• L'examen oral

    Tout étudiant sera confronté un jour ou l'autre à cette épreuve qui demande une certaine préparation ! Voici quelques conseils pratiques.


    1) Avant l'examen oral


    Ne pas oublier de prendre le jour de l’examen le matériel exigé par votre professeur (livres divers, feuilles spécifiques...).

    Pendant la préparation, ne pas noter par écrit toutes les réponses détaillées à chaque question. C'est d'ailleurs impossible, car un temps de préparation bien défini et relativement court vous est imparti. Indiquer plutôt un plan de réponse ou quelques mots qui vous rappellent les idées à ne pas omettre. Si vous avez un temps de préparation suffisamment long, vous pourrez compléter votre plan ultérieurement.

    Il est préférable d'avoir une tenue vestimentaire correcte et classique !

    Il est vivement conseillé, avant l’examen oral, de faire des recherches supplémentaires (livres conseillés par le professeur, bibliothèque, Internet...). Vous aurez ainsi fait preuve d’originalité en montrant, par exemple, que vous pouvez dépasser le cadre du cours. Pourquoi ne pas faire appel à d'autres aspects du cours de français qui seraient en rapport avec la question posée ? La référence à votre culture peut également, dans certains cas, être souhaitable. Bref, impressionnez votre professeur !


    2) Pendant l'examen oral

    Avant de commencer à répondre rappelez la question et répondez-y avec méthode. Si la réponse est longue, vous pouvez annoncer d'une manière brève le plan de votre réponse. Annoncez les différentes questions de votre examen («je passerai maintenant à la question suivante») !

    La rigueur est très importante : répondez avec précision et directement à la question posée. Trop d'étudiants répondent d'une façon vague ou ne répondent pas à la question posée ! D'où l’importance de bien comprendre la question posée.

    Comprenez ce que vous dites ! N’ utilisez donc pas des termes complexes dont vous ne comprenez pas le sens ! La réflexion et la compréhension passent donc avant la restitution !

    Ne pas se contenter de lire sa feuille (dans le cas où une préparation écrite précède l'examen oral) : il est donc indispensable de s'en détacher et de regarder, à certains moments, le professeur. Une gestuelle naturelle au service de la parole est également conseillée.

    Ne noyez donc pas le poisson par un bavardage hors du sujet qui masque souvent le fait que l'on ne connaît pas très bien sa matière.

    Si vous ne connaissez pas la réponse, il est préférable de le dire : le professeur vous mettra peut-être sur la voie...

    Ne jamais demander au professeur si vous avez bien répondu à la question posée !

    Il est indispensable de rester calme et de ne pas être agressif à l'égard du professeur !

    Par contre, pour défendre sa réponse, une certaine énergie est conseillée ! Répondez à chaque question avec force et conviction. Et si votre professeur vous demande votre point de vue, n’ayez pas peur de le défendre avec une certaine combativité !

    Il est important d’être sûr de soi et en même temps d’ avouer et de reconnaître que l'on s'est peut-être trompé.

    La confiance en soi est primordiale : celle-ci sera souvent acquise si la matière est comprise et assimilée.

    Dans le cas où le professeur vous le permet, répondez à toutes les questions sans demander après chaque réponse si vous pouvez passer à la question suivante.

    Ne pas hésiter de demander au professeur un petit temps de réflexion supplémentaire si nécessaire.

    Si le professeur tente de vous remettre sur la voie, ne pas le laisser
    achever : reprendre la parole dès que les souvenirs reviennent.

    Parlez correctement , à voix forte et en ne mâchant pas vos mots !

    N’utilisez surtout pas de termes familiers !

    Et n’oubliez pas de sourire de temps à autre !








  • Vous trouverez dans cet article un discours que l’Académie française m’a aimablement autorisé à reproduire. Ce discours de Madame Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française a été prononcé à Paris le 5 décembre 2002. Il a pour titre «Au secours du français» et met l’accent sur la nécessité du maintien d’une langue française correcte.
    On ne peut que s’incliner face à l’intelligence du propos qui n’hésite pas à pointer du doigt certaines instances jugées responsables de la dégradation de la langue française (les médias, certains réformateurs pédagogiques, la publicité...).
    Ce texte, intéressant à plus d’un titre, mérite d’être analysé en classe par les étudiants de dernière année.
    Il offre, tout d’abord, une langue remarquable qui peut être observée sur le plan stylistique.
    En outre, sa belle organisation logique permet d’y déceler sa structure particulière que l’on pourra comparer à celle d’autres discours modernes ou plus anciens.
    Enfin, il est tout à fait possible d’y décoder une idéologie, au ton parfois polémique, qui risque de susciter des réactions fort diverses.



    1) Deux réactions à ce discours


    • Olivier Moch, ancien journaliste, a créé un site que je vous conseille vraiment de découvrir : un site au ton original qui allie une réflexion personnelle et une qualité d’écriture évidente. Voici ce qu’il écrit à propos de ce discours :

        « Ce texte est superbement rédigé, mais en plus il met le doigt sur un problème fondamental. Je le dis et le répète, le bon maniement de sa langue maternelle est capital pour une insertion valable et valorisante dans la société. N'en déplaise aux amants du langage SMS et aux pourfendeurs de la bonne orthographe, une carence en ce domaine est synonyme de handicap profond dans la vie !
         Je partage entièrement le point de vue de Madame Carrère d'Encausse lorsqu'elle avance que la langue française doit être une cause nationale et ce dans l'entièreté des pays de la Francophonie ! »


    Le site Acta Diurna


    • Voici une réaction de Cédric Gadrel dont le site Entrez libre ouvre la voie à la discussion libre tout en affirmant un refus de tous les extrémismes qu’ils soient de droite ou de gauche :

        « On pourrait croire que l'Académie française ne sert à rien, qu'elle est un repaire de vieux gâteux discourant du vocabulaire médical du XVIIIème sièce ; que nenni ! Voici le discours d'Hélène Carrère d'Encausse, Secrétaire perpétuel de l'Académie, prononcé en séance publique le jeudi 5 décembre 2002. Elle y parle de l'influence des médias, des politiques et de l'idéologie sur notre vocabulaire, avec la tentation toujours répétée de diriger la pensée en manipulant les mots, comparaisons avec 1984 d'Orwell à l'appui. Très bon ! »


