de mélancolie et d’angoisse).

    stéréotype : voir le mot «cliché».

    strophe : groupe de vers organisés de la même façon que l’on retrouve à plusieurs reprises dans un poème.

    structuralisme (en linguistique ou en littérature ) : étude de la langue ou d’un récit comme un système constitué de plusieurs parties ayant des rapports entre elles (relation de ressemblance, opposition...).

    stylistique : étude des procédés de style.

    surréalisme (en littérature) : mouvement littéraire qui, sous l’impulsion d’André Breton au début du XX ème siècle, se caractérise par une révolte contre l’ordre établi, par une liberté de pensée, par un rejet de toutes les contraintes rationnelles et morales, par l’invention d’un nouveau langage créant des associations surprenantes de mots et ce en accordant de l’importance au rêve et à l’inconscient.

    syllogisme : en logique, argument qui se compose de trois propositions (majeure, mineure et conclusion) dont la troisième se déduit parfaitement des deux autres. Il faut noter que certains syllogismes sont erronés parce qu’ils contiennent une erreur de raisonnement (ils s’apparentent alors aux sophismes). D’ autres syllogismes sont corrects. Voici un exemple de syllogisme correct et incorrect :
    a) Majeure : «Tous les hommes sont mortels.»
    Mineure: «Socrate est un homme.»
    Conclusion : «Socrate est mortel.»

    b) Majeure : «Le lion est un animal.»
    Mineure : «Le tigre est un animal.»
    Conclusion : «Le lion est un tigre !»

    symbole : représentation concrète d’une idée abstraite
    exemple : la colombe est le symbole de la paix (ou la paix est symbolisée par la colombe).

    symbolisme : mouvement littéraire de la fin du XIX ème siècle en France (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, Lautréamont...).

    synchronie : étude du système d’une langue tel qu’il fonctionne à un moment donné (par opposition à diachronie : voir ce mot).

    synecdoque : figure de style qui est une variante de la métonymie. Les objets de la synecdoque forment un tout (rapport d’inclusion ou d’appartenance).
    Plusieurs cas possibles :
    • La partie pour le tout (ou vice versa) : «une voile à l’horizon» pour «un bateau à l’horizon». «J’aime le bordeaux» (un «bordeaux» pour «un vin bordelais»).
    • La matière pour l’objet : «la toile» pour «la peinture représentée sur la toile d’un tableau».
    • Le singulier pour le pluriel (ou inversement) : «Le riche doit aider le pauvre».

    synérèse : en versification, fusion de deux syllabes vocaliques en une seule.
    Elle permet d’accentuer le rythme.
    exemple :
    Ces deux octosyllabes :
    «Juin ton soleil ardente lyre
    Brûle mes doigts endoloris.»
    (Guillaume Apollinaire)

    synesthésie : association de sensations diverses.
    exemples : une couleur criarde, un parfum savoureux...

    synonyme : mot dont le sens est identique à celui d’un autre mot.

    T

    tartufferie : terme qui fait référence à Tartuffe, pièce de Molière (hypocrisie).

    tautologie : répétition inutile de la même idée sous une forme différente. On dit souvent qu’un dictionnaire est tautologique. À mettre en rapport avec la redondance.
    exemple : l’amour est l’art d’aimer !

    ternaire (rythme) : rythme qui se compose de trois éléments.
    exemple : Un grand cri s’éleva, domina la Marseillaise : «Du pain ! Du pain ! Du pain !» (Émile Zola)

    tétrasyllabe : vers de quatre syllabes.

    tirade : au théâtre, long discours ininterrompu et adressé à des interlocuteurs.

    tragédie : La tragédie classique (XVII ème siècle) est une oeuvre dramatique dont les éléments constitutifs sont les suivants : sujet grave, dénouement malheureux, lutte vaine du héros contre le destin, mise en scène des passions humaines, style relevé, respect des trois unités (voir le mot «unités»).

    tragi-comédie : au XVII ème siècle, pièce de théâtre sérieuse dont le dénouement est heureux (voir Le Cid de Corneille). Dans l’Antiquité la tragi-comédie comportait des éléments comiques.

    trilogie : groupe de trois oeuvres (La trilogie new-yorkaise de Paul Auster).

    trimètre : vers qui présente trois mesures.
    exemple : «Il vit un oeil /tout grand ouvert /dans les ténèbres» (Hugo)

    trisyllabe :vers de trois syllabes.

    trope : terme classique pour désigner les figures de style ou de rhétorique.

    troubadour : poète lyrique du Moyen Âge qui récitait ses oeuvres ou celles d’autrui de château en château (dans le nord de la France on lui donnait le nom de trouvère).

