• Emilio DaneroLa ponctuation

    Vous trouverez dans cet article les règles essentielles sur le plan de la ponctuation. Il est le résultat d’une longue recherche et de mon expérience personnelle. Je remercie mon ami André Laugier, poète et illusionniste, d’avoir été l’ inspirateur de ce sujet dont on parle parfois d’une manière fort incomplète. Même si cet article n’a pas la prétention d’être exhaustif, il me semblait qu’une synthèse assez complète était indispensable afin de mieux cerner les emplois et les significations de ces signes de ponctuation qui émaillent nos textes avec plus ou moins de bonheur !

    Site d’André Laugier que je vous recommande particulièrement : Échos poétiques


    La ponctuation est le sel de la phrase (Cyril Bachelier).

    Ponctuez, adeptes de l'écriture et défenseurs de la modulation et des cadences du langage. La ponctuation est le signe important et indispensable pour transcrire les diverses intonations ou encore pour indiquer des coordinations ou des subordinations différentes entre les propositions.

    Pour commencer cette étude, il est bon, je pense, de rappeler, quelques règles essentielles de disposition concernant les « espaces » AVANT ou APRÈS les signes de ponctuation.

    PAS D'ESPACE avant la virgule - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le point - ESPACE
    ESPACE* avant le point virgule - ESPACE
    ESPACE* avant le point d'exclamation - ESPACE
    ESPACE* avant le point d'interrogation - ESPACE
    ESPACE avant les deux-points - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le trait d'union - PAS D'ESPACE
    ESPACE avant la parenthèse ouvrante - PAS D'ESPACE
    PAS D'ESPACE avant la parenthèse fermante - ESPACE
    ESPACE avant le crochet ouvrant - PAS D'ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le crochet fermant - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant l'apostrophe - PAS D'ESPACE
    ESPACE avant le tiret - ESPACE
    ESPACE avant le guillemet ouvrant - ESPACE*
    ESPACE* avant le guillemet fermant - ESPACE.




    Remarque :

    ESPACE* équivaut à « espace fine » dans l'imprimerie traditionnelle, à « espace standard » en dactylographie et à « espace insécable » dans l'écriture numérique.
    Lorsque vous travaillez dans votre traitement de texte, il vaut donc mieux utiliser l’espace insécable, devant les signes de ponctuation qui requièrent l’espace, afin d’éviter que le signe soit rejeté seul en début de ligne.

    Ces considérations étant prises en compte, voici, traitées par ordre alphabétique, les différentes règles à adopter.



    ASTÉRISQUE

    • Ce signe est représenté par une étoile (*). Il indique généralement un renvoi au bas de page.

    • Mais ce signe permet également de « masquer » un personnage. On utilise un ou trois astérisques pour remplacer le nom propre que l’on ne veut pas citer ou dont on ne veut indiquer que l’initiale.

    Exemple :

    J'ai aperçu, derrière un arbre de ton jardin, le vélo de Mme A ***.


    • Dans certains dictionnaires, les mots, dont le h est aspiré, figurent précédés de l'astérisque.


    CROCHETS

    • Les crochets servent au même usage que les parenthèses, mais ils sont moins usités.

    • On utilise les crochets si, à l’intérieur d’une parenthèse, on a besoin d’ouvrir une nouvelle parenthèse.

    Exemple :

    (Mallarmé [1842-1898] a créé une poésie parfois hermétique.)


    • Les crochets encadrent aussi les éléments extérieurs à la phrase d’un auteur. Ces crochets sont donc ajoutés par un commentateur qui veut rendre le texte accessible aux lecteurs en apportant, par exemple, un complément d’information.

    Exemple :

    Imaginons la phrase suivante d’un critique : François-Marie Arouet était un apôtre de la tolérance.
    Vous pourrez alors écrire :  Un critique a dit : « François-Marie Arouet [plus connu sous le nom de Voltaire] était un apôtre de la tolérance. » 


    • On entoure de crochets les points d'omission servant à indiquer que l’on a choisi de ne pas reproduire un ou plusieurs mots d'un passage cité. Il s'agit donc d'une intervention de la part de l'éditeur du texte (une manière également de les distinguer des points de suspension) :   On peut facilement imaginer que j'avais écrit ce roman [...] pour provoquer la bourgeoisie. 

    • Si, en citant un auteur, l’on désire souligner une faute d’orthographe ou de syntaxe commise par ce même auteur, on doit placer entre crochets et en italique le mot latin sic pour bien montrer au lecteur que la coquille en question est bien commise par l’auteur et non par vous-même.

    Exemple :

     Notre directeur a demandé que nous allions tous « à la manifestation [de dimanche] pour défandre [sic] nos droits [...] et nos exigences pédagogiques.


    DEUX-POINTS

    a) Emplois des deux points

    • Le deux-points a de nombreuses fonctions : il peut introduire une citation, une explication, une réflexion de l'auteur, une cause, une conséquence, etc.

    Exemple pour l’explication ou la cause :

    Il se retourna promptement : la lumière du soleil était trop forte.


    • Il est parfois suivi de guillemets ouvrants. Dans ce cas, il marque le début d'un discours direct.

    Exemple :

    Il dit : « Je partirai bientôt. »


    • Le deux-points peut exprimer l’idée d’une conjonction ; il remplace des formules telles que « Pour préciser, nous dirions, disons, etc. »

    Exemple :

    Un film : un grand film.


    • On remarque que le deux-points permet parfois la formulation d’une « relation ». Dans ce cas, il sera inutile d’utiliser des liens tels que par conséquent, donc, disons, etc.


    b) Deux-points et énumération

    • Les deux-points peuvent aussi annoncer une énumération. Cette « énumération » peut être disposée en colonne ou en ligne.

    • Lors d’une disposition en colonne, en règle générale, chaque élément de l'énumération doit être séparé par un point-virgule, le dernier se terminant par un point. À noter que, malgré les retours à la ligne, les initiales ne sont pas en majuscules.
    Les énumérations de premier rang sont introduites par un tiret et se terminent par un point-virgule sauf pour la dernière qui se termine par un point.
    Les énumérations de second rang sont introduites par un tiret décalé (après un nouveau deux-points) et se terminent par une virgule.

    Exemple :

    Avant de partir Paul prépare son matériel :
    — une carte géographique ;
    — un canif ;
    — un dossier comprenant :
        — une carte de mutuelle,
        — un badge personnel,
        — un ticket de transport,
    — une boussole ;
    — des cordes.



    c) Autres observations

    • Des guillemets ouvrants peuvent précéder les deux-points. Ceux-ci indiquent alors le début d'un discours direct qui commence par une majuscule.

    Exemples :

    -
    Il lui a dit : « Je t’aime ! »
    - Il dit : « Nous devrions aller le chercher. »


    • Un tiret, précédé des deux-points, annonce également le « style direct » (dans ce cas, la majuscule est obligatoire).

    Exemple :

    L'homme se mit soudainement à rire et dit :
    — Croyez-vous que je ne sois venu parmi vous que pour cela ?



    • Après un simple deux-points (sans autre signe) il ne faut pas de majuscule sauf si la partie après les deux-points demande elle-même la « majuscule » (nom propre, maxime, nom d'institution, etc.)

    Exemples :

    - Voici la devise belge : L’union fait la force.
    - Ce livre est magnifique : vous devriez le lire.


    • Il ne faut surtout pas placer un deux-points dans un groupe qui est introduit lui-même par un deux-points, sauf s'il s'agit d'une « citation » (guillemets) qui comprend, elle aussi, deux-points.


    GUILLEMETS

    a) Emplois des guillemets

    • Les guillemets permettent d’insérer des paroles d’autrui (paroles en discours direct ou citation).

    • On les utilise parfois pour signaler le début et la fin d’un dialogue en colonnes. À noter que cette pratique est de plus en plus abandonnée.

    • Les guillemets peuvent isoler un mot ou une expression sur laquelle le scripteur veut insister pour des raisons diverses (ironie, distance critique, utilisation d’une expression personnelle, etc.).

    Exemple :

    Il a lu hier trois romans. Après cet « exploit exceptionnel », il a décidé de ne plus lire pendant un mois.


    • On utilise les guillemets pour encadrer les titres d’une partie d’oeuvre (un poème, une nouvelle...). Il est à noter que les titres d’oeuvre entière s’écrivent en italiques (avec une majuscule au premier mot), mais à défaut d’italique on peut utiliser les guillemets français.

    Exemple :

    « Parfum exotique » est un poème de Baudelaire, extrait de son recueil Les fleurs du mal.


    b) Autres observations

    • Si le passage guillemeté, considéré isolément, demande après lui un signe de ponctuation, celui-ci se place avant les derniers guillemets.

    Exemple :

    Il demanda : « Que faites-vous ici ? » Je répondis : « J’attends avec impatience son départ. »


    • Autrement, la ponctuation se place après les derniers guillemets.

    Exemple :

    Il se donna du mal pour éduquer « ses très chers enfants ».


    • Il faut distinguer la ponctuation appartenant au texte général de celle qui appartient au texte placé entre guillemets :

    Exemple :

    Pourquoi avez-vous crié « Allons-y ! » ?


    • Les guillemets s'utilisent surtout dans les citations. On ouvre les « guillemets » avant le premier mot de la citation. On les referme après le dernier mot.

    • Si la citation est incluse dans une phrase, les « guillemets » interviennent sans autre ponctuation et n'encadrent que les mots cités. La ponctuation de la phrase globale conserve ses droits.

    Exemple : Il passe pour un « gros fumeur », d’après ce que dit son entourage.


    • Si la citation n'est pas incorporée dans la phrase, les deux-points doivent précéder les guillemets et la majuscule du premier mot ne doit pas être oubliée.

    Exemple :

    Son ami lui annonça : « Souviens-toi, demain je me marie. »


    • Ne pas oublier que la ponctuation se place AVANT les guillemets fermants si la citation clôt la phrase.

    • Si une citation doit contenir une autre citation, il est possible d'utiliser les guillemets français en même temps que les guillemets anglais.

    Exemple :

    « Le professeur m’a dit : “Donnez-moi votre livre !” Je le lui ai donné. »


    • Il est préférable d’utiliser les guillemets français (« ») plutôt que les guillemets anglais (“ ”), sauf dans les cas où un texte est entre guillemets à l'intérieur d'une citation déjà entre guillemets (voir plus haut). N'utilisez pas les guillemets standard (" ").


    PARENTHÈSES

    a) Emplois des parenthèses

    • Les parenthèses nous permettent d’intégrer dans un texte une explication, une réflexion, un commentaire, une analyse, une précision, une information, etc.

    Exemple :

    Malgré son très jeune âge, il avait dit la vérité (la vérité sort souvent de la bouche des enfants !).

    • Des mots assez précis comme « bis, ter, sic, etc. » peuvent être isolés grâce aux parenthèses. Si le genre et le nombre de certains mots peuvent varier, les parenthèses permettent de le signaler : Le (ou les) professeur(s).

    • Les parenthèses s’utilisent également pour les appels de note : elles encadrent, dans ce cas, des chiffres arabes.


    b) Autres observations

    • Si, à l’endroit où se place la parenthèse, la phrase demande un signe de ponctuation, ce signe se met après que l’on ait fermé la parenthèse.

    Exemple :

    Le roman nouveau compte de nombreux représentants (on remarquera néanmoins que les représentants du roman traditionnel sont bien plus nombreux).


    • Un membre de phrase entre parenthèses ne doit pas être précédé de la virgule, du point-virgule ou du deux-points.

    Exemple :

    On n'écrira pas :

    Mon neveu, (un jeune entreprenant) n’a pas hésité à lui faire la cour.

    mais :

    Mon neveu (un jeune entreprenant), n’a pas hésité à lui faire la cour.

    • Si le texte mis entre parenthèses commence par une majuscule, la ponctuation finale de ce texte sera placée AVANT la parenthèse fermante.

    Exemple (une variante possible d’un des exemples précédents) :

    Le roman nouveau compte de nombreux représentants. (On remarquera néanmoins que les représentants du roman traditionnel sont bien plus nombreux.)


    • Il est possible d’inclure le point d'exclamation, le point abréviatif, les points de suspension dans la parenthèse ( ceci n’exclut pas la ponctuation en dehors de la parenthèse).

    Exemple :

    Vous devrez certainement emporter plusieurs livres (dictionnaire, roman au choix, recueil de poèmes, etc.).


    POINT

    a) Point final

    • Le point final, comme son nom l'indique, sert à marquer la fin d'une phrase. Il indique une pause de respiration assez longue. Je le conseille souvent à la place de la virgule (celle-ci est utilisée parfois d’une manière excessive) ! Il suffira d’ajouter un mot-lien entre les deux phrases séparées par un point afin d’assurer un rapport logique entre elles.