    Le site Entrez libres


    2) Le discours

        Mesdames,
        Messieurs de l’Académie,

         Le IXe Sommet de la Francophonie, réuni cette année à Beyrouth, vient d’achever ses travaux. Le succès de cette réunion ne saurait être mis en doute. Cinquante-cinq pays membres, neuf pays candidats se réclamant d’un amour commun de la langue française, les défenseurs du français ont-ils quelque raison de se plaindre ? Les statistiques nous apprennent que près de trois cents millions d’hommes sont, pour employer un mot affreux, des locuteurs français. En citant ces chiffres, en évoquant la cohorte des états membres de la francophonie, de ses locuteurs, je ne puis échapper au doute. De quoi parlons-nous ici ? Des déclarations officielles sur la langue française ? Ou de son évolution réelle ? Notre langue est réputée pour sa clarté, pour la précision de son vocabulaire, pour la richesse de ses verbes et de leur construction, pour la force de sa syntaxe. C’est pour cela que toute l’Europe se l’est approprié il y a trois siècles. Elle s’en servit pour débattre de l’équilibre du continent, et le français devint la langue de la diplomatie ; pour diffuser les idées, et quelles œuvres ne furent écrites ou traduites en français ? Pour converser enfin, et l’art de la conversation ne pouvait alors de Berlin à Amsterdam ou Petersbourg exister autrement qu’en français. En 1762, les académiciens faisant hommage de la quatrième édition du Dictionnaire à leur protecteur, le roi Louis XV, commençaient ainsi leur épître : « Le Dictionnaire de l’Académie française dans lequel on avait d’abord eu pour objet que d’être utile à la Nation, est devenu un livre pour l’Europe. La Politique et le Commerce ont rendu notre langue presque aussi nécessaire aux Étrangers que leur langue naturelle. » N’est-ce pas là une anticipation du discours de Rivarol sur l’universalité de la langue française ? Mais est-ce bien cette langue dont se réclament aujourd’hui les locuteurs si minutieusement recensés ? Permettez-moi de répondre à la question en citant un romancier ivoirien, Hamadou Kourouma. Nous nous sommes rencontrés l’hiver dernier à Bruxelles lors d’un colloque consacré, justement, à la francophonie. Comme j’évoquais les succès du monde francophone, mon interlocuteur explosa : « Vous autres Français, dit-il, vous passez votre temps à accuser l’anglais de réduire la place de votre langue dans le monde et à comptabiliser les pays qui adhèrent à une organisation plus préoccupée, au demeurant, de politique que de langue. Mais laissez-moi vous demander, qu’avez-vous fait du français ? Que nous proposez-vous, à nous qui, en Afrique, veillions jalousement sur le français, sinon une langue défigurée, abâtardie, que vous ne savez plus ni parler ni écrire correctement ? »

         Ce propos si violent, permettez-moi de le soumettre devant vous à examen.

         Est-ce vraiment l’invasion du français par des mots ou des tournures anglaises qui l’a défiguré ? Sans doute manquons-nous de vigilance lorsque nous constatons que des anglicismes chassent des mots français parfaitement constitués. Qui sait encore parmi ceux qui dans les médias débattent à l’infini des opportunités de toutes sortes, que depuis le XIIe siècle, le vieux mot français occasion a servi à rendre compte de la même réalité. Imagine-t-on Corneille écrivant « et bien l’opportunité elle fait le menteur ainsi que le larron » ? Ses contemporains n’y auraient rien compris. Il en va de même du verbe initier constamment utilisé, et nul ne sait plus que l’on initie des élèves au grec, mais que l’on ne saurait initier une réforme. Que dire des salons où l’on présente des vêtements ou des voitures et qui sont appelés show-room ? Des florilèges de succès musicaux baptisés best-off ? Je pourrais multiplier à l’infini de tels exemples, qui sont regrettables certes, mais ce n’est pas là le plus grave. Ce qu’il faut déplorer avant tout, c’est que par l’effet de cette substitution de mots anglais aux mots français, ces derniers finissent par sortir de l’usage.

         Mais l’anglomanie langagière est loin d’être la seule menace pesant sur notre langue, affectée aussi par la volonté de donner un nom, ou plutôt de transformer en concept pour reprendre un mot coupé de son sens véritable, une action ou une idée que le bon français a toujours rendues par une phrase. Qui essaie désormais de résoudre un problème, alors que l’horrible verbe solutionner, issu au départ du langage administratif, évite le recours à une phrase et surtout évite de conjuguer le verbe résoudre qui étant irrégulier est en effet plus difficile à manier ? Et à partir de là, nous avons le solutionnement. Dans la même veine finaliser donne finalisation, et formater emprunté au langage de l’informatique s’est développé en formatage. Savez-vous que des universitaires parlent tranquillement du formatage de leurs programmes ? Toujours issu de la langue des ordinateurs, implémenter nous vaut l’implémentation, chère au monde de la communication. L’affreux positiver, des publicitaires est, on le voit, loin d’être une invention isolée dans la catégorie des ignominies langagières. Ce nominalisme qui gagne chaque jour du terrain a deux explications : la confusion entre l’idée ou l’acte avec le mot, baptisé concept, et le refus de construire une phrase dont les composantes se perdent chaque jour davantage. Les médias qui contribuent sans aucun doute à la formation de la langue parlée ont tendance à ne plus connaître que la phrase sous sa forme la plus dépouillée, débarrassée des mots et des tournures de l’interrogation ou de la négation. « Vous faites quoi demain ? »

         Et que dire du désastre des accords ? Si l’imparfait du subjonctif est devenu pure curiosité, l’accord des participes ne se porte pas mieux, même si le langage parlé dissimule parfois les abîmes d’ignorance du locuteur. Mais combien de ministres défendent-ils sans broncher « les décisions qu’ils ont pris et les réformes qu’ils ont promis » ? Accorder un verbe et son sujet relève aussi du casse-tête. Il y a peu, un commentateur déplorait sur les ondes le sort, je le cite « d’un couple qui ont été menacés ».