    U


    ubuesque : d’un comique et d’une absurdité énormes (allusion à Ubu, personnage d’Alfred Jarry).

    unités (règle des —) : désignent les trois unités du théâtre classique français au XVII ème siècle :
    •Unité de temps : tout doit se passer en vingt-quatre heures.
    •Unité de lieu : l’action doit se dérouler en un seul endroit.
    •Unité d’action : un seul événement central doit nourrir l’intrigue.

    univoque : qui n’a qu’un seul sens (monosémique).

    V

    vaudeville : comédie au rythme rapide, fondée sur l’intrigue, les quiproquos, les rebondissements et les situations cocasses (voir les pièces de Labiche et Feydeau).

    verbalisme : défaut qui consiste à masquer le manque d’idées par l’abondance verbale.

    vérisme :
    a) mouvement littéraire italien (fin XIX ème siècle) qui, à l’instar du naturalisme français, cherche à représenter très exactement la vérité concrète de la vie quotidienne et de la réalité sociale.
    b) terme qui s’applique à toute oeuvre éprise de réalisme social (on parlera d’un cinéma «vériste», d’un roman «vériste»).

    vers libre : vers ne respectant pas les contraintes caractéristiques du vers traditionnel (la liberté du vers peut aller jusqu’à l’absence de rimes).

    Z

    Zeugma : figure de style qui consiste, pour éviter de répéter un terme, à lui donner plusieurs compléments de nature différente.
    exemples : «Je lui ai porté une lettre et un coup de pied.» ; «Il sauta la barrière et son repas.»




  • Voici un lexique littéraire de plus de 300 mots. Ce lexique, assez complet sans avoir la prétention d’être exhaustif, offre néanmoins un ensemble de mots indispensables pour aborder le texte littéraire d’une manière plus rigoureuse.
    Afin de compléter les informations, je recommande l’ouvrage remarquable de Bruno Hongre paru aux Éditions Hatier : Le Dictionnaire portatif du bachelier.
    Ce lexique est décomposé en deux parties.
    Dans la première partie — Lexique littéraire (1) — vous découvrirez une explication des termes répertoriés de A à I. La deuxième partie — Lexique littéraire (2) — répertorie les mots de la lettre J à Z.

     

    A

    acception : le sens particulier d’un mot.

    acronyme : sigle prononcé comme un mot ordinaire.
    exemple : ovni,sida...

    acrostiche : poème ou strophe où les initiales de chaque vers, lues dans le sens vertical, composent un mot (auteur du texte, dédicataire...).

    action : suite des événements dans une oeuvre littéraire (ou un film).

    adage : formule qui énonce une vérité générale ou une règle d’action. Elle fait souvent référence à un proverbe ancien.
    exemple : «mens sana in corpore sano.»

    alexandrin : vers de douze syllabes.

    allégorie :figure de style qui consiste à personnifier un idée.
    exemple : Cupidon (personnage qui lance des flèches) est une allégorie de l’amour.

    alliance de mots : il s’agit de la figure de style nommée aussi «oxymore» qui consiste à associer deux termes de sens opposés.
    exemple : «l’obscure clarté» (Corneille).

    allitération : répétition de plusieurs consonnes identiques.
    exemple : «Pour qui sont ces serpent qui sifflent sur vos têtes ?» (Racine)

    amplification : figure de style qui consiste à faire progresser l’idée par une énumération de termes de plus en plus forts et souvent de longueur croissante.

    ampoulé : fait référence à un style plein d’emphase, sans simplicité.

    anacoluthe : rupture de construction syntaxique.
    exemple de Baudelaire (L’Albatros) :
    «Exilé sur le sol au milieu des huées
    Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.»

    anagramme : création d’un mot en disposant différemment les lettres d’un mot initial
    exemple : aimer est l’anagramme de Marie.

    analogie : relation de ressemblance établie entre des réalités ou des notions qui, en tant que telles, sont de nature différente.
    exemple : pour parler d’une «couleur criarde», j’ai dû créer une analogie entre une réalité visuelle et le domaine sonore en me basant sur une comparaison entre une couleur et une sonorité désagréables.

    anaphore : figure de style qui consiste à commencer une série de phrases ou de vers par le même mot ou expression.
    exemple : «Avec la mer... Avec le vent... Avec des cathédrales... Avec un ciel... etc.»

    antihéros : personnage qui ne possède aucune des qualités attribuées généralement au héros (courage, moralité...).

    antinomie : contradiction entre deux notions, idées, thèses.
    exemple : Pour Sartre la liberté humaine et l’existence de Dieu sont antinomiques.

    antiphrase : figure de style qui consiste à dire le contraire de ce que l’on pense. Elle est le procédé essentiel de l’ironie.
    exemple : dire à un enfant qui a fait pipi au lit : « C’est du propre ! »

    antithèse :
    1) Figure de style qui consiste à opposer deux termes ou deux expressions dans une même phrase.
    2) Point de vue opposé à une thèse précédemment exposée.