    • Notons que certains écrivains contemporains emploient parfois le point (au lieu de la virgule) pour insister davantage sur certains groupes syntaxiques.

    Exemple :

    Ils quittèrent la ville. Sans désespoir. Sans espoir. Parce qu’ils n’avaient finalement pas d’autres choix.


    • On achève toujours la phrase sur un point (point, point d'interrogation, d'exclamation, etc.). Une majuscule commence toujours une phrase après un point simple.

    • Après le titre d'une oeuvre, le titre d'un chapitre, le nom de l'auteur, on ne met habituellement PAS de point.

    • Si une date est écrite en chiffres, le point sert aussi à séparer les éléments de la date en question : (Le 25.02.2005).
    Si la date est entre parenthèses ou si elle se trouve dans la continuité de la phrase, l'année ne sera pas suivie d'un point.


    b) Point abréviatif

    • Le point abréviatif marque la coupure d'une abréviation. Il ne s'utilise que si cette abréviation ne se termine pas sur la dernière lettre du mot.

    Exemples :

    C’est-à-dire = c.-à-d.
    Monsieur = M.
    Et cetera = etc.
    Confer = cf.
    Avant Jésus-Christ = av. J.-C.
    Exemple = ex.


    mais

    Établissements = Éts
    Saint = St
    boulevard = bd
    Monseigneur = Mgr
    Confer = cfr (autre abréviation pour
    confer)
    manuscrits = mss


    Là, il ne faut pas de point.

    • Le sigle est une abréviation constituée de la première lettre de plusieurs mots. Cette lettre est normalement suivie d’un point même si, de nos jours, on a tendance à omettre les points abréviatifs.

    • À la fin de la phrase, le point abréviatif doit se confondre avec le point final et les points de suspension.

    Exemples :

    - Il s’est rendu à la S.N.C.F.
    - Il déteste la prison, la P.J...

    (trois points seulement dans ce dernier exemple)


    • Les autres « ponctuations » comme le point d'exclamation et les deux-points doivent accompagner le point abréviatif.

    Exemples :

    - Quel beau Q.G. !
    - Je possède une petite maison à Paris et un appartement dans un H.L.M. : ce sont mes seuls biens.



    • Après des guillemets, la ponctuation normale de la phrase doit être utilisée.

    Exemple :

    Il a dit que c’était « une très solide P.M.E. ».


    • Les symboles scientifiques et les unités de mesure ne sont pas suivies d’un point : m pour mètre, mm pour millimètre, min pour minute, l pour litre, Cu pour cuivre...


    POINTS DE SUSPENSION

    • Les points de suspension marquent un arrêt de la phrase. Cet arrêt indique une interruption de la phrase qui se poursuivra ou non. Cet arrêt peut même avoir lieu au milieu d’un mot.

    Exemple (pour le mot monstre) :

    J’ai vraiment aperçu un mons...

    • Cette interruption peut avoir de nombreuses significations, car elle peut exprimer l'hésitation, l'indécision, le souhait de respecter les convenances, le désir de discrétion (refus de donner trop d’informations autobiographiques), la réticence, un sous-entendu, une énumération inachevée, le mutisme d’un personnage dans un dialogue, etc.

    Exemples :

    - « Quel bande de c... ! » cria-t-il avec virulence.
    - Je commençai à travailler chez X...

    • Les points de suspension servent souvent à souligner, en fin de texte, un inachèvement qui sollicite l'imagination du lecteur.

    Exemple :

    Tu découvriras des étangs brumeux, des cieux d’enfer, des forêts obscures...


    • Les points de suspension vont toujours par « trois ». Ils se confondent avec le point final, mais ils restent trois derrière un point d’exclamation ou un point d’interrogation.

    • Les points de suspension peuvent accompagner la virgule.

    Exemple :

    Il n’entend rien..., il ne parle pas...


    • Ils peuvent également se marier avec le point-virgule, le point d'exclamation ou d'interrogation.

    Exemple :

    Il faut espérer qu'il en tira avantage, sinon ? ...


    • Les points de suspension précèdent ou non ces différents signes de ponctuation. Tout dépend du sens de la phrase.

    Exemple :

    Que désirez-vous ? Du pain, des friandises, du fromage... ?
    On imagine dans cet exemple que la suspension doit se prolonger.


    • Il ne faut jamais placer des points de suspension après : etc.

    • Des points de suspension entre crochets sont placés à l’endroit où se situe la partie du texte ôté.

    • Les points de suspension demandent après eux la majuscule s'ils se confondent avec une ponctuation de fin de phrase.


    POINT D’EXCLAMATION

    a) Emplois du point d’exclamation

    • Le point d'exclamation exprime, comme chacun le sait, des sentiments tels que la joie, mais aussi la surprise, la crainte, la douleur, la colère, etc. Il a une valeur émotionnelle que ne possèdent pas les autres signes de ponctuation. Son emploi est pourtant souvent facultatif.

    • Le point d’exclamation est obligatoire derrière les verbes à l’impératif, les interjections et les apostrophes.

    Exemples :

    - N’oublie pas de prendre ton livre !
    - Paul ! Viens me voir !



    • Le point d’exclamation suit obligatoirement toutes les interjections simples.

    Exemples :

    - Ah !
    Pour marquer l’étonnement ou la satisfaction.
    - Ha !
    Une marque du rire.
    - Oh !
    Une indication de l’étonnement ou de l’indignation.
    - Ho !
    Pour attirer l’attention, pour appeler.
    - Eh !
    Pour marquer la surprise ou l’étonnement.
    - He !
    Pour interpeller.

    • Le point d’exclamation ne sépare pas les termes des locutions interjectives.

    Exemples :

    - Non mais !
    - Eh bien !
    - Ça alors !
    - Hélas oui !


    • Le point d’exclamation peut suggérer le rire (il se place alors à la fin).

    Exemples :

    - Ha ha ha !
    Éventuellement on peut écrire : Ha ! Ha ! Ha !
    - Ho ho ho !
    - Hi hi hi !

    b) Autres observations


    • Lorsqu’une interjection ou une locution interjective figure à l’intérieur d’une phrase, il est courant de la placer entre virgules même si le point d’exclamation est correct.

    Exemple :

    Quant à cet élève, eh bien, il n’a malheureusement pas réussi.

    • Généralement, on ne met pas de « majuscule » lorsque la phrase globale n’est pas interrompue.

    Exemples :

    - Ah ! si vous saviez !
    - Il y a assez à manger ici ! Reprenez votre pain !


    • Par contre, après le mot « Ô » on ne place ni point d'exclamation ni majuscule (le point d'exclamation se place soit après le mot en « apostrophe » (« Ô femme ! sois mon inspiratrice... »), soit à la fin de la phrase : « Ô l'inconscient d'avoir pris une telle décision ! »

    • Si une phrase comprend une suite d'exclamations, il est possible que l’exclamation puisse avoir la valeur d'une virgule expressive (l’exclamation est alors suivie d'une minuscule) ou d'une véritable fin de phrase (l’exclamation est alors suivie d’une majuscule).

    Il suffit de comparer les deux exemples suivants pour comprendre l'idée :

    - Partez ! plus vite, partez ! mais partez donc !
    Là on n'emploie pas de majuscule après les points d'interrogation.

    - Mon ami ! Quelle honte ! Quel déshonneur !
    Vous noterez que les majuscules sont indispensables.

    • Pour en terminer avec le point d'exclamation, mais il y aurait encore beaucoup à dire, il faut souligner que seuls les points de suspension peuvent suivre le point d’exclamation lorsque celui-ci achève une citation.


    POINT D'INTERROGATION

    a) Emplois du point d’interrogation

    • Le point d'interrogation est, comme son nom le signifie, la marque d'une interrogation directe.

    Exemple :

    Où partez-vous ?


    • Dans une interrogation indirecte on ne peut utiliser le point d’exclamation (excepté si cette interrogation indirecte fait partie d'une phrase interrogative).

    Exemples :

    - Il vous demande si vous nous rejoignez.
    - Lui a-t-on dit que j'irai avec vous ?



    • L’interrogation indirecte peut être transformée en interrogation directe par l'inversion du verbe et du sujet ou par l’utilisation de l’expression « est-ce que » (le point d'interrogation est ici indispensable).

    Exemples :

    - Il vous demande si vous nous rejoignez.
    - Il vous demande : « Nous rejoignez-vous ? »
    - Il vous demande : « Est-ce que vous nous rejoignez ?


    • Chaque question qui exige une réponse doit être achevée par un point d'interrogation.

    Exemple :

    Es-tu certaine de vouloir m’accompagner ? Et seule ?


    • Le point d'interrogation peut dépendre non pas de la forme de la phrase, mais de son sens :

    Exemples :

    - Vous désirez me voir ?
    - Serait-il venu me voir, je l’aurais reçu avec plaisir. Néanmoins, la phrase suivante aurait été acceptable : Serait-il venu me voir ? Je l’aurais reçu avec plaisir.

    • Ne pas oublier le point d’interrogation après le guillemet fermant d’une citation.

    Exemple :

    Te souviens-tu du proverbe qu’il a rappelé : « Qui trop embrasse mal étreint. » ? Je ne le crois pas !


    b) Autres observations

    • Le point d’interrogation n’est pas toujours suivi d’une majuscule, notamment lorsqu’il est placé au milieu d’une phrase.

    Exemple :

    « Tu souhaites me quitter ? aujourd’hui ? »

    • Une majuscule doit suivre le point d’interrogation lorsque celui-ci achève une phrase. Par exemple lorsqu’une question demande une réponse particulière :

    Exemple :

    Quel pays veux-tu visiter ? Es-tu prêt à prendre des vêtements chauds ?


    • Seuls des points de suspension peuvent suivre un point d’interrogation qui achève une citation.



    POINT-VIRGULE

    • Le point-virgule indique une pause de moyenne durée. Il se place surtout entre des propositions qui peuvent être associées sur le plan logique (même contexte). Il permet dans ce cas de maintenir un lien entre ces phrases :

    Exemple :

    Il bute et tombe ; l'animal se jette sur lui ; la corde se détend et arrête le bond du fauve.


    • Le point-virgule joue également le rôle d’une virgule ou d’un point pour séparer des parties assez longues et surtout lorsqu’une de ces parties contient déjà une ou plusieurs virgules.

    Exemple :

    Je n’ai jamais compris pourquoi il avait refusé cette proposition pourtant si intéressante ; on lui offrait la nourriture, le logement et une voiture.


    • Le point-virgule permet d’équilibrer deux phrases qui offrent un parallèle.

    Exemple :

    Pierre n’aimait que Mozart ; Virginie n’appréciait que Beethoven.


    • Il faut reconnaître que l'emploi du point-virgule se rapproche dans de nombreux cas de celui de la virgule (La foule grouillait autour de moi ; néanmoins je souffrais de la solitude). Seuls les objectifs personnels d’un écrivain et son tempérament lui feront choisir l’un plutôt que l’autre. Certains auteurs pensent même que c'est un signe superflu. Personnellement, dans l’exemple qui précède, j’aurais opté pour le point !



    TIRET

    a) Emplois du tiret

    • Le tiret (—) ne doit pas être confondu avec le trait d'union (-) : voir à la fin de l’article les remarques supplémentaires sur le trait d’union.

    • Le tiret s’utilise dans un dialogue pour distinguer les personnages.

    Exemple :

    Il rejoignit sa soeur :
    — À quel moment désires-tu m’accompagner ?
    — Dans la soirée.
    — Tu ne penses pas que nous devrions partir plus tôt ?
    — Je ne le crois pas.



    • Le tiret permet de séparer verticalement les parties d'une énumération.

    • Les tirets sont utilisés pour encadrer une incise. Sur le plan graphique, le double tiret attire davantage l’attention que l’utilisation de deux virgules : il attire ainsi l’attention des lecteurs sur une information qui semble importante aux yeux de l’écrivain.


    Exemple :

    Très imbu de lui-même, il montra — bien sûr avec ostentation — la nouvelle caméra qu’il s’était achetée


    b) Autres observations

    • Lorsque le tiret marque le début d’une réplique d’un personnage (dialogues de théâtre…), il doit être séparé du nom du personnage ou de la didascalie par un point :

    Exemple :

    ANDRÉ. — Désirez-vous vraiment en parler ?
    JEAN-PIERRE, pensif. — Je commence à me le demander !



    • Lorsque les tirets encadrent une proposition incise, le deuxième tiret ne se répète pas à la fin de la phrase.

    Exemple :

    Le guide touristique recense les risques encourus par le touriste qui visite ce pays — risque de guerre civile, pollution et maladies.