         Je reviendrai dans un moment sur les raisons de cette catastrophe grammaticale qui défigure la langue française et la réduit à l’état de squelette où seuls subsistent des mots juxtaposés. Mais auparavant, je voudrais m’arrêter sur un autre phénomène, celui qui relève de la volonté de plier la langue à une vision aimable, pacifiée, sans aspérités du destin de l’homme et de la vie en société. Ce qui est tenu pour inégalitaire ou affligeant est appelé désormais de noms administratifs sans rapport aucun avec le réel. Il en va ainsi de divers métiers jugés peu valorisants. Mais un balayeur manie-t-il moins le balai depuis qu’il est appelé technicien de surface ? En multipliant les mots détachés de la réalité qu’ils sont supposés nommer, c’est une société sans différences de statuts ni d’occupation que l’on prétend installer dans les consciences. On appelle cela le politiquement correct, mais idéologiquement correct serait plus exact. L’idéologie est cause aussi d’une invention langagière désastreuse, la féminisation des titres et fonctions. Depuis peu, nous avons assisté à la prolifération des procureure, professeure, défenseure, recteure, auteure qui détrône apparemment écrivaine, officière de la Légion d’honneur pour ne citer qu’elles. On a justifié cette déformation délibérée des mots par la volonté de faire du vocabulaire ainsi martyrisé l’instrument du changement des mentalités. La parité hommes-femmes s’imposerait aux esprits, donc deviendrait réalité parce que les titres et les fonctions auraient été féminisés. Quelle méconnaissance du rapport entre langue et mentalité. Toute langue a une vie propre, elle évolue spontanément et reflète sans aucun doute, à son rythme, les changements des mentalités. Mais on ne peut manipuler une langue, lui imposer d’autorité, d’en haut des transformations au bénéfice d’un projet politique.

         Pas plus que le volontarisme linguistique ne crée la parité hommes-femmes, il ne peut créer la vertu. La société ne connaît plus aujourd’hui de voyous, ni de délinquants mais seulement des jeunes ou des sauvageons. Et peu importe que les adolescents dans leur grande majorité ne brûlent pas les voitures, ne brutalisent pas leurs professeurs, le mot jeune abusivement employé, confond voyous et adolescents studieux au bénéfice des premiers. Et quant à sauvageon, que dire de ce qualificatif affectueux désignant des hordes incontrôlées qui répandent la terreur autour d’elles. De même la société est supposée ignorer la violence dès lors que les actes violents sont baptisés incivilités. Mais ce mot, si l’on se réfère à Littré signifie « manque de civilité », c'est-à-dire d’égards envers autrui, de politesse, de courtoisie. Agresser son prochain physiquement, incendier un commissariat de police est-ce là la conception moderne du manque de courtoisie ? L’affaiblissement du vocabulaire nourri par le souci idéologique – opposer la bonté naturelle de l’homme à la société injuste qui l’a perverti – traduit en réalité un affaissement de l’esprit critique et du sens moral. C’est ainsi que l’un des mots les moins utilisés de la langue française depuis des décennies pour décrire des comportements délictueux est celui de mal, à croire que le mal n’existe plus, que seul subsiste, non le bien, mais l’harmonie parfaite. Cette vision d’une société paisible, sans conflit est renforcée par la volonté de nier le malheur. À commencer par la mort qui disparaît du vocabulaire au profit du départ et surtout depuis peu du travail de deuil. Les souffrances que la vie inflige aux hommes et de façon certes fort inéquitables sont-elles aussi réduites à peu par un vocabulaire anesthésiant. Qui peut se dire aveugle alors que la nouvelle langue lui offre d’être seulement malvoyant ? La langue française ne connaît plus les nains ni les obèses ; les premiers ont une verticalité contrariée, les seconds « accusent une surcharge pondérale ». Quant aux pauvres ou aux clochards, ils sont devenus des sans domiciles fixes. Certes, le monde est mal fait, nul ne l’ignore, mais à nommer obstinément les réalités désagréables ou tristes de mots qui les atténuent ou les dissimulent, espère-t-on vraiment que les plus défavorisés confondront le mot et leur sort et adhèreront à cette société du consensus qu’on leur propose ? Le mot, consensus, relativement récent – il est apparu au XIXe siècle – résume en définitive toute l’idéologie qui commande l’évolution de la langue française depuis quelques décennies. Rien n’a changé de la vie des hommes, de leurs comportements et de leurs rapports au sein de la société. Ni la souffrance ni la mort ne peuvent être évitées. Ce fut toujours l’honneur des hommes que de regarder la mort en face ; mais le conformisme moral de la fin du XXe siècle à conduit au rejet de ce comportement stoïque. À nommer les moments et les réalités les plus tragiques du destin humain par des mots qui n’en rendaient plus le sens réel, on a cru les supprimer. Quelle illusion !

         La langue est par définition le moyen dont les hommes disposent pour communiquer, reconnaître le monde où ils vivent, en désigner les choses et les idées. Dès lors qu’elle ne remplit plus cette fonction, faut-il s’étonner aussi que ceux qui l’utilisent, les fameux locuteurs, l’aménagent à leur gré, la truffent de mots, de néologismes, voire de simples interjections de leur cru ou empruntés à d’autres langues et tout naturellement à l’anglais ? Faut-il s’étonner que des adolescents peu gâtés par l’existence, incapables d’exprimer leur pensée par les mots appropriés, qu’ils ignorent ou qui ont disparu du vocabulaire, recourent pour se faire comprendre à la violence ? Les coups ne sont-ils pas en l’absence du mot juste, fort utiles pour traduire des sentiments de haine ou de frustration ?

         Le rapport entre les mots et les choses n’est pas au demeurant une question inédite. Platon déjà s’interrogeait : le langage est-il pure convention ou correspond-il à la nature des choses ? Pendant des siècles, la tradition linguistique en Occident suivit la tradition gréco-latine et l’art de bien dire mit en avant des normes universelles de la parole. Mais, oublieux de la tradition, nous avons séparé le mot et le sens.