    antonyme : mot de sens opposé à celui d’un autre
    exemple : «richesse» et «pauvreté».

    aparté : courte réplique que le personnage s’adresse à lui-même sans être entendu de ses partenaires, mais perçue par le public.

    aphérèse : chute du début d’un mot.
    exemples : «bus» pour «autobus», «pitaine» pour «capitaine»...

    aphorisme : formule courte qui exprime une idée ou un principe moral.

    apocope : suppression à la fin d’un mot d’une ou plusieurs syllabes.
    exemples : «ciné» pour «cinéma», «pub» pour «publicité»...

    apologie : éloge ou défense d’une personne, d’une théorie, d’une institution...

    apophtegme : sentence morale (voir le mot «adage»).

    apostrophe : figure de style qui consiste à s’adresser solennellement à une personne présente ou absente, ou à une réalité qu’on personnifie.
    exemples :
    • «Sois sage, ô ma Douleur (Baudelaire).»
    • «C’est à Toi que je m’adresse, ô Dieu Tout-Puissant !»

    archaïsme : figure de style qui consiste à employer dans un texte des mots vieillis ou démodés. Il est parfois choisi par un écrivain qui aime la langue du passé.
    exemple : dire «partant» pour «par conséquent».

    argument : désigne une preuve que l’on avance pour défendre une idée ou réfuter une théorie adverse.

    assonance :
    1) Répétition de la même voyelle accentuée à la fin de deux vers :
    exemple : file/rime ; lobe/pomme ; nu/cru (celle-ci est aussi une rime).
    2) Répétition de voyelles :
    exemple : «Tout m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire.» (Corneille)

    asyndète : absence volontaire d’éléments de liaison entre des mots ou des groupes de mots (des conjonctions de coordination ou de subordination manquent). L’asyndète permet de donner plus de rapidité et d’énergie à une phrase.
    exemples :
    • «Les parents boivent, les enfants trinquent.» (slogan contre l’alcoolisme)
    • «Coup de fil, rasoir, voiture ; je monte ; la voici dans mes bras.»

    autobiographie : récit que fait une personne de sa propre vie.

    axiome : idée admise par tout le monde comme une évidence.

    B

    ballade : au Moyen Âge, poème lyrique à forme fixe (composé de trois strophes et d’un «envoi» en conclusion) : voir les ballades de François Villon.

    barbarisme : grave incorrection de langage qui consiste à déformer un mot ou à créer un mot inexistant. Ce barbarisme peut parfois provoquer une image qui ne manque pas de charme.
    exemple :
    • «détériorisation» pour «détérioration», «visualité».
    • «Une brise délicieuse, transportatrice d’une bonne odeur de tourbe, vint rafraîchir mon front.» (Queneau)

    baroque (en littérature française) : mouvement littéraire qui se développe entre 1580 et 1665. Ses thèmes de prédilection sont : l’illusion, la métamorphose, le mouvement, l’instabilité, l’apparence. Tendance qui s’opposera au Classicisme épris de raison et de mesure.

    binaire (rythme) : rythme qui se compose de deux éléments.

    biographie : récit de la vie d’une personne ayant existé.

    boulevard (pièce de —) : pièce de théâtre d’un comique léger, populaire et traditionnel.

    bovarysme : trait psychologique qui consiste, à l’instar de Madame Bovary (Flaubert), à n’être jamais satisfait de la vie quotidienne, à se bercer d’illusions et à rechercher une vie romanesque.

    burlesque :
    a) Historiquement le burlesque est une forme de comique parodique, bouffon, en vogue au milieu du XVII ème siècle. Il ridiculise les modèles de la littérature épique et du style précieux (cf. Le Virgile travesti ou Le Roman Comique de Scarron).

    b) En général, on qualifie de burlesque toute situation dont le comique se fonde sur le ridicule, l’extravagance, la bouffonnerie (voir certaines séquences des films de Laurel et Hardy). Le mot se rapproche fortement de grotesque, loufoque, clownesque.

    C

    cacophonie : rencontre de sonorités semblables et déplaisantes. Elles sont parfois volontaires : celles-ci créent alors un effet humoristique.
    exemple : «Il peut, mais peut peu.»

    calembour : jeu de mots qui repose sur une différence de sens entre des mots dont les sonorités sont semblables ou assez proches.
    exemple : «merveilleuse» et «mère veilleuse».

    calligramme : poésie dont la graphie des vers forme un dessin illustrant son sujet (Les Calligrammes d’Apollinaire).

    catachrèse : métaphore banalisée, entrée dans l’usage.
    exemples: les ailes d’un moulin, le pied d’une montagne...

    césure : dans l’alexandrin classique, la césure désigne la coupe centrale du vers. Elle sépare le vers en deux moitiés égales ou hémistiches.