    • N’importe quel signe de ponctuation peut être suivi du tiret.

    Exemple :

    Je crains la solitude, — le manque de communication, — la maladie.


    • Si, dans une phrase, une virgule est nécessaire à l’endroit où se trouve le tiret, elle doit se placer après le deuxième tiret.


    Exemple :

    Si tu désires lui parler une dernière fois — tel est sans doute ton souhait —, tu dois le faire maintenant.



    VIRGULE

    a) Emplois de la virgule

    • La virgule représente une pause de faible durée à l’intérieur de la phrase. J’ajouterais qu’elle permet au lecteur de comprendre le sens de la phrase, car, dans de nombreux cas, sa présence ou son absence peut créer une certaine ambiguïté.

    • On doit mettre une (ou plusieurs) virgule :

    - Après l’apostrophe ou vocatif : André, lis-moi ta nouvelle poésie.
    - Après l’apposition ou l’épithète détachée : Le renard, le plus rusé des animaux.
    - Pour encadrer une relative explicative : L’homme, qui est venu ce matin, est retourné dans son pays natal.
    - Avant certaines propositions ayant une valeur explicative : Il le fera, puisque vous lui demandez.
    - Pour encadrer l’incise : Je vous félicite, lui dit-il, pour cette œuvre de haute tenue.
    - Après le complément circonstanciel (placé avant la principale) : Après avoir poussé la porte, il entra.

    • Si l’on opère une inversion du verbe et du sujet, les éléments placés en tête de phrase ne sont pas suivis d’une virgule surtout si ces éléments sont courts.

    Exemple :

    Dans la soirée arrivèrent les amis de ma fille.


    • La virgule s’emploie entre des termes ou des groupes de mots qui sont coordonnés sans conjonction (mais, or, et, etc.). Ces termes ou groupes de mots doivent, bien entendu, avoir la même fonction grammaticale.

    Exemples :

    - On monte, on descend, on crie, on s’agite en tous sens.
    - Ils courent, ils courent vite, ils courent très vite !
    - Il observe les villas, les promeneurs, les arbres et les cyclistes.



    • On place généralement une virgule ENTRE les éléments coordonnés par une autre conjonction que « et, ou, ni ».

    Exemples :

    - Je me suis arrêté de fumer, car cela coûtait à ma santé et à mon portefeuille.
    - Il partira avec nous, mais il souhaite revenir une semaine plus tôt.
    - Je n’ai pas vu ce film, donc je ne peux pas en parler.


    • On sépare les éléments de la phrase par une virgule si les conjonctions et et ou sont répétées (excepté ni).

    Exemples :

    - Il était riche, et beau, et généreux.
    - On pouvait apercevoir parfois une lumière, ou une ombre vague, ou une forme de montagne.
    - Je ne peux ni l’approuver ni le contester.


    • Une virgule doit être employée devant les conjonctions et, ou, ni quand celles-ci joignent deux propositions qui n’ont pas le même sujet.

    Exemple :

    Il partit à Paris, et Natacha resta à la maison.


    • On place habituellement une virgule devant « etc. »

    • Quand les sujets forment une énumération on peut placer une virgule APRÈS le dernier terme si ce dernier terme ne vient pas « remplacer » les autres.

    COMPAREZ : Le bleu, le vert, le noir, étaient ses couleurs préférées ET Un murmure, une cri, un simple bruit lui donnait des frissons.

    • On place une virgule devant le deuxième soit lorsque le premier soit précède le verbe.

    Exemples :

    - Soit il nous quittera, soit nous le convoquerons.
    - Mon fils apprendra soit la guitare sèche soit la guitare électrique.


    • On place une virgule devant sinon.

    Exemple :

    Je te demande de te dépêcher, sinon je partirai seul.


    Observations sur l’incidente et l’incise

    La virgule peut encadrer une partie de phrase que l’on pourrait supprimer sans que le sens n’en pâtisse. L’incidente, par exemple, est une proposition qui suspend une phrase pour y introduire un énoncé accessoire. Cette proposition est généralement placée entre deux virgules ou entre deux tirets. On utilise parfois incise pour désigner la phrase incidente qui sert à indiquer que l'on rapporte les propos ou la pensée de quelqu'un.

    Exemple :

    Demain, s'il fait beau, j'irai à la campagne.

    « S'il fait beau » est l'exemple typique de l'incidente. On aurait pu écrire : « Demain, j'irai à la campagne », en occultant la notion du temps.
    « S'il fait beau »
    intercalé au milieu de la phrase, entre les deux virgules, introduit une relation de complémentarité qui exprime une « condition » et qui donne une « information » plus pointue.


    b) Les différentes significations de la virgule

    • La virgule peut signifier la conjonction et.

    Exemple :

    Il aime beaucoup les chats, les chiens, les oiseaux.


    • Certains utilisent la virgule pour exprimer certaines relations logiques comme l’explication (elle équivaut alors aux deux points), la cause (elle remplace alors « car » ou « parce que ») ou l’opposition (elle remplace alors « mais », « en revanche », « au contraire »). Personnellement, je ne recommande pas cette utilisation, car j’estime que, dans les cas précités, l’utilisation du point ou d’une conjonction serait préférable.

    Exemples :

    - Il ne voulait pas s’enfuir, je l’ai chassé de force.
    - Il est à l’hôpital, il a eu un accident ce matin.
    - Il t’appelle, tu ne lui réponds pas.


    c) Autres observations

    • Une des virgules qui encadreraient un groupe de mots disparaît si ce groupe de mots est placé au début ou à la fin de la phrase :

    Exemples :

    - Je souhaiterais, mon fils, que tu travailles.
    - Mon fils, je souhaiterais que tu travailles.
    - Je souhaiterais que tu travailles, mon fils.


    • Bien entendu, dans une incise, un signe de ponctuation différent peut remplacer une des deux virgules.

    Exemple :

    La drogue est destructrice, disait cet ancien toxicomane : elle nuit à notre vie intérieure et extérieure.


    • On doit parfois placer une virgule APRÈS des guillemets encadrant une citation.

    Exemple :

    Elle me dit : « Je vous aimerai toujours », et partit sans se retourner.



    Remarques supplémentaires sur le trait d’union

    • Le but essentiel du trait d’union est de créer une unité à partir de mots qui ont parfois une nature différente.

    • Ainsi, il permet de créer un nouveau nom à partir de mots de nature différente ou identique :

    Exemple :

    Le timbre-poste, l’après-midi, un sous-marin, un couvre-lit, un wagon-restaurant.


    • Son utilisation permet de ne pas confondre les homonymes : Peut-être et peut être, après-demain et après demain.

    • Il s’utilise avec certains préfixes (super, pré, non, pseudo, hyper, extra, ex, quasi, etc.).

    • Le trait d’union est utilisé :
    — dans des expressions comme : ci-joint, ci-gît, ci-après, ci-devant, vis-à-vis, mort-né, dernier-né, etc.
    — avec certaines locutions adverbiales (si elles sont précédées de « au » ou « par ») : Au-dessus, au-dessous, au-dedans, par-devant, par-dehors.

    — avec certains mots composés anglais qui sont passés dans l’usage du français : boy-scout, week-end, etc.

    • Le trait d’union peut servir à former certains groupements nouveaux de mots comme : la trilogie cigarette-café-sucre, l’ axe Paris-Bruxelles...

    • On le retrouve parfois lorsque l’on souhaite révéler l’étymologie d’un mot : la co-naissance.

    • Un trait d’union est placé ENTRE le verbe et les pronoms postposés : dis-je, crois-tu ?

    • Un trait d’union est placé avant et après un « T » analogique, celui-ci se plaçant ENTRE les traits d’union : chante-t-elle, va-t-on, ira-t-il, convainc-t-elle.

    • On place un trait d’union entre les pronoms personnels compléments et l’impératif : Rends-nous-les, allez-vous-en, laisse-moi, dites-le-lui.

    • Par contre, lorsque « l’impératif » est suivi d’un pronom et d’un « infinitif », on n’utilise pas le trait d’union si le pronom se rapporte à l’infinitif.

    Exemple :

    Viens le raconter !

    • Il convient d’unir par un trait d’union :

    — le pronom démonstratif suivi des adverbes « CI » et « LÀ » : Celle-là, celui-ci, ces femmes-là, cette auto-ci.

    Le dernier exemple révèle qu’un nom, précédé d’un démonstratif, peut aussi précéder les mêmes adverbes (dans ce cas on emploie le trait d’union).

    — Le pronom personnel et l’adjectif « MÊME » : toi-même, nous-mêmes

    Mais on écrira SANS trait d’union : Ceux mêmes, ici même.

    Ainsi se termine cet article qui, je l'espère, aura apporté un complément d'information à ceux dont la ponctuation pose quelques problèmes, et un rappel aux autres qui, connaissant les règles, pourront les appliquer, en certaines circonstances, de manière plus pointue, peut-être.

                                                                            Illustration : Emilio Danero

  • Emilio DaneroLa ponctuation

    Vous trouverez dans cet article les règles essentielles sur le plan de la ponctuation. Il est le résultat d’une longue recherche et de mon expérience personnelle. Je remercie mon ami André Laugier, poète et illusionniste, d’avoir été l’ inspirateur de ce sujet dont on parle parfois d’une manière fort incomplète. Même si cet article n’a pas la prétention d’être exhaustif, il me semblait qu’une synthèse assez complète était indispensable afin de mieux cerner les emplois et les significations de ces signes de ponctuation qui émaillent nos textes avec plus ou moins de bonheur !

    Site d’André Laugier que je vous recommande particulièrement : Échos poétiques


    La ponctuation est le sel de la phrase (Cyril Bachelier).

    Ponctuez, adeptes de l'écriture et défenseurs de la modulation et des cadences du langage. La ponctuation est le signe important et indispensable pour transcrire les diverses intonations ou encore pour indiquer des coordinations ou des subordinations différentes entre les propositions.

    Pour commencer cette étude, il est bon, je pense, de rappeler, quelques règles essentielles de disposition concernant les « espaces » AVANT ou APRÈS les signes de ponctuation.

    PAS D'ESPACE avant la virgule - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le point - ESPACE
    ESPACE* avant le point virgule - ESPACE
    ESPACE* avant le point d'exclamation - ESPACE
    ESPACE* avant le point d'interrogation - ESPACE
    ESPACE avant les deux-points - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le trait d'union - PAS D'ESPACE
    ESPACE avant la parenthèse ouvrante - PAS D'ESPACE
    PAS D'ESPACE avant la parenthèse fermante - ESPACE
    ESPACE avant le crochet ouvrant - PAS D'ESPACE
    PAS D'ESPACE avant le crochet fermant - ESPACE
    PAS D'ESPACE avant l'apostrophe - PAS D'ESPACE
    ESPACE avant le tiret - ESPACE
    ESPACE avant le guillemet ouvrant - ESPACE*
    ESPACE* avant le guillemet fermant - ESPACE.




    Remarque :

    ESPACE* équivaut à « espace fine » dans l'imprimerie traditionnelle, à « espace standard » en dactylographie et à « espace insécable » dans l'écriture numérique.
    Lorsque vous travaillez dans votre traitement de texte, il vaut donc mieux utiliser l’espace insécable, devant les signes de ponctuation qui requièrent l’espace, afin d’éviter que le signe soit rejeté seul en début de ligne.

    Ces considérations étant prises en compte, voici, traitées par ordre alphabétique, les différentes règles à adopter.



    ASTÉRISQUE

    • Ce signe est représenté par une étoile (*). Il indique généralement un renvoi au bas de page.

    • Mais ce signe permet également de « masquer » un personnage. On utilise un ou trois astérisques pour remplacer le nom propre que l’on ne veut pas citer ou dont on ne veut indiquer que l’initiale.

    Exemple :

    J'ai aperçu, derrière un arbre de ton jardin, le vélo de Mme A ***.


    • Dans certains dictionnaires, les mots, dont le h est aspiré, figurent précédés de l'astérisque.


    CROCHETS

    • Les crochets servent au même usage que les parenthèses, mais ils sont moins usités.

    • On utilise les crochets si, à l’intérieur d’une parenthèse, on a besoin d’ouvrir une nouvelle parenthèse.

    Exemple :

    (Mallarmé [1842-1898] a créé une poésie parfois hermétique.)


    • Les crochets encadrent aussi les éléments extérieurs à la phrase d’un auteur. Ces crochets sont donc ajoutés par un commentateur qui veut rendre le texte accessible aux lecteurs en apportant, par exemple, un complément d’information.