         Parfois, à observer le sort fait à la langue française en France, on ne peut s’empêcher d’évoquer Orwell. L’un de ses héros, compilant la onzième édition du dictionnaire de la novlangue déclare : « Vous croyez que notre travail principal est d’inventer de nouveaux mots. Pas du tout, nous détruisons chaque jour des mots, des vingtaines de mots, des centaines de mots. Nous taillons la langue jusqu’à l’os… Naturellement c’est dans les verbes et dans les adjectifs qu’il y a le plus de déchets, mais il y a aussi des centaines de noms dont on peut se débarrasser. » Et de justifier ces amputations : « Ne voyez-vous pas que le véritable but de la novlangue est de restreindre les limites de la pensée ?… Chaque année il y aura de moins en moins de mots et le champ de la conscience sera de plus en plus réduit. »

         Sans doute ne sommes-nous pas en 1984 et les mauvais traitements infligés à notre langue ne sont-ils pas le fruit d’un complot ou la mise en œuvre d’un projet pervers d’aliénation de la pensée. Mais force est de constater des similitudes entre l’évolution de la novlangue d’Orwell, et celle du français dans notre pays. L’abandon de pans entiers du vocabulaire, les mots détachés de leur sens, leur sont communs. Le romancier africain a raison qui affirme que la langue française telle qu’elle évolue en France, et celle que ses compatriotes s’efforcent de préserver, risquent de s’éloigner toujours plus l’une de l’autre. Comment expliquer ce phénomène ? Les médias, la publicité portent à cet égard une responsabilité écrasante. Mais aussi, et avant tout peut-être faut-il prendre en compte les faiblesses que connaît depuis une trentaine d’années l’enseignement du français. Avant de les examiner, laissez-moi dire clairement que je n’incrimine pas les professeurs chargés de l’enseigner. La France peut être fière d’un corps enseignant de très haut niveau, compétent, dévoué, mais désespéré, car il est victime des aberrations de théoriciens de l’éducation, qui ont pu, sans rencontrer la moindre opposition des politiques, mettre en œuvre des principes destructeurs. Leur idéologie, car c’est bien d’idéologie encore qu’il est question est fondée sur trois principes : l’égalité qui présume que tous les individus sont également doués pour tout, et que l’enseignement doit s’adapter de la même manière à tous. Il n’a donc plus pour fonction de tirer les élèves vers le haut – cela conduirait à une abomination : l’élitisme –, mais doit au contraire veiller à ce que tous se fondent dans une masse indifférenciée. Le deuxième principe est que l’enseignement n’a pas pour finalité la transmission du savoir, mais qu’il doit encourager l’invention spontanée, la découverte par les élèves de ce qui pourrait éventuellement leur être enseigné. Au nom de cette révérence pour le génie naturel des élèves, pour leur spontanéité, le système éducatif ne veut plus connaître ni maître ni élève. Il les a remplacés par un apprenant, auteur de ses propres découvertes qui va spontanément inventer et s’approprier le savoir. En face de lui, l’élément combien secondaire de cette conception didactique, celui qui naguère transmettait le savoir, le professeur, n’est plus désormais qu’un médiateur, un témoin du progrès intellectuel, appelé d’ailleurs parcours de l’apprenant. Cette conception s’est développée au nom de la modernité, de l’opposition entre un passé supposé abominable honorant celui qui savait, le maître, et un nouveau monde où l’apprenant est devenu l’élève-roi, libéré d’un père castrateur. Pour le maître d’hier la transmission du savoir n’était-elle pas en effet l’instrument d’un pouvoir dominateur ? Dans cette vision folle de l’éducation, inventée par de tristes Charlatans, l’ex-professeur, n’est pas seul à avoir perdu son statut, le savoir subit le même sort. C’est là le troisième principe, la relativité de tout savoir. L’héritage culturel que l’éducation avait pour fin de transmettre n’a de valeur que s'il est jugé utile ; si son contenu social est acceptable, donc s’il sert l’égalitarisme ; enfin s'il est conforme au « sens de l’histoire ».

         La première victime de ces idées fumeuses est naturellement la langue française. Elle a été privée de l’appui des langues anciennes, inutiles cela va de soi, qui sont pourtant indispensables pour comprendre ses origines, son évolution et qui éclairent une grande part de notre patrimoine littéraire. Elle souffre aussi de s’être vue appliquer un autre postulat : sa richesse, affirment les rénovateurs de la pédagogie, est fonction avant tout de son ouverture, de sa perméabilité aux langues étrangères et à toutes les manifestations langagières à quelque niveau qu’elles se situent. En fonction de cela, le français ne doit-il pas être appris avant tout dans ses variantes contemporaines – la presse et tous les médias, dans la rue, dans les banlieues plutôt que chez les grands auteurs ? Le bon usage, c’est désormais l’usage tout court, et de préférence un usage qui ne soit pas soumis à des normes patrimoniales. Un prospectus publicitaire, une émission de Skyrock sont censés refléter le français d’aujourd’hui infiniment mieux et de façon plus utile qu’une page de Racine, de Voltaire ou de Chateaubriand. Les auteurs de notre patrimoine littéraire ont aux yeux des fabricants de programmes plusieurs tares. Leur langue serait par trop éloignée de celle que la jeunesse est habituée à entendre. Le contenu de leurs œuvres ne correspond guère aux idéaux de notre temps. Molière est-il un chantre du multiculturalisme ? De la lutte contre le sida ? Ou du combat pour les sans-papiers ? Certes non. Alors pourquoi s’en encombrer ? Pourquoi ne pas lui préférer une page de journal consacrée à ces sujets ? Du moins, pourquoi ne pas accorder une égale valeur aux deux, à Molière et au journal ? De cela il faut conclure que la littérature ne doit pas avoir de position privilégiée dans l’enseignement des Lettres, pas plus et je cite « que l’enseignement de la langue ne doit être un préalable à celui des œuvres. » Alors comment doit-on étudier le français ? Certainement pas en apprenant à lire ni en maîtrisant l’orthographe. Les statistiques sont atterrantes, on le sait : près de 30 % des enfants quittant l’école primaire ne savent pas lire couramment, et ne comprennent pas toujours le sens de ce qu’ils lisent, les fautes d’orthographe ne sont pratiquement plus pénalisées. Mais surtout on a suggéré de simplifier le patrimoine littéraire pour le rendre accessible aux élèves. Ainsi ont surgi des propositions stupéfiantes : faire réécrire aux élèves des passages de Proust en éliminant les propositions subordonnées. Ou encore rédiger une page de la Princesse de Clèves dans le style du journalisme people. L’application du langage journalistique, quand ce n’est un langage publicitaire, aux œuvres littéraires est censée réduire la distance entre l’élève et un patrimoine jugé mort et sans utilité. La lecture de Proust peut-elle servir à décrocher un emploi dans l’informatique ou dans le commerce international ? Telle est la question chère aux réformateurs. En dernier ressort, ce qui est à l’œuvre depuis plus de trois décennies dans l’enseignement de la langue et de la littérature française, c’est la volonté d’ignorer un patrimoine que l’école avait toujours excellé à transmettre. Une fois encore, répétons-le, cette aberration n’est pas le fruit de quelque obscur complot. Elle résulte simplement de l’idée fort en vogue à la fin des années 60 dans les élites que l’héritage du passé, le patrimoine culturel étaient des éléments d’oppression sociale. N’a-t-on pas dit que le modèle de l’école était la prison ? Pour libérer l’adolescent ne convenait-il pas de rejeter le savoir transmis dans ces écoles, et en premier lieu la langue puisqu’elle était l’instrument de l’oppression ? Pour la première fois dans l’histoire d’un pays de haute civilisation, l’utopie de la révolution culturelle qui prétend faire table rase de l’héritage du passé – la langue et les œuvres littéraires avant tout qui confèrent à une société son identité et sa cohésion – a triomphé. Cette utopie a fait long feu certes, mais les élites, celles qui détiennent les leviers du pouvoir politique, économique ou encore de la communication n’ont pas su, par snobisme peut-être, par souci d’être dans le mouvement, de paraître « jeunes » lui tourner le dos. Ce sont elles qui ont maintenu l’esprit « anti-patrimonial », qui a dégradé le français à l’école, dans les médias, dans la vie publique et économique.