    champ lexical : ensemble des mots utilisés pour désigner une notion.
    exemple : «pneu, carrosserie, volant, coffre... » appartiennent au champ lexical de la voiture.

    champ sémantique : ensemble des sens qu’un mot prend dans un énoncé donné.
    exemple : le champ sémantique du mot «aimer» recouvre l’amour entre les hommes, l’amour paternel ou maternel, l’amour conjugal...

    cheville : en versification, mot ou expression qui ne sert qu’à remplir un vers, pour obtenir un compte de syllabes correct.
    exemple : Les adverbes en -ment du poème de Trissotin dans Les Femmes savantes de Molière
    «Votre prudence est endormie
    De traiter magnifiquement
    Et de loger superbement
    Votre plus cruelle ennemie...»

    chiasme : figure de style qui consiste à inverser l’ordre des termes qui s’opposent (on a toujours une disposition croisée).
    exemple :
    - «Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger» (Molière)
    - «Valse mélancolique et langoureux vertige !» (Baudelaire)

    chronique :
    a) récit d’événements (fictifs ou historiques) qui suit l’ordre dans lequel ils se sont déroulés (Les chroniques de l’historien Jean Froissart).
    b) événements d’actualité, nouvelles concernant tel ou tel milieu, ou encore rubrique journalistique qui en rend compte régulièrement (chronique sportive, gastronomique...).

    chute : en littérature, effet de surprise inattendu produit par la fin d’un texte. La chute est aussi un terme de versification qui désigne le derniers vers d’un sonnet. En général elle est particulièrement soignée.

    classicisme : mouvement intellectuel et artistique de la seconde moitié du 17 ème siècle, caractérisé par la recherche de l’ordre, de la clarté, de la mesure, du naturel, du vraisemblable et par la prédominance de la raison (Pascal, Racine, Corneille, Boileau...).

    clausule : dernier membre particulièrement travaillé d’une strophe, d’un vers ou d’une période oratoire.

    cliché : idée toute faite, conventionnelle, banale. Le cliché désigne souvent une idée tellement vue, lue ou entendue qu’elle n’est plus originale.

    comédie : pièce de théâtre qui provoque le rire.

    comparaison : figure de style qui consiste à établir un rapport entre un terme et un autre terme (terme comparatif, comparé et comparant obligatoires).
    exemple : Paul est gai comme un pinson.

    confident : dans la tragédie classique, personnage auquel le héros se confie.

    connotation : sens second d’un mot.

    contrepèterie : interversion des lettres ou des syllabes d’un ensemble de mots spécialement choisis, afin d’en obtenir d’autres dont l’assemblage ait également un sens, de préférence burlesque ou grivois.
    exemple : «femme folle à la messe» (Rabelais) pour «femme molle à la fesse».

    coq-à-l’âne : texte dans lequel on saute sans transition d’une idée à une autre idée sans rapport avec la précédente.

    couleur locale : expression mise à l’honneur par les écrivains romantiques pour désigner tout ce qui, dans une oeuvre, rappelle l’époque ou le lieu où elle se déroule, ou en donner l’impression : langue, coutumes, décor, vêtements, arts («couleur» signifie ici «aspect caractéristique»). La couleur locale rend un texte plus véridique.

    coup de théâtre : au théâtre, brusque revirement de situation.

    coupe : dans un vers, pause après une syllabe accentuée. La principale coupe est la césure.
    exemple :
    «Le long /d’un clair ruisseau// buvait/ une colombe» (La Fontaine)

    critique :
    a) domaine de l’activité intellectuelle et artistique qui étudie les oeuvres artistiques.
    b) ensemble des écrivains ou journalistes dont le métier est de faire la critique des oeuvres artistiques.

    D

    Dada : mouvement intellectuel et artistique qui voulut détruire les valeurs traditionnelles et les conventions esthétiques. Il précéda le Surréalisme.

    décasyllabe : vers de dix syllabes.

    deus ex machina (un dieu qui sort de la machine du décor) : expression latine employée au théâtre pour désigner une personne ou un événement qui intervient de façon invraisemblable, à la fin d’une pièce, pour en permettre le dénouement.

    diachronie : en linguistique, ensemble des faits de langue étudiés dans leur évolution historique (par opposition à synchronie : voir ce mot).

    diatribe : texte, discours ou propos violent et injurieux à l’encontre de personnes, de groupes, de comportements...
    exemple : «des diatribes contre les moeurs modernes».

    didascalies : ensemble des indications scéniques (généralement représentées en italique) qu’un auteur ajoute à son texte pour signifier aux interprètes le ton à prendre, le geste à faire, la place à adopter, au cours de la représentation.

    dénotation : sens premier d’un mot.
    exemple : la dénotation du mot «araignée» est arachnide.