    Exemple :

    Imaginons la phrase suivante d’un critique : François-Marie Arouet était un apôtre de la tolérance.
    Vous pourrez alors écrire :  Un critique a dit : « François-Marie Arouet [plus connu sous le nom de Voltaire] était un apôtre de la tolérance. » 


    • On entoure de crochets les points d'omission servant à indiquer que l’on a choisi de ne pas reproduire un ou plusieurs mots d'un passage cité. Il s'agit donc d'une intervention de la part de l'éditeur du texte (une manière également de les distinguer des points de suspension) :   On peut facilement imaginer que j'avais écrit ce roman [...] pour provoquer la bourgeoisie. 

    • Si, en citant un auteur, l’on désire souligner une faute d’orthographe ou de syntaxe commise par ce même auteur, on doit placer entre crochets et en italique le mot latin sic pour bien montrer au lecteur que la coquille en question est bien commise par l’auteur et non par vous-même.

    Exemple :

     Notre directeur a demandé que nous allions tous « à la manifestation [de dimanche] pour défandre [sic] nos droits [...] et nos exigences pédagogiques.


    DEUX-POINTS

    a) Emplois des deux points

    • Le deux-points a de nombreuses fonctions : il peut introduire une citation, une explication, une réflexion de l'auteur, une cause, une conséquence, etc.

    Exemple pour l’explication ou la cause :

    Il se retourna promptement : la lumière du soleil était trop forte.


    • Il est parfois suivi de guillemets ouvrants. Dans ce cas, il marque le début d'un discours direct.

    Exemple :

    Il dit : « Je partirai bientôt. »


    • Le deux-points peut exprimer l’idée d’une conjonction ; il remplace des formules telles que « Pour préciser, nous dirions, disons, etc. »

    Exemple :

    Un film : un grand film.


    • On remarque que le deux-points permet parfois la formulation d’une « relation ». Dans ce cas, il sera inutile d’utiliser des liens tels que par conséquent, donc, disons, etc.


    b) Deux-points et énumération

    • Les deux-points peuvent aussi annoncer une énumération. Cette « énumération » peut être disposée en colonne ou en ligne.

    • Lors d’une disposition en colonne, en règle générale, chaque élément de l'énumération doit être séparé par un point-virgule, le dernier se terminant par un point. À noter que, malgré les retours à la ligne, les initiales ne sont pas en majuscules.
    Les énumérations de premier rang sont introduites par un tiret et se terminent par un point-virgule sauf pour la dernière qui se termine par un point.
    Les énumérations de second rang sont introduites par un tiret décalé (après un nouveau deux-points) et se terminent par une virgule.

    Exemple :

    Avant de partir Paul prépare son matériel :
    — une carte géographique ;
    — un canif ;
    — un dossier comprenant :
        — une carte de mutuelle,
        — un badge personnel,
        — un ticket de transport,
    — une boussole ;
    — des cordes.



    c) Autres observations

    • Des guillemets ouvrants peuvent précéder les deux-points. Ceux-ci indiquent alors le début d'un discours direct qui commence par une majuscule.

    Exemples :

    -
    Il lui a dit : « Je t’aime ! »
    - Il dit : « Nous devrions aller le chercher. »


    • Un tiret, précédé des deux-points, annonce également le « style direct » (dans ce cas, la majuscule est obligatoire).

    Exemple :

    L'homme se mit soudainement à rire et dit :
    — Croyez-vous que je ne sois venu parmi vous que pour cela ?



    • Après un simple deux-points (sans autre signe) il ne faut pas de majuscule sauf si la partie après les deux-points demande elle-même la « majuscule » (nom propre, maxime, nom d'institution, etc.)

    Exemples :

    - Voici la devise belge : L’union fait la force.
    - Ce livre est magnifique : vous devriez le lire.


    • Il ne faut surtout pas placer un deux-points dans un groupe qui est introduit lui-même par un deux-points, sauf s'il s'agit d'une « citation » (guillemets) qui comprend, elle aussi, deux-points.


    GUILLEMETS

    a) Emplois des guillemets

    • Les guillemets permettent d’insérer des paroles d’autrui (paroles en discours direct ou citation).

    • On les utilise parfois pour signaler le début et la fin d’un dialogue en colonnes. À noter que cette pratique est de plus en plus abandonnée.

    • Les guillemets peuvent isoler un mot ou une expression sur laquelle le scripteur veut insister pour des raisons diverses (ironie, distance critique, utilisation d’une expression personnelle, etc.).

    Exemple :

    Il a lu hier trois romans. Après cet « exploit exceptionnel », il a décidé de ne plus lire pendant un mois.


    • On utilise les guillemets pour encadrer les titres d’une partie d’oeuvre (un poème, une nouvelle...). Il est à noter que les titres d’oeuvre entière s’écrivent en italiques (avec une majuscule au premier mot), mais à défaut d’italique on peut utiliser les guillemets français.

    Exemple :

    « Parfum exotique » est un poème de Baudelaire, extrait de son recueil Les fleurs du mal.


    b) Autres observations

    • Si le passage guillemeté, considéré isolément, demande après lui un signe de ponctuation, celui-ci se place avant les derniers guillemets.

    Exemple :

    Il demanda : « Que faites-vous ici ? » Je répondis : « J’attends avec impatience son départ. »


    • Autrement, la ponctuation se place après les derniers guillemets.

    Exemple :

    Il se donna du mal pour éduquer « ses très chers enfants ».


    • Il faut distinguer la ponctuation appartenant au texte général de celle qui appartient au texte placé entre guillemets :

    Exemple :

    Pourquoi avez-vous crié « Allons-y ! » ?


    • Les guillemets s'utilisent surtout dans les citations. On ouvre les « guillemets » avant le premier mot de la citation. On les referme après le dernier mot.

    • Si la citation est incluse dans une phrase, les « guillemets » interviennent sans autre ponctuation et n'encadrent que les mots cités. La ponctuation de la phrase globale conserve ses droits.

    Exemple : Il passe pour un « gros fumeur », d’après ce que dit son entourage.


    • Si la citation n'est pas incorporée dans la phrase, les deux-points doivent précéder les guillemets et la majuscule du premier mot ne doit pas être oubliée.

    Exemple :

    Son ami lui annonça : « Souviens-toi, demain je me marie. »


    • Ne pas oublier que la ponctuation se place AVANT les guillemets fermants si la citation clôt la phrase.

    • Si une citation doit contenir une autre citation, il est possible d'utiliser les guillemets français en même temps que les guillemets anglais.

    Exemple :

    « Le professeur m’a dit : “Donnez-moi votre livre !” Je le lui ai donné. »


    • Il est préférable d’utiliser les guillemets français (« ») plutôt que les guillemets anglais (“ ”), sauf dans les cas où un texte est entre guillemets à l'intérieur d'une citation déjà entre guillemets (voir plus haut). N'utilisez pas les guillemets standard (" ").


    PARENTHÈSES

    a) Emplois des parenthèses

    • Les parenthèses nous permettent d’intégrer dans un texte une explication, une réflexion, un commentaire, une analyse, une précision, une information, etc.

    Exemple :

    Malgré son très jeune âge, il avait dit la vérité (la vérité sort souvent de la bouche des enfants !).

    • Des mots assez précis comme « bis, ter, sic, etc. » peuvent être isolés grâce aux parenthèses. Si le genre et le nombre de certains mots peuvent varier, les parenthèses permettent de le signaler : Le (ou les) professeur(s).

    • Les parenthèses s’utilisent également pour les appels de note : elles encadrent, dans ce cas, des chiffres arabes.


    b) Autres observations

    • Si, à l’endroit où se place la parenthèse, la phrase demande un signe de ponctuation, ce signe se met après que l’on ait fermé la parenthèse.

    Exemple :

    Le roman nouveau compte de nombreux représentants (on remarquera néanmoins que les représentants du roman traditionnel sont bien plus nombreux).


    • Un membre de phrase entre parenthèses ne doit pas être précédé de la virgule, du point-virgule ou du deux-points.

    Exemple :

    On n'écrira pas :

    Mon neveu, (un jeune entreprenant) n’a pas hésité à lui faire la cour.

    mais :

    Mon neveu (un jeune entreprenant), n’a pas hésité à lui faire la cour.

    • Si le texte mis entre parenthèses commence par une majuscule, la ponctuation finale de ce texte sera placée AVANT la parenthèse fermante.

    Exemple (une variante possible d’un des exemples précédents) :

    Le roman nouveau compte de nombreux représentants. (On remarquera néanmoins que les représentants du roman traditionnel sont bien plus nombreux.)


    • Il est possible d’inclure le point d'exclamation, le point abréviatif, les points de suspension dans la parenthèse ( ceci n’exclut pas la ponctuation en dehors de la parenthèse).

    Exemple :

    Vous devrez certainement emporter plusieurs livres (dictionnaire, roman au choix, recueil de poèmes, etc.).


    POINT

    a) Point final

    • Le point final, comme son nom l'indique, sert à marquer la fin d'une phrase. Il indique une pause de respiration assez longue. Je le conseille souvent à la place de la virgule (celle-ci est utilisée parfois d’une manière excessive) ! Il suffira d’ajouter un mot-lien entre les deux phrases séparées par un point afin d’assurer un rapport logique entre elles.

    • Notons que certains écrivains contemporains emploient parfois le point (au lieu de la virgule) pour insister davantage sur certains groupes syntaxiques.

    Exemple :

    Ils quittèrent la ville. Sans désespoir. Sans espoir. Parce qu’ils n’avaient finalement pas d’autres choix.


    • On achève toujours la phrase sur un point (point, point d'interrogation, d'exclamation, etc.). Une majuscule commence toujours une phrase après un point simple.

    • Après le titre d'une oeuvre, le titre d'un chapitre, le nom de l'auteur, on ne met habituellement PAS de point.

    • Si une date est écrite en chiffres, le point sert aussi à séparer les éléments de la date en question : (Le 25.02.2005).
    Si la date est entre parenthèses ou si elle se trouve dans la continuité de la phrase, l'année ne sera pas suivie d'un point.


    b) Point abréviatif

    • Le point abréviatif marque la coupure d'une abréviation. Il ne s'utilise que si cette abréviation ne se termine pas sur la dernière lettre du mot.

    Exemples :

    C’est-à-dire = c.-à-d.
    Monsieur = M.
    Et cetera = etc.
    Confer = cf.
    Avant Jésus-Christ = av. J.-C.
    Exemple = ex.


    mais

    Établissements = Éts
    Saint = St
    boulevard = bd
    Monseigneur = Mgr
    Confer = cfr (autre abréviation pour
    confer)
    manuscrits = mss


    Là, il ne faut pas de point.

    • Le sigle est une abréviation constituée de la première lettre de plusieurs mots. Cette lettre est normalement suivie d’un point même si, de nos jours, on a tendance à omettre les points abréviatifs.

    • À la fin de la phrase, le point abréviatif doit se confondre avec le point final et les points de suspension.

    Exemples :

    - Il s’est rendu à la S.N.C.F.
    - Il déteste la prison, la P.J...

    (trois points seulement dans ce dernier exemple)


    • Les autres « ponctuations » comme le point d'exclamation et les deux-points doivent accompagner le point abréviatif.

    Exemples :

    - Quel beau Q.G. !
    - Je possède une petite maison à Paris et un appartement dans un H.L.M. : ce sont mes seuls biens.



    • Après des guillemets, la ponctuation normale de la phrase doit être utilisée.

    Exemple :

    Il a dit que c’était « une très solide P.M.E. ».


    • Les symboles scientifiques et les unités de mesure ne sont pas suivies d’un point : m pour mètre, mm pour millimètre, min pour minute, l pour litre, Cu pour cuivre...


    POINTS DE SUSPENSION

    • Les points de suspension marquent un arrêt de la phrase. Cet arrêt indique une interruption de la phrase qui se poursuivra ou non. Cet arrêt peut même avoir lieu au milieu d’un mot.

    Exemple (pour le mot monstre) :

    J’ai vraiment aperçu un mons...

    • Cette interruption peut avoir de nombreuses significations, car elle peut exprimer l'hésitation, l'indécision, le souhait de respecter les convenances, le désir de discrétion (refus de donner trop d’informations autobiographiques), la réticence, un sous-entendu, une énumération inachevée, le mutisme d’un personnage dans un dialogue, etc.

    Exemples :

    - « Quel bande de c... ! » cria-t-il avec virulence.
    - Je commençai à travailler chez X...

    • Les points de suspension servent souvent à souligner, en fin de texte, un inachèvement qui sollicite l'imagination du lecteur.

    Exemple :

    Tu découvriras des étangs brumeux, des cieux d’enfer, des forêts obscures...


    • Les points de suspension vont toujours par « trois ». Ils se confondent avec le point final, mais ils restent trois derrière un point d’exclamation ou un point d’interrogation.

    • Les points de suspension peuvent accompagner la virgule.