         Cette politique d’abandon culturel, de mépris pour la langue s’oppose pourtant et de manière impressionnante à l’attachement de la société, de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la France d’en bas, pour sa langue, pour le Patrimoine que nos Trissotin se sont obstinés à piétiner. Si la langue française continue à vivre, à séduire le monde, c’est à cette France profonde qu’elle le doit, et au patrimoine littéraire auquel les français restent si attachés.

         Peut-on ignorer que des centaines de milliers de nos compatriotes, de tous âges, de tous niveaux d’éducation consacrent leurs loisirs à étudier avec passion grammaires et dictionnaires pour participer à la dictée annuelle de Bernard Pivot ? Quel amour de la langue traduit cet effort de chaque instant pour en dominer les difficultés, en déjouer les pièges et faire la preuve qu’il est possible à qui le veut d’écrire un français parfait. Ces français disent leur indignation dans les lettres qu’ils adressent à l’Académie, à la presse, voire aux hommes politiques, sourds pour la plupart à ces doléances. On peut aisément dresser le catalogue des questions soulevées dans ces courriers qui sont autant d’appels à secourir la langue française. Tous dénoncent les fautes grammaticales et de vocabulaire, les prononciations erronées, l’emploi abusif de mots anglais. Tous signalent le non-respect de la loi Toubon dont les exemples les plus scandaleux mais guère isolés sont le recours systématique à l’anglais pour les relations au sein de certaines grandes entreprises françaises, la tenue de colloques, où l’anglais est seule langue de travail. Sans doute dans le monde des sciences dures, l’usage de l’anglais s’est-il imposé au point que les chercheurs sont confrontés à un dilemme angoissant, s’exprimer et publier en anglais seulement, ou renoncer à être compris et entendus à l’échelle internationale. Il ne m’appartient pas de décider s’il s’agit d’une défaite définitive du français ou si la volonté politique pourrait inverser cette tendance. En revanche il est temps encore d’empêcher les sciences humaines, les relations internationales, le monde économique de connaître la même évolution.

         Il me serait agréable d’arrêter là cette énumération des atteintes subies par notre langue depuis quelques décennies. Mais je dois pour finir évoquer une menace d’une tout autre nature et d’une extrême gravité qui pointe à l’horizon. Il s’agit de la disparition du principe fondateur de notre vie culturelle inscrit depuis 1539, dans l’Édit de Villers-Cotterêts qui décréta le français langue de notre pays. Aujourd’hui des voix s’élèvent pour plaider qu’il faut faire place aux côtés du français dans l’enseignement, dans la vie publique aux langues qui étaient depuis le XVIe siècle du ressort de la vie privée. Depuis mars dernier, une instance officielle s’intitule Délégation générale à la langue française et aux langues de France, intitulé qui les place donc en situation d’égalité.

         Comment aussi ne pas être alarmé par la volonté affirmée, louable certes, d’un haut responsable politique d’« assurer sur notre territoire la primauté du français, langue de la République » ? Primauté implique la coexistence du français avec d’autres langues, alors que c’est le principe d’unicité, c'est-à-dire qu’elle était unique, qui depuis cinq siècles a défini son statut. Le péril aujourd’hui est d’autant plus grand que l’évolution probable de l’Europe vers une régionalisation, la décentralisation promise en France que d’aucuns souhaitent voir dépasser le cadre politique et administratif pour englober les langues pourraient conduire à un affaissement de la cohésion et de la conscience nationales. Dans cette évolution déjà engagée et probablement irréversible, c’est la langue commune, la langue française qui seule incarnera et maintiendra l’unité morale et culturelle des Français. Qu’elle soit condamnée à partager ce rôle avec les langues de France, elles sont d’ailleurs légions et notre patrimoine culturel, notre identité voleront en éclats. Ce n’est pas un avenir de science fiction que j’évoque en cet instant, mais des projets précis qui se développent insidieusement dans l’ombre de quelques institutions et chapelles. C’est pourquoi je lance ici un véritable cri d’alarme. N’ignorons pas ce péril, sauvons notre langue quand il en est encore temps, car ce qui est en cause c’est nous tous, notre longue histoire, notre vie commune, notre identité.