    dichotomie : division nette entre deux réalités qu’on sépare nettement et qu’on oppose .

    didactique (ouvrage) : qui vise à instruire.

    diégèse : terme de la nouvelle critique qui désigne la fiction ou l’histoire.

    diérèse : en versification, la diérèse est le fait de prononcer en deux syllabes deux voyelles qui se suivent. Le but de la diérèse est de souligner un mot (procédé de mise en valeur).
    exemple : Et se réfugi-ant dans l’opi-um immense (Baudelaire).

    digression : développement qui s’écarte du sujet.

    direct (style) : expression directe des paroles et des pensées des personnages.
    exemple : Elle lui dit : «Je t’aime.»

    disjonction : voir asyndète.

    distanciation : La théorie de la distanciation vient de Brecht (auteur très important du théâtre nouveau en Allemagne). Brecht souhaitait que l’acteur refuse de s’identifier au personnage qu’il joue et que le spectateur ait un recul critique par rapport au personnage. La théorie de la distanciation détruit donc l’illusion du réel.

    distique : strophe composée de deux vers.

    dithyrambique : qui est très élogieux, d’un enthousiasme excessif (fait référence au dithyrambe qui est un poème antique très élogieux).
    exemple : «Il parle de ses parents en des termes dithyrambiques.»

    divertissement : terme pascalien pour désigner les activités qui nous détournent de l’essentiel.

    dramaturge : auteur de pièces de théâtre.

    drame : pièce de théâtre, développée à partir du 18 ème siècle, qui n’est ni une comédie ni une tragédie (le drame offre une action généralement tragique et pathétique : il comprend des éléments à la fois réalistes, familiers et parfois comiques). Voir par exemple le drame bourgeois de Diderot ou le drame romantique de Hugo ou de Musset.

    E

    école : au sens artistique et littéraire, rassemblement d’écrivains, d’artistes ou d’intellectuels qui partagent les mêmes préoccupations esthétiques (l’école romantique, l’école naturaliste...).

    écriture : le style.

    éditorial : article de fond, dans la presse, situé en général en première page, qui reflète la position prise par la rédaction sur un sujet donné. L’éditorialiste est souvent le rédacteur en chef.

    élégiaque : ton plaintif et mélancolique qui est propre aux élégies poétiques, et qu’on peut retrouver ailleurs, dans la musique par exemple.

    ellipse : figure de style qui consiste à omettre un ou plusieurs éléments en principe nécessaires à la compréhension du texte, pour produire un effet de raccourci. L’ellipse nous oblige toujours à rétablir mentalement ce que l’auteur passe sous silence. Des ellipses peuvent également apparaître dans des récits ou des films, dans la mesure où certains événements ne sont pas évoqués.
    exemple : « Pris ou non, exécuté ou non, peu importait.» (Malraux)

    emphase : exagération verbale. Un style emphatique est ampoulé, grandiloquent, pompeux.

    engagement : en littérature ou dans l’art en général, attitude qui consiste à mettre son oeuvre au service d’une cause sociale ou politique. L’écrivain engagé met son oeuvre au service d’une cause qui, selon lui, doit être défendue : il combattra ainsi les injustices, toutes les formes d’oppression... La littérature engagée sera défendue essentiellement par Sartre et critiquée par le Nouveau Roman qui estime que l’art ne doit pas défendre une cause qui lui serait supérieure.

    enjambement : en versification l’enjambement est un procédé qui consiste à faire «déborder» une phrase d’un vers sur le vers suivant ; la compréhension du premier vers est impossible sans la lecture de la partie de la phrase rejetée dans le second.

    entrefilet : court article inséré dans un journal de manière à attirer l’attention.

    énumération : procédé qui consiste à énoncer successivement les différentes partie d’un tout.

    épigone : en littérature, successeur, imitateur d’un auteur ou d’une école qui précèdent. Le terme a souvent un sens péjoratif.

    épigramme : poème se terminant par un trait de satire.

    épigraphe : courte citation placée en tête d’un livre, d’un article ou d’un chapitre d’ouvrage. L’épigraphe donne le ton du texte ou éclaire sur son intention.

    épilogue : texte qui clôt une oeuvre pour en achever l’histoire ou mettre en valeur son sens.

    épique (style) :
    a) qui se rapporte à l’épopée ou à des oeuvres littéraires qui offrent les caractéristiques de l’épopée (actions du héros magnifiées, noblesse des sentiments, faits exagérés...).
    b) qui, en dehors des oeuvres littéraires proprement dites, présente des caractères dignes de figurer dans une épopée.
    exemple : un film épique, un débat épique...

    épistolaire : qui se rapporte aux lettres, à la correspondance écrite (voir, par exemple, le roman épistolaire, constitué uniquement d’une série de lettres : Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos ou Les Lettres persanes de Montesquieu).