    Exemple :

    Il n’entend rien..., il ne parle pas...


    • Ils peuvent également se marier avec le point-virgule, le point d'exclamation ou d'interrogation.

    Exemple :

    Il faut espérer qu'il en tira avantage, sinon ? ...


    • Les points de suspension précèdent ou non ces différents signes de ponctuation. Tout dépend du sens de la phrase.

    Exemple :

    Que désirez-vous ? Du pain, des friandises, du fromage... ?
    On imagine dans cet exemple que la suspension doit se prolonger.


    • Il ne faut jamais placer des points de suspension après : etc.

    • Des points de suspension entre crochets sont placés à l’endroit où se situe la partie du texte ôté.

    • Les points de suspension demandent après eux la majuscule s'ils se confondent avec une ponctuation de fin de phrase.


    POINT D’EXCLAMATION

    a) Emplois du point d’exclamation

    • Le point d'exclamation exprime, comme chacun le sait, des sentiments tels que la joie, mais aussi la surprise, la crainte, la douleur, la colère, etc. Il a une valeur émotionnelle que ne possèdent pas les autres signes de ponctuation. Son emploi est pourtant souvent facultatif.

    • Le point d’exclamation est obligatoire derrière les verbes à l’impératif, les interjections et les apostrophes.

    Exemples :

    - N’oublie pas de prendre ton livre !
    - Paul ! Viens me voir !



    • Le point d’exclamation suit obligatoirement toutes les interjections simples.

    Exemples :

    - Ah !
    Pour marquer l’étonnement ou la satisfaction.
    - Ha !
    Une marque du rire.
    - Oh !
    Une indication de l’étonnement ou de l’indignation.
    - Ho !
    Pour attirer l’attention, pour appeler.
    - Eh !
    Pour marquer la surprise ou l’étonnement.
    - He !
    Pour interpeller.

    • Le point d’exclamation ne sépare pas les termes des locutions interjectives.

    Exemples :

    - Non mais !
    - Eh bien !
    - Ça alors !
    - Hélas oui !


    • Le point d’exclamation peut suggérer le rire (il se place alors à la fin).

    Exemples :

    - Ha ha ha !
    Éventuellement on peut écrire : Ha ! Ha ! Ha !
    - Ho ho ho !
    - Hi hi hi !

    b) Autres observations


    • Lorsqu’une interjection ou une locution interjective figure à l’intérieur d’une phrase, il est courant de la placer entre virgules même si le point d’exclamation est correct.

    Exemple :

    Quant à cet élève, eh bien, il n’a malheureusement pas réussi.

    • Généralement, on ne met pas de « majuscule » lorsque la phrase globale n’est pas interrompue.

    Exemples :

    - Ah ! si vous saviez !
    - Il y a assez à manger ici ! Reprenez votre pain !


    • Par contre, après le mot « Ô » on ne place ni point d'exclamation ni majuscule (le point d'exclamation se place soit après le mot en « apostrophe » (« Ô femme ! sois mon inspiratrice... »), soit à la fin de la phrase : « Ô l'inconscient d'avoir pris une telle décision ! »

    • Si une phrase comprend une suite d'exclamations, il est possible que l’exclamation puisse avoir la valeur d'une virgule expressive (l’exclamation est alors suivie d'une minuscule) ou d'une véritable fin de phrase (l’exclamation est alors suivie d’une majuscule).

    Il suffit de comparer les deux exemples suivants pour comprendre l'idée :

    - Partez ! plus vite, partez ! mais partez donc !
    Là on n'emploie pas de majuscule après les points d'interrogation.

    - Mon ami ! Quelle honte ! Quel déshonneur !
    Vous noterez que les majuscules sont indispensables.

    • Pour en terminer avec le point d'exclamation, mais il y aurait encore beaucoup à dire, il faut souligner que seuls les points de suspension peuvent suivre le point d’exclamation lorsque celui-ci achève une citation.


    POINT D'INTERROGATION

    a) Emplois du point d’interrogation

    • Le point d'interrogation est, comme son nom le signifie, la marque d'une interrogation directe.

    Exemple :

    Où partez-vous ?


    • Dans une interrogation indirecte on ne peut utiliser le point d’exclamation (excepté si cette interrogation indirecte fait partie d'une phrase interrogative).

    Exemples :

    - Il vous demande si vous nous rejoignez.
    - Lui a-t-on dit que j'irai avec vous ?



    • L’interrogation indirecte peut être transformée en interrogation directe par l'inversion du verbe et du sujet ou par l’utilisation de l’expression « est-ce que » (le point d'interrogation est ici indispensable).

    Exemples :

    - Il vous demande si vous nous rejoignez.
    - Il vous demande : « Nous rejoignez-vous ? »
    - Il vous demande : « Est-ce que vous nous rejoignez ?


    • Chaque question qui exige une réponse doit être achevée par un point d'interrogation.

    Exemple :

    Es-tu certaine de vouloir m’accompagner ? Et seule ?


    • Le point d'interrogation peut dépendre non pas de la forme de la phrase, mais de son sens :

    Exemples :

    - Vous désirez me voir ?
    - Serait-il venu me voir, je l’aurais reçu avec plaisir. Néanmoins, la phrase suivante aurait été acceptable : Serait-il venu me voir ? Je l’aurais reçu avec plaisir.

    • Ne pas oublier le point d’interrogation après le guillemet fermant d’une citation.

    Exemple :

    Te souviens-tu du proverbe qu’il a rappelé : « Qui trop embrasse mal étreint. » ? Je ne le crois pas !


    b) Autres observations

    • Le point d’interrogation n’est pas toujours suivi d’une majuscule, notamment lorsqu’il est placé au milieu d’une phrase.

    Exemple :

    « Tu souhaites me quitter ? aujourd’hui ? »

    • Une majuscule doit suivre le point d’interrogation lorsque celui-ci achève une phrase. Par exemple lorsqu’une question demande une réponse particulière :

    Exemple :

    Quel pays veux-tu visiter ? Es-tu prêt à prendre des vêtements chauds ?


    • Seuls des points de suspension peuvent suivre un point d’interrogation qui achève une citation.



    POINT-VIRGULE

    • Le point-virgule indique une pause de moyenne durée. Il se place surtout entre des propositions qui peuvent être associées sur le plan logique (même contexte). Il permet dans ce cas de maintenir un lien entre ces phrases :

    Exemple :

    Il bute et tombe ; l'animal se jette sur lui ; la corde se détend et arrête le bond du fauve.


    • Le point-virgule joue également le rôle d’une virgule ou d’un point pour séparer des parties assez longues et surtout lorsqu’une de ces parties contient déjà une ou plusieurs virgules.

    Exemple :

    Je n’ai jamais compris pourquoi il avait refusé cette proposition pourtant si intéressante ; on lui offrait la nourriture, le logement et une voiture.


    • Le point-virgule permet d’équilibrer deux phrases qui offrent un parallèle.

    Exemple :

    Pierre n’aimait que Mozart ; Virginie n’appréciait que Beethoven.


    • Il faut reconnaître que l'emploi du point-virgule se rapproche dans de nombreux cas de celui de la virgule (La foule grouillait autour de moi ; néanmoins je souffrais de la solitude). Seuls les objectifs personnels d’un écrivain et son tempérament lui feront choisir l’un plutôt que l’autre. Certains auteurs pensent même que c'est un signe superflu. Personnellement, dans l’exemple qui précède, j’aurais opté pour le point !



    TIRET

    a) Emplois du tiret

    • Le tiret (—) ne doit pas être confondu avec le trait d'union (-) : voir à la fin de l’article les remarques supplémentaires sur le trait d’union.

    • Le tiret s’utilise dans un dialogue pour distinguer les personnages.

    Exemple :

    Il rejoignit sa soeur :
    — À quel moment désires-tu m’accompagner ?
    — Dans la soirée.
    — Tu ne penses pas que nous devrions partir plus tôt ?
    — Je ne le crois pas.



    • Le tiret permet de séparer verticalement les parties d'une énumération.

    • Les tirets sont utilisés pour encadrer une incise. Sur le plan graphique, le double tiret attire davantage l’attention que l’utilisation de deux virgules : il attire ainsi l’attention des lecteurs sur une information qui semble importante aux yeux de l’écrivain.


    Exemple :

    Très imbu de lui-même, il montra — bien sûr avec ostentation — la nouvelle caméra qu’il s’était achetée


    b) Autres observations

    • Lorsque le tiret marque le début d’une réplique d’un personnage (dialogues de théâtre…), il doit être séparé du nom du personnage ou de la didascalie par un point :

    Exemple :

    ANDRÉ. — Désirez-vous vraiment en parler ?
    JEAN-PIERRE, pensif. — Je commence à me le demander !



    • Lorsque les tirets encadrent une proposition incise, le deuxième tiret ne se répète pas à la fin de la phrase.

    Exemple :

    Le guide touristique recense les risques encourus par le touriste qui visite ce pays — risque de guerre civile, pollution et maladies.


    • N’importe quel signe de ponctuation peut être suivi du tiret.

    Exemple :

    Je crains la solitude, — le manque de communication, — la maladie.


    • Si, dans une phrase, une virgule est nécessaire à l’endroit où se trouve le tiret, elle doit se placer après le deuxième tiret.


    Exemple :

    Si tu désires lui parler une dernière fois — tel est sans doute ton souhait —, tu dois le faire maintenant.



    VIRGULE

    a) Emplois de la virgule

    • La virgule représente une pause de faible durée à l’intérieur de la phrase. J’ajouterais qu’elle permet au lecteur de comprendre le sens de la phrase, car, dans de nombreux cas, sa présence ou son absence peut créer une certaine ambiguïté.

    • On doit mettre une (ou plusieurs) virgule :

    - Après l’apostrophe ou vocatif : André, lis-moi ta nouvelle poésie.
    - Après l’apposition ou l’épithète détachée : Le renard, le plus rusé des animaux.
    - Pour encadrer une relative explicative : L’homme, qui est venu ce matin, est retourné dans son pays natal.
    - Avant certaines propositions ayant une valeur explicative : Il le fera, puisque vous lui demandez.
    - Pour encadrer l’incise : Je vous félicite, lui dit-il, pour cette œuvre de haute tenue.
    - Après le complément circonstanciel (placé avant la principale) : Après avoir poussé la porte, il entra.

    • Si l’on opère une inversion du verbe et du sujet, les éléments placés en tête de phrase ne sont pas suivis d’une virgule surtout si ces éléments sont courts.

    Exemple :

    Dans la soirée arrivèrent les amis de ma fille.


    • La virgule s’emploie entre des termes ou des groupes de mots qui sont coordonnés sans conjonction (mais, or, et, etc.). Ces termes ou groupes de mots doivent, bien entendu, avoir la même fonction grammaticale.

    Exemples :

    - On monte, on descend, on crie, on s’agite en tous sens.
    - Ils courent, ils courent vite, ils courent très vite !
    - Il observe les villas, les promeneurs, les arbres et les cyclistes.



    • On place généralement une virgule ENTRE les éléments coordonnés par une autre conjonction que « et, ou, ni ».

    Exemples :

    - Je me suis arrêté de fumer, car cela coûtait à ma santé et à mon portefeuille.
    - Il partira avec nous, mais il souhaite revenir une semaine plus tôt.
    - Je n’ai pas vu ce film, donc je ne peux pas en parler.


    • On sépare les éléments de la phrase par une virgule si les conjonctions et et ou sont répétées (excepté ni).

    Exemples :

    - Il était riche, et beau, et généreux.
    - On pouvait apercevoir parfois une lumière, ou une ombre vague, ou une forme de montagne.
    - Je ne peux ni l’approuver ni le contester.


    • Une virgule doit être employée devant les conjonctions et, ou, ni quand celles-ci joignent deux propositions qui n’ont pas le même sujet.

    Exemple :

    Il partit à Paris, et Natacha resta à la maison.


    • On place habituellement une virgule devant « etc. »

    • Quand les sujets forment une énumération on peut placer une virgule APRÈS le dernier terme si ce dernier terme ne vient pas « remplacer » les autres.

    COMPAREZ : Le bleu, le vert, le noir, étaient ses couleurs préférées ET Un murmure, une cri, un simple bruit lui donnait des frissons.

    • On place une virgule devant le deuxième soit lorsque le premier soit précède le verbe.

    Exemples :

    - Soit il nous quittera, soit nous le convoquerons.
    - Mon fils apprendra soit la guitare sèche soit la guitare électrique.


    • On place une virgule devant sinon.

    Exemple :

    Je te demande de te dépêcher, sinon je partirai seul.