         Langue française en péril, et pourtant langue triomphante. La situation de la langue française est très contradictoire. Dans le monde, son prestige est immense et intact. Elle est présente sur tous les continents, et, pour les élites, elle reste la langue privilégiée de la culture. Certes le français est moins parlé que l’anglais si l’on s’en tient au nombre de ceux qui utilisent les deux langues, mais il se trouve juste derrière l’anglais. Sa position de numéro 2 ne saurait être mise en question. Sans doute certaines langues ont-elles de bien plus nombreux locuteurs, le chinois, le hindi, mais au contraire du français elles sont limitées géographiquement et ne peuvent, au moins dans un avenir prévisible, prétendre à un statut de langue internationale. Le français est enseigné hors de France, dans cent dix-huit pays, par des professeurs nombreux, passionnément attachés à transmettre à leurs élèves une langue que n’encombrent ni les anglicismes inutiles, ni les néologismes qui n’ont pas de sens, ni la langue déformée par le souci d’être politiquement correct. Les cours dispensés par les instituts français à l’étranger et par les alliances françaises diffusent une langue vivante mais que les réformes pédagogiques en honneur en France n’ont pas affectées. Le résultat en est que l’on entend à Surabaya, à Varsovie, à Tel-Aviv et dans combien d’autres lieux, un français pur, grammatical, admirablement prononcé. Nous touchons là au grand malentendu de la langue française. Respectée hors des frontières du pays, enseignée parfaitement à des étrangers qui en prennent un soin jaloux, mais traitée avec la plus grande désinvolture dans notre pays. Il existe désormais un écart notable entre plusieurs langues françaises. Celle des médias, du monde économique, de la publicité, de tous les décideurs en somme, celle que l’on enseigne à quelques exceptions près dans les écoles, et une langue soutenue, qui n’est pas seulement la propriété de la société la plus favorisée, mais que l’on retrouve à la campagne et chez un grand nombre de Français attentifs à leur patrimoine. Il est aussi deux langues enseignées, celle qui a été produite par des réformes successives et celle que des professeurs américains, russes, chinois ou arabes inculquent avec amour aux élèves de leur pays.

         Sans doute, depuis quelque temps, une prise de conscience s’est-elle faite en France. Des responsables politiques ont compris qu’il importait de donner un coup de frein à la dégradation de la langue, dans l’enseignement en premier lieu. Mais dans ce domaine, tout se tient. À quoi servirait de restaurer l’orthographe si les enfants qui l’apprennent lisent sur les murs des enseignes qui la défigurent. La volonté politique nécessaire pour reconquérir la langue française dans sa plénitude doit se traduire dans un projet global et non dans des mesures dispersées. Elle doit aussi s’accompagner d’un effort international sérieux. Qui n’a constaté qu’à l’étranger il est souvent difficile de trouver des journaux français. Que les universités étrangères sont bien mieux fournies en périodiques et ouvrages américains ou allemands que français ? Sans doute nos services culturels envoient-ils des spectacles dans les capitales étrangères. Mais est-il bien raisonnable d’accorder tant de place à de charmants spectacles de café-théâtre dont le vocabulaire est souvent le reflet du politiquement correct et compréhensible surtout à Saint-Germain-des-Prés, au détriment d’un répertoire qui de Molière à Victor Hugo ou Montherlant véhicule une langue qui fascine les étrangers. Le rejet du patrimoine littéraire, le souci de le soumettre aux prétendues exigences de la modernité qui ont joué un rôle si néfaste dans l’enseignement français, se retrouvent souvent dans les choix imposés à ceux qui hors de France veulent partager notre culture. Ici encore un certain snobisme a nui à la diffusion de notre langue et de notre littérature. Le prestige du français dans le monde reste grand, mais il faiblira s’il n’est pas l’objet d’une attention continue. Cela suppose une action réfléchie, concertée pour offrir à ceux qui veulent s’approprier notre patrimoine, le meilleur et non le fruit d’expérimentations hasardeuses destinées à satisfaire quelques chapelles. Cela suppose aussi que l’on fasse un effort réel pour accueillir des étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur français. Former les cadres des pays qui ne sont pas toujours attirés par la francophonie est le plus sûr moyen pour consolider la position de la langue française comme langue des élites, ce qu’elle fut longtemps mais ce qui fut parfois oublié. Une politique d’attribution de bourse existe certes, mais comme elle insuffisante, et au demeurant non liée à un projet général de diffusion de la langue dans le monde.

         À l’invention d’un tel dessein, une volonté politique ferme est nécessaire. N’est-il pas temps de faire de la langue française la grande cause nationale de ce début de siècle ?




  • Emilio Danero
    Reformuler la pensée de l’autre, c’est la restituer sans aucune déformation. Afin de bien restituer cette pensée, il est nécessaire, au préalable, de bien l’écouter même si nous ne partageons pas le point de vue de l’autre...


    L’exercice de reformulation est un exercice capital. Il est en effet indispensable de pouvoir restituer la pensée de quelqu’un sans la déformer avant de porter un jugement critique sur son contenu. Exercice difficile, car très souvent nous sommes peu réceptifs à la pensée de l’autre.

    Nous sommes parfois tellement centrés sur nous-mêmes que la pensée de l’autre est mal comprise ou mal entendue. Les gens, très souvent, ne s’écoutent pas, car chacun est plongé dans sa propre pensée.
    La première étape exige donc cette restitution avant de passer à une phase critique.

    Cet exercice peut se réaliser de plusieurs manières différentes :
    • Reformuler, d’une manière détaillée ou synthétisée, des pensées exprimées dans
    un texte.
    • Reformuler des pensées entendues lors d’un exposé ou d’un interview.
    • Reformuler les pensées exprimées en classe par un étudiant.
    • Reformuler un message transmis par le professeur.

    Il est intéressant de demander à la personne dont on reformule le message si elle est satisfaite de la restitution ! Il est clair qu’elle doit reconnaître intégralement son message !


    Exercice 1 : une discussion à deux

    Demander à un étudiant de commencer une discussion sur un sujet libre. À un moment donné, cet étudiant pose une question à son/ sa partenaire qui doit répondre à la question après avoir reformulé la pensée de l’autre.

    Exercice 2: une discussion à plusieurs (un animateur de groupe est ici souhaitable : il veille au respect des consignes).

    Un étudiant entame une discussion (sujet libre), puis pose une question à un membre du groupe. Celui-ci ne répond à la question qu’après avoir reformulé la réflexion du premier étudiant. Ce deuxième étudiant poursuit la discussion, puis posera une question à un autre étudiant qui n’ a pas encore pris la parole et ainsi de suite.

    Exercice 3 : reformulation à partir d’un exposé

    Demander à un étudiant de faire un exposé pendant 15 minutes environ. Toutes les deux minutes le professeur interrompt l’exposé et demande à chaque étudiant de reformuler, d’une manière éventuellement plus condensée, la pensée exprimée pendant ces deux minutes (sans se laisser influencer par les autres étudiants !). Ensuite l’exposé reprend pendant deux minutes. Nouvelle reformulation. L’ exercice continue ainsi jusqu’à la fn de l’exposé.