    épitaphe : inscription gravée sur une tombe.

    épître :lettre en vers (voir les épîtres de Marot, Voltaire...).

    équivoque : mot ou phrase pouvant avoir un double sens.

    essai : ouvrage de réflexion en prose, qui propose une étude sur un sujet donné.

    étymologie : étude de l’origine et de l’histoire des mots.

    euphémisme : figure de style qui consiste à atténuer la réalité dont on parle, par l’emploi d’une expression indirecte qui l’adoucit (disparu pour mort, petit coin pour cabinet, maladie de longue durée pour cancer. Il atténue une réalité afin de ne pas choquer l’interlocuteur (un professeur qui écrit sur une copie médiocre : «Il y a des progrès possibles.»).

    euphonie : agencement agréable de sonorités dans un mot (certains poètes y sont très attentifs).

    exégèse : science qui consiste à établir, aussi scientifiquement que possible, le sens précis d’un texte (une analyse minutieuse du sens des mots est parfois réalisée). Par extension ce terme désigne l’étude très approfondie d’un texte.

    exergue : ce qui présente, explique. L’expression «mettre en exergue» signifie «mettre en évidence».
    exemple : «Mettre un proverbe en exergue à un texte.»

    exorde : première partie d’un discours. Elle est l’introduction qui a pour but de créer un lien avec l’auditeur, de lui annoncer le sujet du discours et d’en exposer le plan.

    explicite : qui est dit clairement.

    exposition : début d’une oeuvre (théâtrale essentiellement) où sont exposés les éléments indispensables à la compréhension de l’intrigue ou du récit.

    F


    fable : court récit en vers ou en prose contenant un enseignement moral très souvent explicité (Les Fables de La Fontaine).

    fabliau : petit conte en vers du Moyen Âge, au ton satirique.

    fac-similé : reproduction exacte d’un document.

    fantastique : désigne une littérature qui se caractérise par l’intrusion de l’insolite, de l’extraordinaire, du mystère dans le cadre de la vie réelle. L’atmosphère est souvent dominée par l’épouvante (ou l’angoisse) et l’horreur.

    farce : pièce comique, au Moyen Âge, qui fut d’abord intercalée dans les représentations de mystères : elle était caractérisée par un comique bouffon, satirique (son comique, parfois grossier, était fondé sur des jeux de scène, des calembours, des quiproquos...) : La farce de Maître Pathelin au XV ème siècle, Le médecin malgré lui de Molière...

    fiction : succession des événements, histoire.

    figure de style : procédé d’expression particulier. Utiliser des figures de style, c’est vouloir dépasser le simple désir de transmettre une information en utilisant un langage original.

    figuré (sens) : sens second de certains mots.

    figure de rhétorique : figure de style et procédé qui concernent plus particulièrement l’art du discours.

    filée (métaphore) : On appelle une métaphore filée une métaphore qui se développe longuement (sur une ou plusieurs phrases) en poursuivant l’analogie sur laquelle elle se fonde.
    exemple :
    «Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
    Traversé ça et là par de brillants soleils ;
    Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage...» (Baudelaire)

    focalisation : point de vue qui permet de préciser d’où et comment, dans une oeuvre littéraire, les faits, les personnages, les objets... sont perçus (le narrateur peut être extérieur au récit et en même temps analyser le caractère des personnages comme un Dieu qui voit tout et sait tout ; il peut être lui-même un personnage qui découvre petit à petit les choses ; il peut être un témoin extérieur au récit qui se contente de décrire ce qu’il voit sans rien analyser).

    G


    galimatias : langage ou écrit embrouillé, inintelligible.

    gargantuesque : digne du héros de Rabelais, Gargantua (énorme et pittoresque).

    genèse (d’une oeuvre) : ensemble des éléments qui ont contribué à produire une oeuvre, manière dont l’oeuvre s’est formée.

    genre (littéraire) : catégorie d’oeuvres que l’on rassemble à partir de critères divers. Si l’on tient compte de la structure formelle de l’oeuvre, on distingue le roman (ou récit d’une manière générale), la poésie, le théâtre, l’essai, l’autobiographie.

    Geste (Chanson de —) : nom donné au Moyen Âge à des épopées, en vers, qui étaient récitées avec un accompagnement musical (gesta en latin signifiait «actions»). Ces chansons racontaient les exploits de héros ou des grands faits (voir La Chanson de Roland).

    gradation : succession de mots dont les significations ont une intensité croissante ou décroissante
    exemple : « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré.» (Molière)

    grandiloquence : éloquence pompeuse, constituée de grands mots creux et de tournures emphatiques.