    Observations sur l’incidente et l’incise

    La virgule peut encadrer une partie de phrase que l’on pourrait supprimer sans que le sens n’en pâtisse. L’incidente, par exemple, est une proposition qui suspend une phrase pour y introduire un énoncé accessoire. Cette proposition est généralement placée entre deux virgules ou entre deux tirets. On utilise parfois incise pour désigner la phrase incidente qui sert à indiquer que l'on rapporte les propos ou la pensée de quelqu'un.

    Exemple :

    Demain, s'il fait beau, j'irai à la campagne.

    « S'il fait beau » est l'exemple typique de l'incidente. On aurait pu écrire : « Demain, j'irai à la campagne », en occultant la notion du temps.
    « S'il fait beau »
    intercalé au milieu de la phrase, entre les deux virgules, introduit une relation de complémentarité qui exprime une « condition » et qui donne une « information » plus pointue.


    b) Les différentes significations de la virgule

    • La virgule peut signifier la conjonction et.

    Exemple :

    Il aime beaucoup les chats, les chiens, les oiseaux.


    • Certains utilisent la virgule pour exprimer certaines relations logiques comme l’explication (elle équivaut alors aux deux points), la cause (elle remplace alors « car » ou « parce que ») ou l’opposition (elle remplace alors « mais », « en revanche », « au contraire »). Personnellement, je ne recommande pas cette utilisation, car j’estime que, dans les cas précités, l’utilisation du point ou d’une conjonction serait préférable.

    Exemples :

    - Il ne voulait pas s’enfuir, je l’ai chassé de force.
    - Il est à l’hôpital, il a eu un accident ce matin.
    - Il t’appelle, tu ne lui réponds pas.


    c) Autres observations

    • Une des virgules qui encadreraient un groupe de mots disparaît si ce groupe de mots est placé au début ou à la fin de la phrase :

    Exemples :

    - Je souhaiterais, mon fils, que tu travailles.
    - Mon fils, je souhaiterais que tu travailles.
    - Je souhaiterais que tu travailles, mon fils.


    • Bien entendu, dans une incise, un signe de ponctuation différent peut remplacer une des deux virgules.

    Exemple :

    La drogue est destructrice, disait cet ancien toxicomane : elle nuit à notre vie intérieure et extérieure.


    • On doit parfois placer une virgule APRÈS des guillemets encadrant une citation.

    Exemple :

    Elle me dit : « Je vous aimerai toujours », et partit sans se retourner.



    Remarques supplémentaires sur le trait d’union

    • Le but essentiel du trait d’union est de créer une unité à partir de mots qui ont parfois une nature différente.

    • Ainsi, il permet de créer un nouveau nom à partir de mots de nature différente ou identique :

    Exemple :

    Le timbre-poste, l’après-midi, un sous-marin, un couvre-lit, un wagon-restaurant.


    • Son utilisation permet de ne pas confondre les homonymes : Peut-être et peut être, après-demain et après demain.

    • Il s’utilise avec certains préfixes (super, pré, non, pseudo, hyper, extra, ex, quasi, etc.).

    • Le trait d’union est utilisé :
    — dans des expressions comme : ci-joint, ci-gît, ci-après, ci-devant, vis-à-vis, mort-né, dernier-né, etc.
    — avec certaines locutions adverbiales (si elles sont précédées de « au » ou « par ») : Au-dessus, au-dessous, au-dedans, par-devant, par-dehors.

    — avec certains mots composés anglais qui sont passés dans l’usage du français : boy-scout, week-end, etc.

    • Le trait d’union peut servir à former certains groupements nouveaux de mots comme : la trilogie cigarette-café-sucre, l’ axe Paris-Bruxelles...

    • On le retrouve parfois lorsque l’on souhaite révéler l’étymologie d’un mot : la co-naissance.

    • Un trait d’union est placé ENTRE le verbe et les pronoms postposés : dis-je, crois-tu ?

    • Un trait d’union est placé avant et après un « T » analogique, celui-ci se plaçant ENTRE les traits d’union : chante-t-elle, va-t-on, ira-t-il, convainc-t-elle.

    • On place un trait d’union entre les pronoms personnels compléments et l’impératif : Rends-nous-les, allez-vous-en, laisse-moi, dites-le-lui.

    • Par contre, lorsque « l’impératif » est suivi d’un pronom et d’un « infinitif », on n’utilise pas le trait d’union si le pronom se rapporte à l’infinitif.

    Exemple :

    Viens le raconter !

    • Il convient d’unir par un trait d’union :

    — le pronom démonstratif suivi des adverbes « CI » et « LÀ » : Celle-là, celui-ci, ces femmes-là, cette auto-ci.

    Le dernier exemple révèle qu’un nom, précédé d’un démonstratif, peut aussi précéder les mêmes adverbes (dans ce cas on emploie le trait d’union).

    — Le pronom personnel et l’adjectif « MÊME » : toi-même, nous-mêmes

    Mais on écrira SANS trait d’union : Ceux mêmes, ici même.

    Ainsi se termine cet article qui, je l'espère, aura apporté un complément d'information à ceux dont la ponctuation pose quelques problèmes, et un rappel aux autres qui, connaissant les règles, pourront les appliquer, en certaines circonstances, de manière plus pointue, peut-être.

                                                                            Illustration : Emilio Danero

  • Emilio Danero 
    La méthode d’analyse proposée n’est bien entendu pas la seule méthode pour analyser un texte poétique ! Elle offre cependant le mérite d’être d’abord à l’écoute du langage du poète. Il faut savoir, en effet, qu’un poète se sert avant tout d’une langue particulière qui n’a aucun rapport avec le langage de la prose. Je pense alors qu’il convient, par respect pour le poète, d’analyser au préalable ce langage. Par la suite, nous pourrons découvrir les divers sens du poème. Par boutade, je dis souvent que le poète n’a pas d’abord quelque chose à dire ! Car si son intention était de transmette avant tout un message, il lui suffirait d’écrire en prose !
    L’article comprend deux parties. La première partie offre un apprentissage théorique sur la méthode utilisée. La deuxième, quant à elle, permet de mettre en pratique les notions théoriques à travers l’étude d’un poème de Paul Verlaine.

    1) LA THÉORIE

    A) INTRODUCTION AU PRINCIPE D’ÉQUIVALENCE

    1) Nous pouvons constater que le langage poétique est basé en grande partie sur le mécanisme de répétition.
    Le texte poétique est en effet construit sur un certain nombre de répétitions que l’on peut appeler « équivalences ». Mais il ne faudrait pas se méprendre sur le sens du mot « équivalences » qui fait référence non seulement à des éléments identiques, mais aussi à certaines ressemblances. Il faut donc savoir que le mot « équivalent » ne veut pas toujours dire « identique » ! Dans le cadre des équivalences, nous observerons également des mots qui ont des sens opposés (nous parlerons alors d’oppositions sémantiques).

    2) Nous pouvons trouver :

    des équivalences de tous ordres :

    - à l’intérieur du vers : par exemple, si nous découvrons dans un vers deux fois le mot « soleil » ou, dans un autre vers, les mots « rouge » et «bleu», nous pourrons, à chaque fois, parler d’une équivalence. Dans le premier cas, il s’agit d’une simple répétition de mots (sème de la clarté). Dans le deuxième cas, nous découvrons deux mots qui ont un sème commun à savoir la couleur.

    - d’un vers à l’autre : par exemple, si nous découvrons le mot « nuit » dans le vers 1 et le mot « ombre » dans le vers 3, nous parlerons encore d’une équivalence et plus particulèrement d’une opposition sémantique (dans ce cas-ci, les deux mots ont l’obscurité comme sème commun).

    - d’une strophe à l’autre : par exemple, si nous découvrons le mot « lèvres » dans la première strophe, le mot « yeux » dans la deuxième strophe et à nouveau le mot « lèvres » dans la troisième strophe, nous parlerons toujours d’une équivalence (les trois termes ont comme sème commun les parties du corps).


    des équivalences à tous les niveaux :

    - phonique ( en rapport avec les sons)
    - métrique ( en rapport avec le nombre de syllabes et l’accentuation du vers)
    - grammatical (en rapport avec la grammaire)
    - lexico-sémantique (en rapport avec le sens des mots).


    B) QUATRE TYPES D’ÉQUIVALENCE

    1) Relations d’équivalence sur le plan phonique


    Il est évident que dans le domaine de la prose l’aspect phonique ne joue pas un rôle important. Alors que dans la poésie, nous pouvons observer une mise en évidence de l’aspect phonique du langage par des procédés de répétitions. Cette mise en évidence du niveau phonique dans le domaine poétique flatte l’oreille (pensons notamment aux comptines de notre enfance). On remarque aussi que, dans certains cas, les équivalences phoniques peuvent avoir des implications sur le plan du sens.

    D’une manière concrète, il s’agit ici, dans un premier temps, de repérer, dans un poème, tous les aspects qui relèvent du son : les rimes, les paronomases, les allitérations, les assonances, les rimes intérieures...

    Dans un second temps, l’on pourra se demander si ces équivalences phoniques n’engendrent pas des observations sur le plan du sens. Ainsi, par exemple, deux mots rimant entre eux peuvent avoir des rapports de sens.

    J’insiste sur le fait que l’analyse d’un poème sur le plan phonique est très délicate, car il faut à tout prix éviter certains dérapages constatés parfois sur le plan d’une éventuelle signification accordée à certains sons. En résumé, plutôt que d’affirmer des inepties, il est parfois préférable de se cantonner à la simple observation des sons sans nécessairement leur attribuer une signification particulière ( les liquides, comme « l » par exemple, peuvent suggérer le thème de l’eau, mais que dire de la répétition de la voyelle « u » par exemple ?).


    2) Relations d’équivalence sur le plan métrique

    On distingue :

    a) Les équivalences métriques accentuelles :

    On repérera les vers qui offrent la même accentuation ( nous dirons que les vers qui ont la même accentuation offrent des équivalences métriques accentuelles).
    En français le mot ne peut porter un accent tonique que sur la dernière syllabe ou sur l'avant-dernière si la dernière est un «e» muet. Par ailleurs, dans un groupe nominal ou verbal, le mot le plus important porte un accent de groupe. Néanmoins nous signalons qu’une lecture répétée à voix haute permet souvent de repérer les syllabes accentuées.
    Lorsque l’on parle du rythme d’un vers (le rythme est basé sur le retour, à intervalles plus ou moins réguliers, d'accents toniques) , on peut dire qu’un rythme est régulier (ou irrégulier), lent (ou rapide), croissant (ou décroissant), haché ou saccadé... Il faut donc éviter d’utiliser des termes impropres à propos du rythme.

    Après avoir repéré les vers qui offrent une équivalence métrique accentuelle, nous demanderons si les vers en question offrent un rapport sur le plan sémantique.

    Exemple de Baudelaire (les syllabes accentuées sont en majuscules):

    InfiNI berceMENT du loiSIR embauMÉ

    Ce vers offre un rythme régulier (rythme ternaire dans le cas présent : 3 / 3 / 3 /3).
    On remarque en outre que ce rythme régulier convient bien pour suggérer un mouvement régulier qui correspond à celui d’un bercement.


    Exemple de Gérard de Nerval (les syllabes accentuées sont en majuscules) :

    À la MAIN une fleur qui BRIlle (rythme 3 / 5)
    À la BOUche un refrain nouVEAU (rythme 3 / 5)

    Dans cet exemple, nous percevons que ces deux vers isométriques (même métrique accentuelle) ont également des rapports sur le plan sémantique (parties du corps humain) et même syntaxique (parallélisme syntaxique).


    b) Les équivalences métriques syllabiques :

    On repérera les vers qui offrent le même nombre de syllabes.

    Après ce repérage des vers qui offrent une équivalence métrique syllabique, nous pourrons nous demander si ces équivalences ont une implication sur le plan sémantique (par exemple, deux vers ayant le même nombre de syllabes offrent peut-être une thématique assez proche, voire opposée).


    3) Relations d’équivalence sur le plan lexico-sémantique

    Nous distinguon ici trois parties que nous observerons dans chaque poème :

    a) répétitions de mots (« aimer » et « aimer » par exemple)

    b) synonymes ( «mer » et «océan » par exemple) tout en sachant qu’en français, les vrais synonymes sont très rares !

    c) relations sémantiques entre des mots différents (« lumière » et « soleil » par exemple)


    4) Relations d’équivalence sur le plan grammatical

    Les équivalences grammaticales peuvent également entraîner des relations sémantiques.

    On distinguera :

    a) Les équivalences syntaxiques :

    - fonction des mots ( sujet, attribut, complément du nom...).
    - structure des phrases (principale, subordonnée, relative, exclamative...).

    b) Les équivalences morphologiques :

    - nature des mots (verbe, nom, adjectif, pronom...).
    - équivalences fondées sur les catégories grammaticales (les quatre catégories grammaticales sont le temps, la personne, le nombre et le genre).