    Exercice 4 : reformulation à partir d’un exposé avec évaluation faite par l’orateur

    Demander à un étudiant de commencer un petit exposé pendant deux minutes (sujet libre). Ensuite proposer à chaque étudiant de reformuler, d’une manière éventuellement pus condensée, la pensée de l’orateur. Enfin évaluer l’exercice en demandant au premier étudiant s’il est satisfait de cette reformulation.


    Voici quelques critères afin d’évaluer la reformulation (cette évaluation se fait en discutant avec ceux qui ont reformulé les parties de l’exposé et avec l’orateur) :

    •Des éléments ont-ils été oubliés dans les reformulations ?
    •Des éléments nouveaux ont-ils été ajoutés dans les reformulations ?
    •Quelles sont les différences fondamentales entre les diverses reformulations ?
    •Certains passages reformulés sont-ils confus ou témoignent-ils d’un manque de compréhension à l’égard de l’exposé ?
    •Les diverses reformulations font-elles apparaître des prises de position très
    différentes ?
    •L’orateur reconnaît-il ses idées à travers telle ou telle reformulation ?
    •L’orateur a-t-il l’impression d’avoir dit plus ou moins de choses. Lesquelles ?






  • Je vous propose quelques consignes sur l’exposé oral : l’étudiant est souvent confronté à cet exercice au cours de ses études. Cet exposé peut prendre plusieurs formes et peut être évalué sur la base de plusieurs critères.


    PRÉLIMINAIRES

    • L’exposé oral peut varier sur le plan du contenu et sur le plan de la durée.

    • L’étudiant peut être amené à exposer un sujet traditionnel (sujet au choix ou sujet libre), à commenter un livre, un film ou une exposition, à partager une expérience personnelle.

    • La durée de l’exposé peut varier en fonction du nombre d’étudiants par classe (entre trois et dix minutes). Ces contraintes de durée demandent à l’étudiant un effort d’adaptation : il devra particulièrement synthétiser ses idées ou il pourra se permettre de développer davantage certains aspects.

    • L’étudiant pourra se présenter avec le texte de son exposé, avec un plan de l’exposé ou sans aucune note.


    CONSEILS


    1) LA RESPIRATION


    • Une respiration trop rapide crée une certaine anxiété.
    • La plupart des gens respirent par la poitrine. Cette façon de respirer augmente la tension musculaire et la fréquence respiratoire. Elle augmente le stress et bloque la voix. Un moyen de s’entraîner à lutter contre le trac est la pratique régulière de la respiration abdominale. Cette respiration ventrale aide à être moins tendu.

    Exercice
    Fermez votre bouche et inspirez, par le nez, en soulevant la paroi abdominale.
    Ensuite, expirez lentement et régulièrement, la bouche ouverte, en abaissant petit à petit la paroi abdominale jusqu’à ce qu’elle revienne à sa position normale. Lorsque vous serez bien habitué à la respiration ventrale, vous pourrez retenir votre souffle après l’inspiration (inspiration : 2 à 4 secondes ; rétention : 8 à 16 secondes ; expiration : 4 à 8 secondes)


    2) LA VOIX

    a) Le débit

    • Ne pas parler trop vite ou trop lentement. Si vous parlez trop vite, l’auditoire aura l’impression que vous voulez terminer rapidement votre exposé. Il faut d’ailleurs laisser à l’auditoire le temps de digérer ce qui est dit ! Si vous parlez trop lentement, vous crisperez peut-être l’auditoire.
    • Les pauses sont indispensables car elles délimitent les unités d’information.

    b) La modulation

    • Varier le ton de la voix (une diction non modulée est monotone).
    • Une voix naturelle est conseillée !

    c) L’amplitude (ou l’intensité)

    • Parler à voix forte en fonction du volume de l’espace et du nombre des auditeurs.
    • Ne pas confondre l’amplitude de la voix et la hauteur de la voix : une voix aiguë ou grave font partie du registre de la hauteur. Il est important de connaître la hauteur de sa voir afin de mieux la gérer.

    d) L’articulation

    • Elle consiste à bien faire entendre les différents sons sans «mâcher» ses mots.
    • Le travail de l’articulation est axé sur les consonnes.
    • L’exercice du crayon peut vous aider à mieux articuler (prendre un crayon octogonal et le placer dans la bouche, serré entre les dents, perpendiculairement à soi et pointé un peu vers le haut).


    3) LE CORPS

    a) Les gestes

    • Il faut savoir que les gestes sont très explicites et qu’il est important de donner un sens à son geste ( les gestes peuvent être utilisés pour appuyer son propos). Les gestes doivent aider à la compréhension de l’exposé.
    • Aucun geste n’est interdit du moment que la gestuelle soit mise au service de la parole.
    • Il est cependant conseillé de ne pas mettre ses mains dans les poches ou la main devant la bouche.
    • Il faut à la fois éviter une gesticulation trop importante et un comportement statique (il est donc préférable de se déplacer de temps à autre et sans gesticuler plutôt que de rester continuellement rivé à son bureau).
    • Un certain dynamisme est conseillé !

    b) Le visage expressif et parfois souriant est préférable à un visage neutre !

    c) Le regard

    • Apprendre à regarder chaque membre de l’auditoire.
    • Évitez le regard fuyant et sans expression.
    • Évitez le regard fixé sur une seule personne ou une partie de l’auditoire!
    • Ne pas baisser les yeux, regarder le plafond ou la fenêtre !
    • Ne pas parler en ne regardant que les étudiants de la première rangée.
    • Donnez l’impression que vous parlez pour chaque personne en particulier (votre regard doit donc passer de l’une à l’autre personne) : certains praticiens du langage conseillent, pour le regard, un circuit hélicoïdal.

    d) Le vêtement

    • Tout élément vestimentaire a une signification.
    • Un étudiant doit savoir qu’il suscitera des réactions diverses selon qu’il portera un vêtement excentrique ou un costume avec cravate !
    • Un vêtement correct est conseillé : une manière de respecter votre auditoire.