    H

    hagiographie : récit de la vie d’un saint.

    harmonie imitative : effet de style par lequel un texte, en combinant diverses sonorités, tend à reproduire ou à suggérer le son produit par la réalité qu’il décrit.
    exemple (voir, dans ces deux vers, certaines sonorités qui évoquent l’écoulement de l’eau) :
    «La respiration de Booz qui dormait
    Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.» (Hugo)

    hémistiche : la moitié d’un vers.

    hendécasyllabe : vers de onze syllabes.

    heptasyllabe : vers de sept syllabes.

    hermétique (style) : difficile à comprendre (on parle de l’hermétisme de certains poèmes de Mallarmé).

    hexasyllabe : vers de six syllabes.

    hiatus : heurt de deux voyelles dont l’une finit un mot et dont l’autre commence le mot suivant. Quelques hiatus existent à l’intérieur des mots. L’hiatus produit la plupart du temps un effet désagréable. Néanmoins certains auteurs l’utilisent dans un but expressif.
    exemple : «Après bien du travail le coche arriva au haut.» (La Fontaine)

    historiographe : écrivain chargé d’écrire l’histoire officielle de son temps ou de son souverain. Il présente l’histoire en flattant le pouvoir qui l’emploie (ce n’est donc pas un historien !).

    homéotéleute : L’homéotéleute désigne le retour, à la finale d’un mot, d’un même son à l’intérieur de la même phrase ou du même vers.
    exemple : « Que pour nous battre, et de nous battre un contre quatre...» (Edmond Rostand)

    homonyme : se dit des mots qui se prononcent de la même façon mais qui ont des sens différents
    exemple : «saint», «ceint», «sain».

    homophone : deux mots ou groupes de mots sont homophones lorsqu’ils comportent les mêmes sons.
    exemple : «Naturiste : corps sage sans corsage.» (Alain Finkielkraut)

    honnête homme : expression qui désigne au XVII ème siècle, une personne cultivée, modérée, ayant le sens des convenances sociales et le goût de la vie mondaine de l’époque. Ses sentiments étaient nobles. Son honnêteté intellectuelle et morale étaient exemplaires. Ainsi, l’honnête homme était bien plus que l’homme honnête d’aujourd’hui !

    hymne : poème lyrique célébrant un personnage, une idée ou une réalité morale, un grand sentiment, une patrie...

    hypallage : figure de style qui consiste à attribuer à un mot d’une phrase ce qu’il conviendrait normalement d’attribuer à un autre mot de celle-ci.
    exemples :
    • «l’odeur neuve de ma robe» (Valéry Larbaud) : c’est, en fait, la robe qui est neuve.
    • «une île paresseuse» (Baudelaire) : ce sont, en fait, les habitants de l’île qui vivent paresseusement.

    hyperbole : figure de style qui consiste à exagérer l’expression de sa pensée.
    exemples :
    • «Peuple qui, de ton sang, écrivit la légende» (Edmond Rostand)
    • «J’étais mort de peur !»

    hypotypose : procédé stylistique qui comprend l’harmonie imitative (voir ce mot), mais aussi tout ce qui est mise en scène, mouvement descriptif, découpage des phases d’une action. L’objectif est que le lecteur «ait l’impression d’y être».
    exemple : «...je cours à toutes jambes ; j’arrive essoufflé, tout en nage ; le coeur me bat ; je vois de loin les soldats à leur poste, j’accours, je crie d’une voix étouffée. Il était trop tard.» (Rousseau)

    I

    iconographie : ensemble des illustrations contenues dans un ouvrage.

    impair(vers) : vers dont le nombre de syllabes est impair.

    impromptu (sens littéraire) : petit poème ou petite pièce de théâtre improvisés par l’auteur.

    incise : proposition insérée à l’intérieur d’un phrase et qui a pour but de rapporter les paroles ou la pensée de quelqu’un.
    exemple : «Je ne veux pas, lui disait-il, que tu m’oublies.»

    index : liste alphabétique, en fin d’ouvrage, des sujets traités ou des noms cités, avec les références correspondantes.

    indirect (style) : procédé qui consiste à rapporter les paroles de quelqu’un sous la forme d’une proposition subordonnée.
    exemple : «Elle lui dit qu’elle l’aimait.»

    indirect libre (style) : procédé qui consiste à rapporter d’une manière indirecte les paroles de quelqu’un en supprimant la subordination
    exemple :
    «Rieux répondit qu’il n’avait pas décrit un syndrome, il avait décrit ce qu’il avait vu.» (Camus)

    induction : en logique, opération de l’esprit par laquelle on énonce une idée générale à partir d’un ou plusieurs faits particuliers.

    injonction : commandement, ordre. Un texte injonctif est un texte qui ordonne d’obéir ou qui pousse simplement à agir. Le mode impératif a une valeur injonctive.

    intransitif : se dit d’un verbe qui n’a pas de complément d’objet direct ou indirect.
    exemples : dormir, voyager...

    ironie : figure de style, fondée le plus souvent sur l’antiphrase, qui consiste à exprimer le contraire de ce que l’on pense pour mieux faire comprendre qu’en réalité, on pense le contraire de ce que l’on dit.
    exemple : dire à un enfant turbulent : « Quel gentil pinson !»

    irréguliers (vers) : se dit des vers qui n’offrent pas le même nombre de syllabes.

    isomètrique : désigne les rimes qui ont le même nombre de syllabes, des vers qui ont la même métrique accentuelle, des strophes composées de vers de même longueur (un quatrain d’alexandrins par exemple)..»