    Exemple de Paul Éluard :

    Je te l’ai dit pour les nuages
    Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer
    Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles



    Nous relevons combien les noms, par exemple, sont à la fois importants et nombreux dans ce début de poème de Paul Éluard : six noms qui évoquent des éléments naturels.
    En outre, nous relevons la répétitions du verbe dire (le poète insiste donc sur l’importance d’une parole proférée).
    Enfin, nous remarquons le parallélisme syntaxique des deux premiers vers et la répétition de la préposition « pour ».


    Remarque:

    Bien entendu cette analyse serait insuffisante sans l’observation des figures de style qui sont présentes dans de nombreux poèmes. Voici quelques procédés stylistiques (la liste n’est pas exhaustive) que l’on peut observer dans les poèmes : métaphores, métaphores filées, comparaisons, métonymies, synecdoques, personnifications, antithèses, chiasmes, gradation, oxymore... La plupart de ces procédés sont expliqués, dans Frandidac, dans les articles consacrés au lexique littéraire.



    2) LA PRATIQUE : UN POÈME DE PAUL VERLAINE

    Remarque préliminaire :

    En pratique, je propose toujours une analyse en deux temps. Le premier temps consiste à observer le langage à travers les quatre types d’équivalence et l’étude des procédés stylistiques (figures de style...). Le deuxième temps propose toujours une interprétation sémantique du poème à partir de ces observations sur le langage. On part donc du langage pour déboucher sur les sens du poème.



    L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
            Meurt comme de la fumée,
    Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles,
            Se plaignent les tourterelles.

    Combien, ô voyageur, ce paysage blême
            Te mira blême toi-même,
    Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
            Tes espérances noyées !



    A) OBSERVATIONS SUR LE PLAN DU LANGAGE

    1) RELATIONS D’ÉQUIVALENCE SUR LE PLAN PHONIQUE


    Sur le plan phonique, on remarquera
    - que toutes les rimes sont féminines (Verlaine se libère ici de la contrainte de l’alternance entre les rimes masculines et féminines).
    - l’allitération en « r » dans la première strophe.
    - l’allitération en « m » dans les vers 1 et 2.
    - le début phonique est identique dans « plaignent » et « pleuraient » (voir aussi le rapport sémantique entre ces deux mots).
    - le son « è » disséminé dans les vers 4, 5 et 6 (« plaignent », « blême » et « blême »).
    - la répétition du groupe « br » au vers 1 (« ombres » , « arbres » , « embrumées »).
    - la répétition du groupe « ag » au vers 5 (« voyageur » , « paysage »)


    2) RELATIONS D’ÉQUIVALENCE SUR LE PLAN MÉTRIQUE

    a) Équivalences métriques accentuelles


    On remarque le rythme ternaire du septième vers (3 / 3 / 3 / 3) : Et que TRIStes pleuRAIENT dans les HAUTes feuiLLÉES.
    Les autres vers offrent une métrique accentuelle très variée. Les vers qui offriraient des équivalences métriques accentuelles sont donc inexistants.


    b) Équivalences métriques syllabiques

    Les vers impairs sont des alexandrins et les vers pairs sont heptasyllabiques. Le vers impair est, signalons-le, l’instrument favori de Paul Verlaine (le vers impair est étranger à l’éloquence).
    On observe que chaque vers pair offre une thématique assez pessimiste (« meurt » ; « se plaignent » ; « blême » ; « noyées »). Nous pouvons établir une distinction entre les deux premiers vers impairs et les deux suivants sur le plan de la modalité temporelle et des allusions à la personne : le présent (« meurt », « se plaignent ») et le passé (« mira », « noyées »), un discours non personnel (aucune allusion à une première ou à une deuxième personne ) et un discours personnel ( « te » et « tes »).


    3) RELATIONS D’ÉQUIVALENCE AU NIVEAU LEXICO-SÉMANTIQUE

    a) répétitions de mots : « blême » (deux fois : la répétition de ce mot souligne d’ailleurs la parenté entre le paysage extérieur et le malaise du poète).

    b) synonymes : pas de synonymes.

    c) relations sémantiques entre des mots différents :

    - « arbres », « rivières », « ramures », « feuillées » : le sème commun est la nature.
    - « se plaignent » et « pleuraient » : le sème commun est la tristesse (ces deux mots font également appel au sens de l’ouïe).
    - « meurt » et « noyées » : le sème commun est la mort.
    - « rivières » et « noyées » : le sème commun est l’eau.
    - « air », « hautes » : le sème commun est la hauteur.
    - « ombre » , « embrumées » et « fumée » : ces trois mots font appel sens de la vue.
    - « fumée » et « embrumée » : ces deux mots impliquent un effacement des contours (le paysage semble peu défini).
    - « ombre » et « réel » : ces deux mots offrent une opposition sémantique entre le reflet et le réel.


    4) RELATIONS D’ÉQUIVALENCE SUR LE PLAN GRAMMATICAL


    Sur le plan de ces équivalences, on ne peut bien sûr pas aborder tous les aspects. Il convient de relever les éléments les plus pertinents sur le plan grammatical.

    a) Les équivalences syntaxiques

    - fonction des mots
    - structure des phrases

    • On remarque la fausse symétrie entre « tandis que » et « et que » : les deux jonctions semblent se faire de la même façon, mais en réalité il s’agit dans le premier cas d’une locution conjonctive et dans le deuxième cas d’un adverbe exclamatif.
    En outre le septième vers constitue un écart syntaxique dans la mesure où il aurait été plus « correct » d’écrire : « et comme elles pleuraient tristement ».
    On notera à ce propos que le texte de la première strophe est énonciatif (aucune affectivité n’y est exprimée) , tandis que celui de la deuxième strophe est exclamatif ( « combien », « et que », « ô »).

    • On ne trouve des compléments cisconstanciels de lieu que dans les alexandrins (« dans la rivière embrumée » ; «parmi les ramures réelle » ; « dans les hautes feuillées ». Le troisième complément circonstanciel de lieu (« dans les hautes feuillées » ) répète en fait le deuxième (« parmi les ramures réelles »), mais avec une variation totale entre les mots.
    On observe que le dernier complément circonstanciel de lieu s’intercale entre le verbe et le sujet, créant ainsi un petit effet de dramatisation mettant l’accent sur le dernier vers. Une construction plus logique aurait été la suivante : « Et comme tes espérances noyées pleuraient tristement dans les hautes feuillées ». On remarquera également que ces compléments circonstanciels de lieu ont une place fixe dans le vers (fin de vers), mais mobile dans la syntaxe de la phrase.

    b) Les équivalences morphologiques

    - nature des mots
    - équivalences fondées sur les catégories grammaticales (temps, personne, nombre et genre)

    • Aucune allusion à la première personne et à la deuxième personne dans la strophe 1.
    Allusion à la deuxième personne dans la strophe 2 (« te » ; « toi-même » ; « toi »).

    • On trouve le temps du présent dans la première strophe (« meurt » et « se plaignent »). Par contre, dans la deuxième strophe, ce sont les temps du passé qui apparaissent (« mira » et « pleuraient »). Ce passage au passé, qui est assez curieux, est lié au passage au discours personnel, à l’intériorité et à l’intensité. Le passé simple « mira » est le seul verbe du poème à exprimer une action qui n’est pas envisagée sous l’angle de la durée.

    • Le singulier domine dans les vers 1, 2, 5 et 6. Le pluriel domine dans les vers 3, 4, 7 et 8.

    • La première strophe est dominée par le règne des articles définis (6 articles définis) qui sont quasi inexistants dans la deuxième strophe (1’ article défini).

    • On observera que la plupart des verbes du poème concourent à créer des éléments de personnification si l’on tient compte des sujets qui y sont accouplés : l’ombre meurt, les tourterelles se plaignent, les espérances pleurent et sont noyées.

    Remarque :

    On remarquera dans le poème de Verlaine les figures de style suivantes :
    • L’ombre meurt : métaphore
    • L’ombre meurt comme de la fumée : comparaison (thème de l’indistinct).
    • Paysage blême : métaphore qui associe le paysage et l’homme (le voyageur s’identifie au paysage).
    • Pleuraient tes espérances : métaphore qui associe la tristesse au thème du liquide.
    • Tes espérances noyées : métaphore qui associe la perte de l’espoir au thème du liquide.



    B) INTERPRÉTATION SÉMANTIQUE


    Dans un premier temps est décrit un paysage. Dans les deux premiers vers qui développent le sens de la vue, on observe l’image du reflet vers le bas : l’arbre dans la rivière. Dans les troisième et quatrième vers, est développé le « bruit » du règne animal : les tourterelles se plaignent (on se retrouve cette fois-ci dans les hauteurs). À un décor flou décrit dans les deux premiers vers (les choses perdent leur consistance) succède donc la vérité d’un paysage réel (« ramures réelles ») dans les deux vers suivants qui développent le sens de l’ouie. En résumé, dans la première strophe, le poète évoque un paysage dans un présent intemporel : la personne n’est pas concernée par le paysage.

    Dans un deuxième temps, le même paysage (« ce paysage ») est réinterprété d’une façon intériorisée : le paysage devient l’état d’âme d’un « tu ». Le paysage, dont on a parlé dans la première strophe, est blême et regarde le voyageur blême lui aussi ( le paysage renvoie au voyageur une image décevante et envoie au voyageur sa propre vérité) : le sens de la vue et le niveau spatial du bas sont donc à nouveau développés.
    Dans les hauteurs, on entend à nouveau le « bruit » (pleuraient) de la tristesse de l’homme (bruit qui renvoie aux tourterelles de la première strophe). En résumé, la deuxième strophe nous fait passer à ce qui est vécu personnellement par le narrateur.

    En conclusion, le monde extérieur (un paysage dans la strophe 1) est devenu le miroir du monde intérieur (une méditation dans la strophe 2). Chaque strophe nous a fait entrevoir le thème du double (mirage et réalité, bas et haut, le voyageur qui voyait son reflet dans l’eau, singulier et pluriel) à travers un espace et un temps vertigineux...

                                                                            Illustration : Emilio Danero



  • Cet article n’a pas pour but d’offrir une réflexion exhaustive sur les différences entre la prose et la poésie. Il offre simplement, au début d’une initiation à la poésie, des pistes de réflexion permettant de relever quelques différences fondamentales entre la prose et la poésie. Dans le futur, plusieurs articles cerneront, d’une manière plus approfondie, le langage poétique.

    1) Le sens du mot «prose »

    Il serait bon, dans un premier temps, de cerner le sens du mot prose, souvent mal compris par les étudiants. Si je m’en réfère au Petit Robert, je découvre que la prose est « une forme de discours oral ou écrit, une manière de s’exprimer qui n’est soumise à aucune des règles de la versification. » La versification est la technique du vers dans le domaine poétique.
    Le Larousse, quant à lui, nous dit que la prose est « une forme ordinaire du discours parlé ou écrit, qui n’est pas assujettie aux règles de rythme et de musicalité propres à la poésie. »
    Un roman, un article de journal... relèvent donc de la prose. Ces définitions du Petit Robert et du Larousse révèlent bien que la prose se distingue de la poésie. Encore faudrait-il savoir comment !


    2) Le langage poétique n’est pas le langage de la prose

    Il faut donc partir de l’idée suivante : le langage poétique est fondamentalement différent du langage de la prose.

    • En effet, dans un texte non artistique (en prose), tous les mots ne peuvent pas se combiner ensemble (on s’intéresse d’abord au sens des mots avant de les combiner). Imaginez que je me rende chez le boulanger en lui disant : « Cher boulanger, votre esprit charitable et plein d’abnégation vous permettra-t-il de m’offrir un pain pétri par vos mains adorables ! ». Ne pensez-vous pas qu’il me prendra pour un fou ! Pourquoi ? Parce qu’un boulanger (malheureusement peut-être !) ne rêve pas ! Il souhaite entendre un message clair de ma part ( « Je désire un pain »), car son unique but est de vendre du pain !

    • Par contre, dans un texte artistique de nombreuses combinaisons de mots sont possibles (c’est d’ailleurs la combinaison plus ou moins originale des mots qui crée un rapport sémantique plus ou moins original)


    En résumé :




    3) Le langage poétique peut offrir une multiplicité de sens

    Le langage poétique peut offrir une multiplicité de sens. Ces sens ont été placés volontairement ou non par l’auteur du poème. Le lecteur est libre, quant à lui, d’y ajouter ses propres sens en fonction de sa culture environnante.
    Le langage de la prose n’offre souvent qu’un seul sens (puisque souvent son but est de transmettre un message clair pour tout le monde).