    4) LA LANGUE

    • Une syntaxe et un style corrects.
    • Un niveau de la langue courant (un registre plus technique peut être utilisé en fonction du sujet suivi).
    • Un vocabulaire adéquat : il convient, en outre, d’expliquer les mots plus difficiles (le vocabulaire doit, en effet, être adapté à l’auditoire).
    • Ne pas répéter les mêmes mots ou expressions (exemple : «et alors...»).


    5) LA STRUCTURE

    • Annoncez les différentes parties de votre exposé (une introduction et une conclusion sont souhaitables).
    • Utilisez parfois des liens logiques de transition (ceux-ci sont néanmoins moins nombreux qu’à l’écrit).


    6) LE CONTENU

    a) Le sujet

    • Tout sujet peut être en soi intéressant, mais c’est surtout la manière de le présenter qui doit être originale.
    • Prenez garde à ne pas présenter des banalités. Recherchez plutôt à présenter ce qui est peu connu ou ce qui étonne : c'est le meilleur moyen d'attirer l'attention de votre auditoire.
    • Évitez néanmoins les sujets passe-partout (exemple : le football chez les étudiants passionnés par ce sport !).
    • Essayez de faire un exposé intéressant et vivant : faire appel à des faits d’actualité, utiliser des comparaisons, pratiquer l’humour, recourir à des exemples...

    b) L’argumentation

    • Il convient de bien argumenter ses idées.
    • Les informations doivent être exactes (il est donc indispensable de bien se documenter au préalable) : cette observation n’est pas valable pour un exposé qui présenterait un ton plus personnel.

    c) Le support

    • Un support visuel peut être utilisé (tableau, affiche). Mais prévoyez de ne pas tourner trop longtemps le dos à votre auditoire.
    • Si vous désirez faire circuler des photographies ou des objets parmi votre auditoire, il est souvent préférable de le faire après votre exposé (dans le cas contraire l’attention de l’auditoire sera moins soutenue).


    7) LES NOTES

    • Ne pas se plonger continuellement dans ses notes (il est préférable d’avoir un plan de l’exposé).
    • Ne pas réciter ses notes par coeur !
    • Soulignez éventuellement les parties importantes dans différentes couleurs. Le but est de vous permettre de trouver très rapidement le mot ou la phrase que vous risquez d'oublier.


    8) LA DURÉE

    Respectez la durée qui vous est proposée. Si l’exposé est trop long, vous serez probablement interrompu. Si l’exposé est trop rapide, vous risquez de décevoir l’auditoire et votre professeur.











  • L’exercice que je vous propose est très intéressant, car il met en jeu plusieurs aspects de la communication verbale et non verbale. L’exercice consiste à faire reconstituer par un partenaire une lettre (qu’il ne connaît pas) à partir d’éléments découpés.

    Consignes
    pour une classe de 24 étudiants
    (lettre E)


    1) Reproduire la lettre E (15 centimètres de hauteur environ sur 10 centimètres de large environ) et dessiner 12 figures géométriques dans cette lettre (les figures seront numérotées de 1 à 12 : carré, triangles divers, rectangle, trapèze...).

    2) Photocopier plusieurs exemplaires de la lettre en fonction du nombre de participants à l’exercice (24 lettres E par exemple pour une classe de 24 étudiants).

    3) Découper 12 lettres E en douze figures géométriques (faire le même découpage avec les 12 lettres photocopiées). Les 12 autres lettres E ne sont donc pas découpées.

    4) Placer les douze figures géomériques de chaque lettre dans une enveloppe afin de ne pas les égarer (12 enveloppes dans le cas qui nous occupe).

    5) Partager la classe en groupes de deux étudiants. Chaque membre du groupe se placera en face de son partenaire.

    6) Un des membres de l’équipe (qui possède une lettre non découpée avec les douzes figures numérotées de 1 à 12) demandera à son partenaire de reconstituer la lettre E (ce partenaire, qui a reçu une enveloppe, prendra dans
    celle-ci les 12 figures géométriques découpées et non numérotées attaché-case, classeur...) entre les deux membres de l’équipe afin que le partenaire chargé de reconstituer la lettre E ne voit jamais la lettre E dans sa totalité.

    7) Le membre chargé de faire reconstituer la lettre peut utiliser :

    - la communication verbale : «tu prends le triangle isocèle que tu places dans le bas, la base de ce triangle doit être parallèle à ...
    - la communication gestuelle sans jamais reproduire gestuellement la lettre E.

    Le membre chargé de reconstituer la lettre peut utiliser les mêmes moyens.

    8) L’exercice n’est pas facile, puisque les deux membres sont placés l’un en face de l’autre : l’organisation spatiale est donc différente pour chacun d’eux ! Cette difficulté, parmi d’autres, créera sans doute une certaine tension que chaque membre de l’équipe devra gérer pour le bien de son partenaire.

    9) L’équipe gagnante est celle dont le membre chargé de reconstituer la lettre E a été le plus rapide (il faut savoir que si ce dernier a été rapide pour reconstituer la lettre E, c’est sans doute grâce à son calme personnel et aux explications plus claires de son partenaire). Bien entendu les autres équipes doivent continuer l’exercice tant que la lettre E n’est pas reconstituée dans chaque équipe : on peut ainsi classer les équipes en fonction de la rapidité à
    reconstituer la lettre.

    10) Si le groupe comprend 24 élèves, on peut également créer : 8 équipes de deux étudiants et 8
    observateurs. Un observateur peut, en fonction du nombre des étudiants dans une classe, observer deux équipes.
    Le rôle de ces observateurs ne sera expliqué qu’à ces derniers. Chaque observateur observe une équipe : son rôle n’est pas de porter un jugement de valeur sur les personnes (il doit rester neutre et ne peut jamais intervenir), mais
    d’observer et de noter par écrit plusieurs aspects :

    - Quel est le type de langage le plus souvent utilisé par chaque membre de l’équipe ?
    - Une tension est-elle présente à un certain moment et pourquoi (un membre s’énerve-t-il rapidement par exemple) ?
    - Qui, dans l’équipe, s’est montré le plus patient à travers l’exercice ?
    - L’exercice s’est-il réalisé dans le calme ?

    11) Après l’exercice, chaque observateur peut dire ce qu’il a noté et chaque membre des différentes équipes peut partager la façon dont il a vécu l’exercice (les difficultés rencontrées...).





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