  • L’adresse courriel est un exercice stimulant qui permet un certain développement de sa fantaisie personnelle à travers l’imagination et l’humour. En outre, grâce aux consignes précises et progressives de cet exercice, l’écriture pourra se libérer plus facilement. Cet exercice me fut expliqué par Bruno Coppens lui-même, humoriste belge et auteur de «L’atelier des mots» paru aux Éditions Casterman en 2002.
    Le but de l’exercice est de rédiger une adresse courriel amusante ou poétique.

     

    Consignes générales

    1) Écrire son prénom sur une feuille.

    2) Souligner le dernier son de ce prénom.
    (on ne s’intéresse donc pas à la graphie du mot).

    3) Trouver 5 mots qui commencent par cette sonorité. Lorsque les étudiants ont écrit ces 5 mots, leur demander de choisir celui qu’ils préfèrent en sachant qu’il s’agira de leur nouveau nom !

    Exemple :
    Mario a d’abord écrit 5 mots : obèse, oscar, origine, oléoduc, oppression
    Mario a choisi : obèse (l’idéal est de respecter l’orthographe correcte du prénom associé au nouveau nom choisi !).

    4) Trouver une profession (réelle ou imaginaire) en s’inspirant d’un de ces 5 mots (pour choisir cette profession, il convient de de jouer avec le sens du nom choisi). Il est parfois étonnant de choisir une profession ayant un rapport éloigné avec le nom : Si Alex choisit comme mot «explorateur», sa profession pourrait être «gardien de prison» !

    Exemple : Mario en s’inspirant du mot «obèse» a choisi «diététicien».

    5) Demander aux étudiants de trouver un pays ou une ville.

    Exemple : Mario a choisi la Grèce (on entend «graisse» !).

    5) Demander aux étudiants de créer leur adresse e-mail en deux étapes :

    a) Mario a pour nom de famille «Bèse». Sa profession est diététicien. Il habite en Grèce
    Il peut donc écrire dans un premier temps : Mario.Bèse @ diététicien. Grèce

    b) Mario peut maintenant écrire son adresse e-mail le plus correctement possible.
    Il écrira donc :
    - mario.bese @ dieteticien.grece
    ou encore
    - mariobese @ dieteticien.grece


    Remarques particulières

    1) Voici quelques trouvailles de mes étudiants

    •simontagne @ alpiniste.montblanc
    •mathildemeure @ croquemort.morzine
    •yvesrogne @ barman.cognac
    •deniscotine @ cigarettier.lahavane
    •gauthierméché @ barman.malte
    •gregorydicule @ bouffon.neufchateau
    •thibautiste @ moine.orval
    •carlaboratoire @ docteur.institutpasteur
    •valentintouin @ castrat.olympia
    •nicolascenseur @ liftier.ronquiere

    2) Observations faites par Bruno Coppens

    • L’idée est de partir du concret pour aboutir à du concret. En effet on écrit toujours pour quelqu’un d’autre. Bien entendu cette adresse e-mail ne peut malheureusement pas être activée (impossibilité technique), mais on peut très bien imaginer ici que les étudiants utilisent cette nouvelle adresse e-mail por s’échanger un courrier dans un forum Internet par exemple !

    • Afin de permettre la libération de l’écriture, il est toujours déconseillé de laisser l’étudiant devant une feuille blanche : il est donc préférable d’avoir des mots devant soi.

    • Bien respecter les étapes progressives : ce respect développera un sentiment de confiance chez l’étudiant.

    • Bruno Coppens estime, à juste titre, qu’un exercice de créativité peut être coté contrairement aux idées reçues de certains professeurs qui estiment que la créativité ne s’évalue pas. Pourquoi d’ailleurs la créativité ne serait-elle pas cotée ? Bien entendu l’évaluation sera différente de celle d’un autre type de travail.
    D’une manière concrète, l’évaluation pourrait être faite par le professeur qui se baserait sur les aspects suivants : évaluation de l’orthographe, du respect des consignes, de la mise en forme...
    L’évaluation pourrait aussi être faite par les étudiants qui s’intéresseraient, par exemple, à d’autres critères (humour...).




                                         Auteurs : Bruno Coppens, Bernard Marlière et Jean-Pierre Leclercq
                                         Illustration : Emilio Danero






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