    4) Le langage avant le sens

    Le langage poétique a ses caractéristiques propres (rythme, rimes facultatives, jeu sur les sonorités et les répétitions, métaphores...). Puisqu’il est différent du langage de la prose, il convient d’abord de se pencher sur les caractéristiques du langage poétique : il faut d’abord étudier son langage (ensuite montrer les sens produits par ce langage).

    L’erreur serait en face d’un poème de se poser en premier lieu la question suivante : « Qu’est-ce que le poète a voulu dire, quelles sont les idées exprimées dans ce poème ? »
    Il est donc nécessaire d’analyser au préalable le langage du poète. En effet, le poète se sert avant tout des mots ou est dominé par le langage qui le manipule consciemment ou inconsciemment (par exemple, un mot peut le pousser à écrire un mot auquel il ne pensait pas !). Il crée donc un langage nouveau ou il est créé par le langage. Et ce langage produit des sens.


    5) Une combinaison originale des mots

    C’est la combinaison originale des mots qui crée « la valeur » d’un texte (les clichés sont donc à éviter !)

    Exemples :

    a) Exemple n° 1 : « Vois-tu cette belle jeune fille aux yeux bleus et aux cheveux blonds couchée sur le sable doré ? »

    Lorsque je donne cette phrase en classe à des étudiants qui n’ont jamais suivi un cours sur la poésie, la majorité d’entre eux estime que cette phrase relève de la poésie ! Pourtant, lorsque nous l’ observons attentivement, nous pouvons remarquer qu’elle contient de nombreux clichés. C’est d’ailleurs l’occasion de définir avec eux le cliché (que l’on appelle aussi le lieu commun ou le stéréotype ou le poncif) qui offre une idée que l’on a déjà tellement vue, lue ou entendue qu’elle n’est plus originale ! Pour en revenir à la phrase de départ, nous remarquons les clichés suivants :


    Belle fille

    Pourquoi toutes les filles devraient-elles être belles ? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’une belle fille ? En outre, des filles considérées comme étant moins belles n’ont-elles pas parfois davantage de charme ?


    Jeune fille

    Les filles sont toujours représentées comme étant jeunes ! Avez-vous déjà vu des publicités montrant des femmes âgées ? C’est plutôt rare !


    Les yeux bleus

    Voilà encore un cliché ! Le bleu des yeux représente le sommet de l’esthétique pour de nombreuses personnes, et en particulier pour les jeunes !


    Les cheveux blonds

    Les publicités montrant des femmes aux cheveux blonds sont fréquentes et ce malgré les blagues qui circulent à leur propos !


    Femme couchée

    Un certain érotisme exploité encore une fois dans de nombreuses publicités !
    La femme couchée symbolise l’attente du mâle, le désir, la sensualité...


    Le sable doré

    Voilà le cliché de la carte postale !


    b) Exemple n° 2

    • Voici une phrase que j’écris au tableau : « Ton corps avec ses quatre membres me fait penser à un arbre. Tes doigts ressemblent à du blé qui me caresse. Ce soir nos regards sont chauds et révèlent notre désir l’un de l’autre. »

    À nouveau, je demande aux étudiants si cette phrase appartient à la poésie ou à la prose. De nombreux étudiants me signalent que cette phrase relève de la poésie alors qu’il n’en est rien ! Pourquoi ? Un langage assez lourd et explicatif. En outre les métaphores originales sont absentes :

    • Ensuite j’écris la transformation de cette phrase en poésie :




    c) Exemple n° 3

    Pour ce dernier exemple, je note au tableau et face à face les deux textes suivants.
    À gauche, le texte en prose. À droite sa transformation en poème. On remarquera, dans le deuxième texte, le travail opéré sur le plan du langage (nombreuses métaphores, le champ lexical de la plage, une partie du corps décrite dans chaque vers impair, une allusion à la deuxième personne dans chaque vers pair, un complément de lieu dans chaque vers impair...).




    6) La liberté

    La poésie est le règne de la liberté ! Mais il ne s’agit pas d’une liberté anarchique.
    On peut tout écrire en poésie à la condition de savoir pourquoi l’on écrit de telle ou telle façon ! Cette idée de liberté va à l’encontre des idées préconçues sur la poésie. Nous savons en effet que les poètes ont souvent voulu s’astreindre à des règles strictes et les étudiants s’imaginent que la poésie est un lieu de contraintes strictes ! Je leur explique que la poésie a la liberté ou non de suivre certaines règles et qu’un poème n’est pas moins beau parce qu’il obéit ou non à ces règles ! Pensons aux poètes du XVIe siècle (poésie avec contraintes) ou du XXe siècle (nombreuses poésies libres) qui ont écrit des oeuvres remarquables !


    7) L’importance du travail

    Pour conclure cette petite introduction aux différences entre la prose et la poésie, j’insiste sur l’importance du travail dans le domaine poétique. La poésie est souvent le résultat d’un long travail ! À tel point qu’un poème écrit il y a un mois peut être jugé mauvais par son auteur après nouvelle lecture. Bien entendu, dans plusieurs cas, l’inspiration peut être souhaitable, mais celle-ci n’est pas la condition nécessaire à la création d’un beau texte !






  • Cet article n’a pas pour but d’offrir une réflexion exhaustive sur les différences entre la prose et la poésie. Il offre simplement, au début d’une initiation à la poésie, des pistes de réflexion permettant de relever quelques différences fondamentales entre la prose et la poésie. Dans le futur, plusieurs articles cerneront, d’une manière plus approfondie, le langage poétique.

    1) Le sens du mot «prose »

    Il serait bon, dans un premier temps, de cerner le sens du mot prose, souvent mal compris par les étudiants. Si je m’en réfère au Petit Robert, je découvre que la prose est « une forme de discours oral ou écrit, une manière de s’exprimer qui n’est soumise à aucune des règles de la versification. » La versification est la technique du vers dans le domaine poétique.
    Le Larousse, quant à lui, nous dit que la prose est « une forme ordinaire du discours parlé ou écrit, qui n’est pas assujettie aux règles de rythme et de musicalité propres à la poésie. »
    Un roman, un article de journal... relèvent donc de la prose. Ces définitions du Petit Robert et du Larousse révèlent bien que la prose se distingue de la poésie. Encore faudrait-il savoir comment !


    2) Le langage poétique n’est pas le langage de la prose

    Il faut donc partir de l’idée suivante : le langage poétique est fondamentalement différent du langage de la prose.

    • En effet, dans un texte non artistique (en prose), tous les mots ne peuvent pas se combiner ensemble (on s’intéresse d’abord au sens des mots avant de les combiner). Imaginez que je me rende chez le boulanger en lui disant : « Cher boulanger, votre esprit charitable et plein d’abnégation vous permettra-t-il de m’offrir un pain pétri par vos mains adorables ! ». Ne pensez-vous pas qu’il me prendra pour un fou ! Pourquoi ? Parce qu’un boulanger (malheureusement peut-être !) ne rêve pas ! Il souhaite entendre un message clair de ma part ( « Je désire un pain »), car son unique but est de vendre du pain !

    • Par contre, dans un texte artistique de nombreuses combinaisons de mots sont possibles (c’est d’ailleurs la combinaison plus ou moins originale des mots qui crée un rapport sémantique plus ou moins original)


    En résumé :




    3) Le langage poétique peut offrir une multiplicité de sens

    Le langage poétique peut offrir une multiplicité de sens. Ces sens ont été placés volontairement ou non par l’auteur du poème. Le lecteur est libre, quant à lui, d’y ajouter ses propres sens en fonction de sa culture environnante.
    Le langage de la prose n’offre souvent qu’un seul sens (puisque souvent son but est de transmettre un message clair pour tout le monde).


    4) Le langage avant le sens

    Le langage poétique a ses caractéristiques propres (rythme, rimes facultatives, jeu sur les sonorités et les répétitions, métaphores...). Puisqu’il est différent du langage de la prose, il convient d’abord de se pencher sur les caractéristiques du langage poétique : il faut d’abord étudier son langage (ensuite montrer les sens produits par ce langage).

    L’erreur serait en face d’un poème de se poser en premier lieu la question suivante : « Qu’est-ce que le poète a voulu dire, quelles sont les idées exprimées dans ce poème ? »
    Il est donc nécessaire d’analyser au préalable le langage du poète. En effet, le poète se sert avant tout des mots ou est dominé par le langage qui le manipule consciemment ou inconsciemment (par exemple, un mot peut le pousser à écrire un mot auquel il ne pensait pas !). Il crée donc un langage nouveau ou il est créé par le langage. Et ce langage produit des sens.


    5) Une combinaison originale des mots

    C’est la combinaison originale des mots qui crée « la valeur » d’un texte (les clichés sont donc à éviter !)

    Exemples :

    a) Exemple n° 1 : « Vois-tu cette belle jeune fille aux yeux bleus et aux cheveux blonds couchée sur le sable doré ? »

    Lorsque je donne cette phrase en classe à des étudiants qui n’ont jamais suivi un cours sur la poésie, la majorité d’entre eux estime que cette phrase relève de la poésie ! Pourtant, lorsque nous l’ observons attentivement, nous pouvons remarquer qu’elle contient de nombreux clichés. C’est d’ailleurs l’occasion de définir avec eux le cliché (que l’on appelle aussi le lieu commun ou le stéréotype ou le poncif) qui offre une idée que l’on a déjà tellement vue, lue ou entendue qu’elle n’est plus originale ! Pour en revenir à la phrase de départ, nous remarquons les clichés suivants :


    Belle fille

    Pourquoi toutes les filles devraient-elles être belles ? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’une belle fille ? En outre, des filles considérées comme étant moins belles n’ont-elles pas parfois davantage de charme ?


    Jeune fille

    Les filles sont toujours représentées comme étant jeunes ! Avez-vous déjà vu des publicités montrant des femmes âgées ? C’est plutôt rare !


    Les yeux bleus

    Voilà encore un cliché ! Le bleu des yeux représente le sommet de l’esthétique pour de nombreuses personnes, et en particulier pour les jeunes !


    Les cheveux blonds

    Les publicités montrant des femmes aux cheveux blonds sont fréquentes et ce malgré les blagues qui circulent à leur propos !


    Femme couchée

    Un certain érotisme exploité encore une fois dans de nombreuses publicités !
    La femme couchée symbolise l’attente du mâle, le désir, la sensualité...


    Le sable doré

    Voilà le cliché de la carte postale !


    b) Exemple n° 2

    • Voici une phrase que j’écris au tableau : « Ton corps avec ses quatre membres me fait penser à un arbre. Tes doigts ressemblent à du blé qui me caresse. Ce soir nos regards sont chauds et révèlent notre désir l’un de l’autre. »

    À nouveau, je demande aux étudiants si cette phrase appartient à la poésie ou à la prose. De nombreux étudiants me signalent que cette phrase relève de la poésie alors qu’il n’en est rien ! Pourquoi ? Un langage assez lourd et explicatif. En outre les métaphores originales sont absentes :

    • Ensuite j’écris la transformation de cette phrase en poésie :




    c) Exemple n° 3

    Pour ce dernier exemple, je note au tableau et face à face les deux textes suivants.
    À gauche, le texte en prose. À droite sa transformation en poème. On remarquera, dans le deuxième texte, le travail opéré sur le plan du langage (nombreuses métaphores, le champ lexical de la plage, une partie du corps décrite dans chaque vers impair, une allusion à la deuxième personne dans chaque vers pair, un complément de lieu dans chaque vers impair...).




    6) La liberté

    La poésie est le règne de la liberté ! Mais il ne s’agit pas d’une liberté anarchique.
    On peut tout écrire en poésie à la condition de savoir pourquoi l’on écrit de telle ou telle façon ! Cette idée de liberté va à l’encontre des idées préconçues sur la poésie. Nous savons en effet que les poètes ont souvent voulu s’astreindre à des règles strictes et les étudiants s’imaginent que la poésie est un lieu de contraintes strictes ! Je leur explique que la poésie a la liberté ou non de suivre certaines règles et qu’un poème n’est pas moins beau parce qu’il obéit ou non à ces règles ! Pensons aux poètes du XVIe siècle (poésie avec contraintes) ou du XXe siècle (nombreuses poésies libres) qui ont écrit des oeuvres remarquables !


    7) L’importance du travail

    Pour conclure cette petite introduction aux différences entre la prose et la poésie, j’insiste sur l’importance du travail dans le domaine poétique. La poésie est souvent le résultat d’un long travail ! À tel point qu’un poème écrit il y a un mois peut être jugé mauvais par son auteur après nouvelle lecture. Bien entendu, dans plusieurs cas, l’inspiration peut être souhaitable, mais celle-ci n’est pas la condition nécessaire à la création d’un beau texte !








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